Homélie du 29e dimanche du Temps Ordinaire

21 octobre 2015

« On voit bien que cet appel à la sainteté qui vous est lancé, à vous familles du Père Lamy, c’est aussi un appel à embrasser la croix du Christ, cette croix du Christ qui pour le monde est folie, mais pour nous est sagesse de Dieu. »

29e dimanche du Temps Ordinaire, Jour de la canonisation des Époux Martin.

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Texte de l’homélie :

On le sait bien la Parole de Dieu est une parole vivante qui éclaire notre vie. Et selon les circonstances dans lesquelles nous écoutons cette Parole, elle retentit dans notre cœur d’une manière ou d’une autre. Et c’est tout à fait providentiel que nous ayons cet Évangile pour éclairer votre engagement, chères familles du Père Lamy. Les familles du Père Lamy sont des familles qui s’engagent auprès de notre Communauté, rayonnant de notre charisme là où elles sont et annonçant le Royaume de Dieu, dans une dimension à la fois eucharistique et mariale, avec un souci particulier pour les jeunes et les plus pauvres.

C’est aussi une grande grâce que nous puissions célébrer cet engagement le jour même de la canonisation des époux Martin, et, dans la Parole de Dieu, il y a quelque chose aussi qui rappelle cet appel à la sainteté.

Les deux points centraux dans cet Évangile :

L’annonce de la Passion.

Quand on lit la vie des époux Martin, on voit qu’ils ont été assez touchés par des épreuves, des épreuves de santé, Zélie Martin est morte assez jeune et Louis Martin était touché dans son équilibre psychiatrique. Ils ont été éprouvés aussi par la perte de quatre enfants morts en bas-âge.
On voit bien que cet appel à la sainteté qui vous est lancé, à vous familles du Père Lamy, eh bien c’est aussi un appel à embrasser la croix du Christ, cette croix du Christ qui pour le monde est folie, mais pour nous est sagesse de Dieu.
Vous aussi, familles du Père Lamy, pour certaines d’entre vous, vous êtes éprouvés dans votre santé, dans votre travail, quelques fois dans les deuils, dans des relations parfois difficiles avec vos frères et sœurs, et certains sont plus éprouvés que d’autres et on n’a pas beaucoup la main là-dessus… mais en tous cas, sachez que cet appel à la sainteté qui vous est lancé à travers l’exemple de Louis et Zélie Martin vous invite à vous demander si les épreuves que vous vivez, est-ce que vous les vivez avec Jésus ? Ou est-ce que je les vis dans la colère, sentiment naturel dans un premier moment, dans la rancœur, le désir de vengeance et de médisance, de calomnie,… Comment est-ce que je les vis ?

Et si vous prenez cet engagement, vous parents bien sûr, mais aussi vous enfants puisque vous pouvez connaître des épreuves à la mesure de votre âge, vous pouvez annoncer l’Évangile de Jésus-Christ par la manière dont vous vivez les épreuves et les petits sacrifices qui vous sont demandés par vos parents. Je crois que c’est important de dire que vous pouvez rendre ce témoignage de la présence de Jésus :

« Ma coupe, vous aussi vous y boirez. »

En vous engageant dans ces familles du Père Lamy, parents et enfants, dans cette famille spirituelle des Serviteurs de Jésus et de Marie, eh bien vous vous engagez quelque part à la suite du Christ comme famille : « Ma coupe, vous aussi vous y boirez. » Vous annoncez aussi cet appel qui est contenu déjà dans le sacrement du baptême et dans le sacrement du mariage, cet appel à annoncer un Dieu lumineux mais pas à la manière du monde, un Dieu lumineux dans la fragilité et parfois même l’abandon.

Le service, une deuxième piste de sainteté donnée par l’Évangile :

Avec cette Parole de l’Écriture :

« Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir. »

Vous aussi, chères familles, chers amis, ceux qui suivent le Seigneur là où ils sont, vous êtes appelés à servir, et comme famille, le grand service que vous prêtez c’est le service de l’éducation, grand service pour l’humanité. Vous n’êtes pas les seuls, vous avez des relais tels que le scoutisme, cette grande œuvre d’éducation de la jeunesse. Mais il est important de dire qu’éduquer, c’est parfois participer à la croix du Seigneur, cela demande un travail de conversion personnel. Et c’est aussi un service que de pouvoir donner la vie, d’abord, donner la vie et la vie en abondance, dans la famille du Père Lamy on donne la vie en abondance, et c’est magnifique. Et puis donner l’éducation ! C’est important.
Pour ce qui est de l’adoption, par exemple, ce n’est pas donner des enfants à des parents, c’est donner des parents à des enfants, ce n’est pas pareil, cela n’a rien à voir ! Dans un cas, on est dans une attitude où il me manque ceci, et du coup je vais me servir dans une démarche de consommation. Non. On prête le service d’éducation à des enfants qui n’ont pas pu l’avoir, et c’est aussi un grand service.

Alors il est bon pour nous de se dire que dans ce service à l’éducation, dans cette sainteté au quotidien des Époux Martin, appelés les saints du quotidiens, ils n’ont rien fait d’extraordinaire, comme ont pu le faire les grands martyrs qui ont eu des vies plus admirables qu’imitables. Non, c’est dans le quotidien, avec les difficultés, que les époux Martin ont vécu un esprit de docilité : ce quotidien-là, je le reçois de la main du Seigneur.
J’aime bien cette parole du philosophe Pascal qui disait : « Les circonstances et les nécessités, voilà nos maîtres spirituel.  »

Marcher vers la sainteté, entrer dans une attitude de service, c’est découvrir, vous parents et vous enfants, que ce qui fait votre quotidien suffit à vous sanctifier. Cela suffit. Le Père Lamy disait cela très bien : « La vie communautaire suffit à la sanctification », et comme il avait raison ! Ne cherchons pas dans l’extraordinaire. Si vous prenez cet engagement, c’est, comme le disait la petite Thérèse, « pour vivre l’ordinaire de façon extraordinaire ». Cet ordinaire, ce quotidien, du travail, de l’école pour vous les enfants, des amitiés, des engagements ecclésiaux, des engagements professionnels… voilà, tout ça est un lieu de sainteté, parce que c’est un lieu de rencontre avec le Seigneur.

Et c’est une grande espérance qui est donnée au cœur même de ce synode pour la famille, qui on le sait bien est un synode bien difficile parce que les sujets abordés sont bien délicats. Mais cela nous fait du bien de savoir qu’un couple comme les Martin a été canonisé non seulement à cause de l’héroïcité de leurs vertus personnelles, mais aussi en vertu de l’héroïcité de leurs vertus matrimoniales, c’est-à-dire de la qualité de la communion : c’est la communion matrimoniale qui est un signe du Royaume et qui est source de sainteté pour Louis et Zélie, tout comme le sacrement du mariage est une source de sainteté dans le quotidien de la vie du couple et de la famille pour ceux qui le reçoivent.

Oui, nous sommes appelés à travers cet exemple à nous laisser tirer vers le haut, à nous dire c’est possible, être saint ce n’est pas être impeccable, les saints se confessaient, ils avaient des défauts, mais ils avaient, dans leur vie, annoncé l’Évangile.
Alors c’est beau, aussi, chères familles du Père Lamy, chers amis qui partagez notre célébration dominicale, de nous dire que, et c’est une grande chose que l’on doit à Vatican II, l’appel à la sainteté est universel. Pendant bien des siècles, c’étaient les moines qui étaient les porteurs de la sainteté, et ils le sont encore ! Aujourd’hui, cet appel est universel, parce que la sainteté, c’est vivre avec le Seigneur, et ça c’est universel.
Rendons grâce pour votre engagement, chères familles, nous prions pour vous, et nous comptons sur votre prière, nous rendons grâce de ce soutien que vous nous offrez par votre amitié, par votre prière, par les services aussi que vous rendez à la Communauté.
Puissions-nous ensemble, religieux et familles, nous tirer vers le haut pour contempler un jour le Seigneur dans sa gloire.

Amen.


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 53,10-11.
  • Psaume 33(32),4-5.18-19.20.22.
  • Lettre aux Hébreux 4,14-16.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 10,35-45 :

Alors, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent :
— « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. »
Il leur dit :
— « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? »
Ils lui répondirent :
— « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. »
Jésus leur dit :
— « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? »
Ils lui dirent :
— « Nous le pouvons. »
Jésus leur dit :
— « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé.
Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé. »

Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean.
Jésus les appela et leur dit :
— « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.
Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur.
Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »