Homélie du 2e dimanche de l’Avent

10 décembre 2018

« Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.
Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu. »

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Texte de l’homélie :

Il est bon de prêter attention à cette partie de cette lettre de Saint Paul aux Philippiens. L’Apôtre dit :

« Et dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la pleine connaissance et en toute clairvoyance pour discerner ce qui est important. »

En effet, le temps de l’Avent est un temps de discernement où l’on essaye de voir – à travers ombre et lumière, à travers les aléas de la vie – comment le Seigneur se fraye un chemin.
C’est ce que nous rappelle l’évangile avec cette parole très forte de Jean-Baptiste qui fait référence à Isaïe :

« Le Seigneur est venu se préparer un chemin, Il veut que tout être vivant voie Sa gloire. »

Et lorsque nous discernons sur notre manière d’agir pour la rendre conforme à la volonté du Seigneur dans notre vie, il faut faire preuve de miséricorde et d’espérance.

La miséricorde nous permet de découvrir en nous ces ravins, ces passages tortueux, ces chemins rocailleux. Tout cela est en nous et nécessite un travail de conversion. Comme c’est le temps de l’Avent, le prêtre revêt la chasuble violette et l’on ne chante pas le Gloria, comme en carême, avec une tonalité un peu différente.
L’Avent est un temps de conversion, un temps pénitentiel, un temps où l’on demande au Seigneur de venir préparer notre cœur : on reconnaît que le Seigneur est à l’œuvre, et qu’il y a également en nous d’autres forces à l’œuvre qui ne sont pas l’esprit du Seigneur.

Le discernement commence par ça : discerner ce qui est important – c’est la demande que Saint Paul formule pour les Philippiens – en faisant appel à cette clairvoyance qui vient de l’amour que l’on a pour Dieu. L’amour est lumière, car Dieu Lui-même est lumière.
Et, plus l’on grandit dans l’amour, plus on est éclairé sur son intériorité et l’on voit combien on doit transformer sa manière de penser et sa manière d’agir.

Ainsi, il peut être intéressant de se poser cette question dans le temps de l’Avent :

Suivons cette parole qui est une forme d’exhortation :

« Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées. »

Ces obstacles schématiques signifiés par Isaïe, Jean-Baptiste en fait le rappel.

De ce point de vue-là, l’Avent est un temps de discernement. Cela s’opère aussi dans la miséricorde, sans désespérer de soi-même. Parfois, le Seigneur nous donne la grâce de voir notre péché. C’est l’histoire du curé d’Ars, ce saint homme pourtant persuadé d’être damné… Si l’on demande ces grâces de clairvoyance, il faut que ce soit toujours accompagné de la miséricorde de Dieu et de la confiance.

On voit bien que discernement est inhérent au temps de l’Avent. C’est à plus forte raison le cas avec la Vierge Marie, dont on célèbre l’Immaculée Conception au début de ce temps : le discernement face à l’Appel.

Il y a plusieurs appels au cours de l’Avent, à commencer par celui du discernement de la manière dont on a de se transformer : attention aux grands coups de barres que l’on a tendance à donner à droite et à gauche dans nos vies, car tôt ou tard on aura à les payer.
Il est donc intéressant que le Seigneur nous donne cette invitation au discernement. Opérons-le dans l’espérance et la miséricorde : je suis conscient des pas que je dois faire, et en même temps, je vois où je vais avec clairvoyance, sachant que tout être vivant verra le salut de Dieu : j’ai dans l’optique, en ligne de mire, cet appel à ce que Dieu soit tout en tous. Et c’est ça qui me fait m’encourager pour me convertir : je sais que le Seigneur ne se résout pas à nos manques d’amour, il ne se décourage pas…

Il a donc un travail à faire de notre part pour expérimenter la miséricorde : c’est un temps privilégié pour se confesser. N’hésitez pas à profiter des temps qui sont proposés dans votre paroisse durant ce temps de l’Avent, comme c’est aussi le cas au moment du Carême.
C’est un temps où l’on recourt à la miséricorde de Dieu, car le péché obscurcit notre discernement et nous fait manquer de clairvoyance, comme une perte de connaissance. Avec nos blessures et nos manières habituelles d’agir, nous risquons de ne pas voir ce que le Seigneur veut pour nous.

L’Avent est aussi un temps de signe : les deux plus grands signes donnés au cours de ces semaines sont Jean-Baptiste et la Vierge Marie. Ils sont les deux grands personnages de l’Avent.
Nous nous demandons parfois si l’on peut demander des signes au Seigneur, s’Il en envoie : oui, Il le fait, aussi faut-il savoir les discerner. Attention cependant à ne pas chercher dans le quotidien trop de confirmations sur des sujets qui nous arrangent (comme une déclaration d’impôts allégée pour en payer moins, par exemple).
Il y a deux critères pour discerner un signe :

  • un critère subjectif, destiné à celui qui voit le signe : il doit avoir conscience que le Seigneur frappe à sa porte,
  • un critère objectif : visibles concrètement et soumis au discernement.

Vous pouvez aussi vous poser la question : dans quelle mesure le Seigneur vous fait des signes, et dans quelle mesure vous êtes appelés à demander un soutien, un accompagnement pour savoir si ce n’est pas juste notre imagination, parce que cela nous convient bien et nous conforte dans nos idées, ou est-ce vraiment un appel que le Seigneur nous lance.

Connaissez-vous cette icône de la Vierge des signes ? On y voit la Vierge Marie avec l’Enfant-Jésus placé devant Elle dans un rond, comme pour la représenter dans Sa maternité :

« — Qu’est-ce qui nous sera donné comme signe ?
— Un nouveau-né couché dans un mangeoire… »

Un signe auquel on ne s’attendrait pas…

L’Avent est un temps où le Seigneur nous conduit au désert pour nous réformer, tout en étant un temps de miséricorde : le Seigneur nous conduit au désert et nous encourage par les grands signes que sont les sacrements. Car, qui dit signe, dit sacrement, signe visible d’une grâce invisible. Voici un signe que nous pouvons reconnaître, un signe de la Foi : c’est dans la Foi que je reconnais la présence réelle de Jésus sur l’autel, dans le pain et le vin consacrés.
Sa Parole est aussi un signe. La communauté est également un signe. Le prêtre est un signe, et la Création l’est aussi…

Ainsi, nous sommes peut-être appelés à être plus attentifs, à nous placer dans une attitude plus contemplative pour voir comment le Seigneur se manifeste dans notre quotidien et nous encourage dans notre chemin de conversion.
Voici ce que nous pouvons demander de façon particulière au Seigneur. On peut prendre un temps de méditation en se demandant comment nous préparons le chemin du Seigneur : nous en avons tous les désir, mais quels sont encore les obstacles en moi et en quoi le Seigneur m’encourage dans ce chemin d’être toujours plus lumineux et de discerner ce qui est important,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre Baruch 5,1-9
  • Psaume 126(125),1-2ab.2cd-3.4-5.6
  • Première lettre de Saint Paul Apôtre aux Philippiens 1,4-6.8-11
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 3,1-6 :

L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant alors au pouvoir en Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias en Abilène, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie.
Il parcourut toute la région du Jourdain, en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre des oracles d’Isaïe, le prophète :
« Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.
Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu. »