Homélie du 3e dimanche du Temps Ordinaire

26 janvier 2012

« Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche.
Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. »

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie :

Frères et sœurs bien-aimés,

C’est l’effervescence dans nos textes d’aujourd’hui : avez-vous remarqué que tout le monde est en train de courir, tout le monde est pressé. Les lectures donneraient presque le tournis !

  • Jonas bat des records de vitesse en parcourant Ninive en une journée alors qu’il faut trois jours pour la traverser… et il presse les gens d’abandonner leurs conduites mauvaises : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite… »
  • Saint Paul déclenche le compte à rebours : « Frères, je dois vous le dire, le temps est limité. »
  • Quand au Jésus de l’évangile, on a peine à le suivre, tellement tout va très vite… l’adverbe aussitôt scande notre passage : « Aussitôt, ils le suivirent. »

Aussitôt, Jésus les appela. Car, nous dit l’Évangile, les temps sont accomplis. Il n’y a pas une minute à perdre. Tout le monde est donc pressé, et on a de la peine à reprendre son souffle. Et c’est une bonne nouvelle !

Oui, notre temps est compté !

Le monde passe, notre séjour sur la Terre n’est que de quelques années, et la Terre, elle-même, ne durera pas indéfiniment. On a l’impression d’entendre le « tic-tac » de l’horloge qui est comme le rappel incessant de notre finitude.

Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que c’est dans les couvents de religieux que l’on trouve le plus d’horloges. Il n’est que de se promener au Prieuré Saint Bernard pour y découvrir que dans presque chaque salle, il y a une horloge. Il y en a même une dans la chapelle, derrière vous. Cette horloge-là, dont le gong venait égayer les offices, est aujourd’hui arrêtée.
Dans les chapelles de capucins, l’horloge est souvent située dans le chœur, tout près de la Sainte réserve. De même, le rôle des cloches, qui, tous les quart d’heures, nous rappelle que le temps passe.

Tout cela est pour nous rappeler cet avertissement de Saint Paul et tout l’Évangile :

« Le monde tel que nous le voyons est en train de passer. »

Et tout en nous veut résister à cette usure du temps, à la mort, finalement. Notre espérance est de savoir que la Christ est venu nous en libérer, que le Christ nous introduit dans une vie nouvelle, une vie qui ne connaît ni souillure, ni vieillissement, ni fin.

Entrer dans cette vie est urgent !

Saint Paul compare d’ailleurs cette vie à une course, les yeux fixés sur le Christ. Le temps terrestre, celui de nos horloges, nous justement été donné pour que nous puissions choisir. Et ce choix, le voici :

« Si tu veux la Terre, tu sera terre. Si tu veux Dieu, tu seras dieu. »

C’est ce qu’on peut lire sur le fronton d’un carmel.

Vouloir la terre, c’est s’attacher à tout ce qui passe : le pouvoir, l’argent, et toutes les jouissances faciles. Des choses bonnes en soi, mais qui s’évanouissent à peine obtenues ; et pourtant, que d’effort pour les obtenir !…

Saint Paul nous appelle et l’Évangile à pleine page : notre esprit ne trouvera jamais le repos dans ces biens qui passent. Biens qui passent et qui nous décevront, tôt ou tard.

Vouloir Dieu, c’est s’attacher à ce qui ne passe pas. L’amour est la vie donnée, l’amour est la vie reçue ; finalement, les seules choses qui peuvent combler notre cœur et lui donner le repos, finalement, les seules choses que nous emporterons avec nous quand notre temps ici bas sera terminé. A ce propos, Saint Jean de la Croix nous rappelle :

« Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour. »

Chers frères et sœurs, il est peut être bon à l’occasion, d’ouvrir les yeux sur nos vies quand elles veulent moins que Dieu, et nous redire que le moindre instant de nos journées nous est donné pour vivre d’amour.

Vivre d’amour

Saint Paul nous donné un moyen sûr pour « capitaliser » en vie éternelle : faire « comme si ».

« Que ceux qui ont une femme ou un mari soient comme s’ils n’en avaient pas de femme ou de mari.
Ceux qui pleurent… comme s’ils ne pleuraient pas.
Ceux qui sont heureux… comme s’ils n’étaient pas heureux. »

Cela ne veut pas dire, évidemment, ne plus faire attention à sa femme ou à son mari, à ses larmes, à son profit… non. Tout au contraire, il s’agit de vivre ces réalités par Lui, avec Lui, et en Lui.Donc, d’y mettre plus d’amour. Et mettre plus d’amour, c’est donner un poids d’éternité à notre relation conjugale, à nos larmes, à notre rapport au monde.

Finalement, faire « comme si », ce n’est pas aimer moins, c’est aimer mieux.

« " Quelle heure est-il ", demandait-on au poète ?
Toujours la même : l’heure d’aimer ! »

Qu’à cela, Dieu nous aide, avec les secours de la Vierge Marie,

Amen.


Références des lectures du jour :

  • Livre de Jonas 3,1-5.10.
  • Psaume 25(24),4-5ab.6-7.8-9.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 7,29-31.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1,14-20. :

Après l’arrestation de Jean Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu ; il disait :
« Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche.
Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. »

Passant au bord du lac de Galilée, il vit Simon et son frère André en train de jeter leurs filets : c’étaient des pêcheurs.
Jésus leur dit : « Venez derrière moi. Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivirent.

Un peu plus loin, Jésus vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient aussi dans leur barque et préparaient leurs filets.
Jésus les appela aussitôt. Alors, laissant dans la barque leur père avec ses ouvriers, ils partirent derrière lui.