Homélie du 29e dimanche du Temps Ordinaire

18 octobre 2021

« Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

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Texte de l’homélie :

Les lectures de ce dimanche nous rappellent notre vocation chrétienne qui est de servir : servir le Christ que nous voulons suivre et imiter, Lui qui S’est fait le serviteur de tous afin de sauver l’Homme. Et c’est toute la vie de notre Seigneur qui peut être comprise comme un grand service : service de la gloire de Dieu, service de Ses frères les hommes qu’Il sauve par Son sacrifice, service du projet de Dieu sur Sa créature raisonnable, service de la Vérité et de la Justice.

Déjà, dans l’Ancien Testament, le prophète Isaïe avait décrit le Messie non comme un roi triomphant, mais comme le Serviteur de Yahweh qui sauve Son peuple par Sa souffrance, par Sa vie offerte en sacrifice pour la réconciliation de Dieu avec tous les hommes.

Isaïe parle bien d’un sacrifice expiatoire, non pas simplement un sacrifice de réparation comme dit la traduction liturgique.

Qu’est-ce qu’un sacrifice expiatoire ?

Dans la liturgie juive, une fois par an, le grand prêtre offrait un sacrifice sanglant pour obtenir le pardon des péchés de tout le peuple.
Cependant, ce sacrifice n’avait en soi aucune efficacité sinon d’être une préfiguration. En effet, le sang d’un animal est incapable d’obtenir la réconciliation de Dieu avec Son peuple.

La distance infinie entre le Créateur et Sa créature, entre Celui qui est toute justice et le pécheur, cette distance, seul l’amour infini du Père peut la combler, Lui qui a envoyé Son propre fils. Et c’est dans Son propre sang en donnant Sa vie que Jésus établit, entre Son père et nous, une alliance nouvelle et éternelle.
Or, c’est au cours de la messe que ce sacrifice est rendu présent et agissant pour nous les hommes et pour notre salut.

Voilà pourquoi la messe constitue le centre de la vie du Chrétien car elle est le mémorial du sacrifice de Jésus, ce sacrifice qui nous sauve, qui nous obtient le Pardon de tous nos péchés et qui nous communique la Vie Éternelle.

Mais pour que l’Eucharistie fasse en nous son œuvre de vie, il faut encore que nous soyons bien disposés, que nous voulions vraiment être sauvés et bénéficier de ce pardon que nous octroie notre Père des Cieux.

Nos fidèles défunts nous montrent le chemin du Ciel

Dans un peu plus de quinze jours, le premier novembre, nous allons célébrer tous ceux qui nous ont quittés et, qui par leur fidélité à Jésus-Christ, ont mérité d’entrer dans la joie, dans le bonheur éternel.
Et justement, ils nous rappellent que notre vocation est parvenir un jour à cette vie qui ne finit pas dans le Paradis.

Durant ce mois de Novembre, nous allons prier pour nos défunts, pour ceux que nous avons connus et aimés et qui doivent encore se purifier au purgatoire. Nos prières, nos sacrifices, notre générosité à accomplir notre devoir d’état, tout cela peut être offert pour aider nos frères défunts, pour obtenir les secours ultimes à ceux qui vont mourir, pour réconforter aussi ceux qui restent et qui sont dans la peine.

Toujours en parlant du Christ, le prophète Isaïe déclare encore :

« À cause de ses souffrances, il verra la lumière, il sera comblé. »

Et c’est bien sûr la Résurrection du Christ qui est annoncée.

Conformer notre simple vie à celle du Christ

Nous aussi, chaque fois que nous prenons part aux souffrances du Christ, nous savons que Sa Résurrection - c’est-à-dire Sa victoire définitive sur le péché et sur la mort - se manifestent en eux.

Et voilà pourquoi nous voulons servir le Christ : parce qu’Il fait participer Ses fidèles à Sa victoire, à Son royaume, à Son autorité. Et voilà pourquoi nous voulons aussi servir nos frères pour obéir à Jésus et pour suivre Son exemple.

Depuis Saint Grégoire Le Grand au septième siècle, les papes successifs ont coutume de se désigner eux-mêmes comme « serviteur des serviteurs de Dieu », mais je dirais que depuis notre baptême, c’est le titre de chacun d’entre nous. En Se mettant à notre service, c’est-à-dire en nous lavant les pieds, le Christ nous révèle notre dignité et Il nous invite à notre tour à servir, c’est-à-dire à accomplir la volonté de Dieu qui nous appelle à la vie et au Salut.

Nous aussi, avec le Christ, par le Christ, à Son exemple et à Sa suite, nous sommes appelés à donner notre vie en rançon pour la multitude. Il y a bien des manières de donner sa vie : l’accomplissement de son devoir d’état avec persévérance générosité, que l’on soit père ou mère de famille, étudiant ou professionnel, en pleine activité ou diminué dans ses forces ou sa santé.
Il y a aussi le service de ceux qui consacrent leur vie à la paix civile et à la préservation de la concorde nationale.
Il y a ceux qui servent notre pays partout dans le monde au service du rayonnement de notre patrie, mais il y a aussi tous les humbles services de la vie quotidienne.

Dans quelques instants nous allons recevoir le Christ en Son Eucharistie. Il vient en nous, non pour changer notre vie, mais pour nous changer, nous. Nous mettant à Son école, nous aurons alors la force et la lumière pour accomplir notre vocation chrétienne. Il est à nos côtés, Il est de tous nos combats.

Nous venons d’entendre l’épître aux hébreux qui déclare à propos du Christ :

« En toutes choses, Jésus a connu l’épreuve comme nous et Il n’a pas péché. Dès lors, nous sommes assurés de tous trouver en Lui la miséricorde et la grâce de Son secours.

Si nous sommes renouvelés dans la foi et dans l’espérance, alors nous ne serons plus tentés par la tristesse ou le découragement. Nous reconnaîtrons Sa présence qui donne confiance et audace.
C’est ainsi que tous les Saints ont remporté le combat de l’évangile. Leur exemple nous éclaire, leurs prières nous réconfortent.

Nous devons mettre à profit le temps qui nous est donné pour servir, pour donner notre vie, pour communiquer à ceux qui nous entourent la Bonne Nouvelle du Salut en Jésus-Christ.
Voilà l’essentiel de notre vie, voilà l’essentiel de la vie de l’Église.

Demandons tout spécialement à la Vierge Marie - en ce mois d’octobre qui Lui est particulièrement consacré - la grâce de rester fidèle au combat spirituel, à notre vocation de service, Elle qui Se présente à l’Ange Gabriel comme « l’humble servante du Seigneur », Elle qui a toujours accompli la volonté de Dieu dans le don total de Sa liberté et dans la joie du service,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 53,10-11.
  • Psaume 33(32),4-5.18-19.20.22.
  • Lettre aux Hébreux 4,14-16.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 10,35-45 :

Alors, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent :
— « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. »
Il leur dit :
— « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? »
Ils lui répondirent :
— « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. »
Jésus leur dit :
— « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? »
Ils lui dirent :
— « Nous le pouvons. »
Jésus leur dit :
— « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé. Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé. »

Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean.
Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.
Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »