Homélie du 11e dimanche du Temps Ordinaire

16 juin 2015

« Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. »

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Texte de l’homélie :

Frères et sœurs,

Les auditeurs de Jésus, la foule, les disciples, sont choqués parce que Jésus leur parle du Royaume de Dieu. Habitués par les psaumes, et par nos désirs de réussite, on a à l’idée que Dieu règne sur la Terre, qu’Il gouverne le monde avec justice, et ça passe à travers le royaume de cette Terre, le rétablissement de l’ordre politique et d’une société prospère.
Or les débuts de Jésus sont petits, Il prêche la Parole, les foules le suivent en Galilée, Il va aussi monter à Jérusalem… mais est-ce cela le Royaume de Dieu ?

Les Israélites, au temps d’Ézéchiel, sont bien plus choqués, et après le grand choc, ils sont découragés. Ils étaient la nation qui devait inaugurer le Royaume de Dieu, qui devait en être l’instrument pour la Terre où toutes les nations, comme les oiseaux autour d’un grand arbre, viendraient pour vivre.
Et ce grand arbre est sec, il est cassé, il est envoyé en exil, et tout ce qui faisait la gloire d’Israël a été piétiné, anéanti. Alors le prophète Ézéchiel, aussi, comme Jésus, devant cet apparent échec, cet apparent silence de Dieu sur le monde va parler par images, par paraboles.

Avec Ézéchiel le Peuple est en exil, il a dû partir de l’autre côté du désert, il est en Irak, à Babylone, et le prophète parle d’un grand arbre dont on a pris une jeune pousse, et cette jeune pousse, on va la replanter et elle deviendra à son tour un grand arbre. Voilà l’annonce que fait Ézéchiel pour donner l’espérance à son Peuple.
Et c’est, de fait, après le retour d’exil, ce qui va se passer, non pas de la même manière, mais avec une vitalité de vie religieuse, de vie prophétique, où vraiment Dieu parle au cœur des hommes.

Jésus parle par cette parabole, et il va se demander « à quoi je vais comparer le Royaume de Dieu ? ». Les paraboles servent à parler du Royaume de Dieu, c’est-à-dire de la manière dont Dieu nous dirige, nous gouverne, et gouverne le monde. Il ne va pas gouverner comme nous le rêverions tous, ce n’est pas « je veux et Dieu fait », un peu façon Mary Poppins. Non. Dieu nous donne sa Parole.
Et par sa Parole qu’Il nous envoie par son Fils bien aimé, Il rencontre le cœur de l’Homme et Il va travailler ce cœur de l’homme. Les paraboles d’aujourd’hui parlent de l’homme qui jette la semence, c’est la Parole qui est donnée, et puis de la moisson, et entre deux, c’est l’apparent silence…
Mais il y a une puissance énorme dans la force de la graine et de la terre. Et cette rencontre de la graine et de la terre vont faire germer. Et on ne sait pas trop comment.
Alors c’est une vision un peu naïve, la vision des spécialistes, ou de l’agriculteur qui doit prendre soin du terrain, mais elle est là pour nous montrer que le Seigneur, qui par sa Parole, rencontre notre cœur et par là nous donne la grâce de Dieu : l’aide de Dieu est là, le don de Dieu à travers nos chemins nous accompagne.

Alors, bien sûr, Jésus parle en paraboles, parce que les gens sont choqués à cette nouvelle : ce n’est pas ce qu’on attendait, ce n’est pas ce qu’on désirait, ce n’est pas « comme dans les films »…
Mais c’est profondément l’action de Dieu, c’est le règne de Dieu qui vient grandir dans nos cœurs. Et nous sommes appelés à faire cette confiance. A prendre la parole.
Bien sûr, la première parabole du chapitre, celui de la bonne terre, nous dit que nous sommes appelés à veiller sur notre cœur.
Et pour reprendre ce que dit Saint Paul : qu’importe finalement que je sois déjà au Ciel, que je sois sur la Terre, que ce soit facile, que ce soit difficile, du moment que j’apprenne à plaire au Seigneur. Du moment que j’apprenne à être là où il veut.
Il me faut savoir m’ouvrir à cette Parole.

A la fin du passage que nous venons de lire, Jésus parlait par Paraboles dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. Car nous comprenons à la mesure de l’écoute de notre cœur. Et si nous voulons être disciples du Seigneur, et si nous voulons grandir dans la foi, nous devons apprendre à écouter le Seigneur, à L’écouter à l’intérieur de notre vie, à laisser raisonner cette Parole, à entrer, à pratiquer et mettre en œuvre cette Parole.
Car écouter la Parole, ce n’est pas comme écouter la radio. C’est apprendre cette force ‘’transformante’’, comprendre cette confiance, cet amour que le Seigneur a pour les pêcheurs, pour les blessés, pour les pauvres.
Et Jésus vient les relever, Il vient les accompagner, et il vient nous donner cette confiance et creuser en nous cette capacité de l’entendre. Alors le Royaume de Dieu lève dans nos cœurs.
Dans Isaïe, vous avez la même image au chapitre 55, passage qu’on lit la nuit de Pâques : La rosée qui tombe sur la Terre ne remonte pas au Ciel sans avoir produit du fruit sur la Terre. C’est la même chose dans le Livre des Actes des Apôtres.
La lecture de la Parole se communique, se répand et libère les cœurs.

Demandons la grâce d’accueillir, d’écouter cette Parole, de ne pas rester choqué, parce que souvent les uns ou les autres restent sur le chemin, parce que c’est difficile dans notre monde, parce que si on se dit chrétien à l’école, au travail ou ailleurs, ce n’est pas à la mode, ce n’est pas bien vu, on nous dit que c’est vieux jeu. Vieux jeu peut-être si nous ne sommes pas une terre qui accueille ?
Le Seigneur a semé la semence. Faisons confiance. Et ayons un cœur qui cherche, un cœur qui écoute, un cœur qui met en pratique la Parole du Seigneur, et nous verrons comment sa Parole est vérité et miséricorde qui nous rend libres.

Amen.


Référence des lectures du jour :

  • Livre d’Ézéchiel 17,22-24.
  • Psaume 92(91),2-3.13-14.15-16.
  • Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 5,6-10.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 4,26-34 :

En ce temps-là, parlant à la foule, Jésus disait :
— « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment.
D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi.
Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé. »
Il disait encore :
— « À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole pouvons-nous le représenter ?
Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences.
Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. »

Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre.
Il ne leur disait rien sans parabole, mais il expliquait tout à ses disciples en particulier.