Homélie du 12e dimanche du Temps Ordinaire

21 juin 2021

Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! »
Le vent tomba, et il se fit un grand calme.

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie :

Frères et sœurs,
Il m’est arrivé un jour de traverser la mer Méditerranée en catamaran. Nous étions dix à bord, c’était pendant les vacances. Nous sommes partis de Hyères pour arriver en Corse. Mais voici qu’un soir, la mer fut agitée. Ce n’était cependant pas une tempête déchaînée, et j’ai cru que j’allais faire face. J’avais dit aux autres de monter sur le pont pendant que je préparais le repas. Sauf que j’ai rapidement senti que je ne tiendrai pas longtemps, et il a fallu que je monte moi aussi sur le pont en attendant que ça se calme.

La tempête… elle fait peur ! alors, ce matin, je vais d’abord essayer de reprendre avec vous quelle est la différence entre la peur et la crainte, puis de voir quelles sont les tempêtes d’aujourd’hui, et quelle est l’invitation que Jésus nous lance face à ces situations tourmentées.

J’entends aujourd’hui que Jésus nous fait passer sur l’autre rive. C’est comme s’il voulait nous faire passer de la peur à la crainte.

Passer de la peur à la crainte

Bien souvent quand on lit les psaumes – que ce soit pour préparer un mariage ou des baptêmes – le mot « crainte » apparaît, et il arrive qu’il soit mal compris.
A chaque fois que l’on parle de la crainte, il s’agit d’un don de l’Esprit-Saint, un des sept parmi ceux que l’on trouve dans le prophète d’Isaïe : « La crainte de Dieu, c’est bon… »

C’est pour cela que le psaume dit :

« Heureux ceux qui craignent le Seigneur ! »

Figurez-vous que dans la langue des Hébreux, le même mot avec un suffixe différent signifie « partir », « s’en aller », « avoir peur », soit « s’approcher » et « craindre ». C’est comme en Anglais quand on dit « go in » ou « go out », c’est le même verbe, sauf qu’en fonction de ce que vous mettrez avant ou après, ça veut dire exactement l’inverse…

Entrer ou sortir ?

La peur, c’est ce qui nous donne envie de sortir quand on a repéré un danger, une menace. Elle peut-être soit réelle, soit imaginaire. Mais on perçoit quelque chose qui nous fait fuir.

La crainte, elle, nous donne envie de nous approcher avec amour et respect comme nous l’avons entendu avec la collecte, la prière juste après le Gloire à Dieu. Avec ces mots, nous avons demandé à Dieu d’avoir pour Lui l’amour et le respect de Son saint nom.

Le Nom de Dieu

Le Nom de Dieu fait tout un programme ! Père, Fils et Saint Esprit…
Le Nom de Jésus fait tout un programme ! Dieu sauve ! Justement, Il nous sauve de la peur, de toutes les peurs, pour nous faire passer de la peur à la crainte.

Mais, de quelles sont les tempêtes d’aujourd’hui ?

Les tempêtes d’aujourd’hui

Les tempêtes extérieures

Il y en a beaucoup : certaines sont extérieures à commencer par celles du climat…
Hier, nous avons entendu le témoignage d’une famille qui a fui la Syrie avec un Evangile à la main en disant : « Jésus est avec nous ! »

Ce qu’il se passe dans cette région du monde : cette tempête dure depuis trop longtemps et des familles arrivent chez nous parce qu’elles ont fui le danger.
Un autre témoignait pudiquement de son pèlerinage qui l’a mené dans un pays au delà de la Méditerranée jusque chez nous, durant une année.

Oui, il y a des tempêtes extérieures qui nous touchent. Mais il y a aussi des tempêtes intérieures.

Les tempêtes intérieures

Il y a des tempêtes qui touchent nos pensées, nos âmes et nos cœurs. Elle peuvent surgir parfois au moment où nous nous mettons à prier et même à la messe : nous nous rendons compte que nous sommes intérieurement très agités, assaillis de pensées ou des signes dont on ne sait pas d’où ils viennent… c’est la tempête intérieure.
Elle fait peur mais nous, disciples, nous découvrons que Jésus est là.

Jésus est présent au milieu de la tempête

Mais, comment fait-il pour dormir au fond de la barque ? Il a un sommeil profond !
Et comme Il est là, les disciples L’interpellent :

« Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? »

Et de fait, Jésus exerce Son autorité : Il agit Il prononce une parole, la Parole de Dieu qui a autorité sur toutes les tempêtes.

Dans le livre de Job, on a entendu un passage où Dieu dit :

« C’est moi qui fixe les limites de la tempête. La tempête pourrait être dix fois plus importante.
J’ai dit à la mer : « tu n’iras pas plus loin ». »

Dieu fixe les limites au mal. Mais pas seulement : dans l’Evangile, nous voyons que Jésus a autorité pour faire cesser la tempête.

« Silence, tais-toi ! »
Le vent tomba, et il se fit un grand calme.

Qu’est-ce qui peut encore aujourd’hui nous aider à passer de la peur à la crainte ? C’est la Foi !
Bien entendu, si nous sommes là ce matin, c’est bien parce que nous avons la Foi. Et nous savons que sur ce chemin, nous n’avons jamais fini de progresser. D’ailleurs, les disciples sont avec Jésus, ils cheminent avec Lui tous les jours, ils Lui font confiance. Et voilà qu’ils l’interpellent à nouveau, et c’est Jésus Lui-même qui leur dit :

« N’avez-vous pas encore la foi ? »

Jésus nous invite aujourd’hui

Entendons cette question de Jésus : « N’avez-vous pas encore la Foi ? »

Comme le dit ailleurs dans l’Evangile ce père dont l’enfant vient de mourir :

« Je crois, mais augmente en moi la foi ! »

Alors, frères et sœurs, je rends grâce ce matin avec vous parce que le Seigneur nous a déjà permis de vaincre des peurs. Mais ce n’est pas fini ! Alors nous lui confions nos peurs d’aujourd’hui.

Nous Lui demandons d’augmenter notre foi. Nous Lui demandons de savoir craindre avec amour et respect : craindre Dieu, craindre le Père, le Fils et l’Esprit de Sainteté. Merci Seigneur pour l’autorité que Tu exerces sur la tempête, sur le mal, sur tout ce qui agite le monde. Nous croyons en Toi,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de Job 38,1.8-11.
  • Psaume 107(106),21a.22a.24.25-26a.27b.28-29.30-31.
  • Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 5,14-17.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 4,35-41 :

Ce jour-là, le soir venu, Jésus dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive. »
Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque, et d’autres barques l’accompagnaient.
Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait. Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? »
Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme.
Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? »
Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »