Homélie du 3e dimanche du Temps Ordinaire

23 janvier 2023

Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.

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Texte de l’homélie

Frères et sœurs, l’Évangile que nous venons de proclamer pourrait être appelé « le Noël de l’Église selon Saint Matthieu ». En effet, vous avez remarqué que Saint Matthieu fait référence à un passage de Noël du prophète Isaïe. Et à travers ce magnifique passage, il évoque l’appel des quatre premiers disciples de Jésus. Voici le premier noyau de l’Église que Jésus fonda.

Ce passage est tellement fondamental qu’il est raconté par les quatre évangélistes. C’est intéressant de voir que chacun d’entre eux a une version unique. Chez Saint Luc, les quatre apôtres suivirent Jésus mais après le grand miracle de la pêche miraculeuse. Chez Saint Jean, les apôtres suivirent Jésus par l’intermédiaire du grand prophète Jean Le Baptiste ; il n’y avait pas de miracle, juste l’invitation de Jean à suivre Jésus.

Rendre grâce pour notre première rencontre avec le Seigneur

Cela pourrait être un premier encouragement pour nous de faire mémoire ou de rendre grâce à Dieu pour des événements importants et forts de notre vie. Il y a souvent eu pour nous - au moins une fois – une retraite, une rencontre par laquelle le Seigneur vous a appelés à Le suivre, à mieux Le connaître et à changer votre vie. Il y a sûrement quelque chose à trouver là-dedans, sinon on ne serait pas à la messe ce dimanche. Nous sommes tous des amis de Jésus.

Il peut y avoir également eu des personnes qui ont joué le rôle de témoin : des parents, des amis, un prêtre, qui nous ont aidés connaître un peu mieux Jésus, à Le suivre de façon plus vraie.

Rendre grâce à Dieu est une manière de vivre la Parole de Dieu. Cependant, vous avez remarqué que l’évangile de Saint Matthieu qui a été proclamé ne relate aucun événement spécial, aucun miracle. Jean Baptiste n’est pas là, il y a seulement Jésus qui passe et qui dit aux apôtres : « Suivez-moi ! »
C’est plutôt vertigineux, car on ne va pas suivre n’importe qui : il n’y a que Lui que l’on peut suivre comme ça.

Alors, Matthieu met justement le curseur sur l’efficacité de la parole de Jésus :

« Venez à ma suite et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. »

C’est cette parole qui a touché le cœur des quatre apôtres et qui leur a permis de suivre Jésus aussitôt. Rappelons-nous l’appel de Saint Matthieu, derrière son comptoir. Jésus lui demanda de Le suivre et aussitôt il Le suivit. C’est vertigineux ! Une parole qui change toute la vie.

De la même manière, une parole traverse toute la Bible, comme celle que Dieu adresse à à Abraham :

« Quitte ton pays et je ferai de toi une grande nation. »

Pour faire un parallèle, on a aussi dans Saint Jean au chapitre 15 :

« Je vous choisis pour que vous alliez et que vous portiez du fruit… »

Il est important de souligner que l’invocation – l’appel – et la mission sont joints. Il n’y a pas d’appel sans mission, et il n’y a pas de mission sans appel : il ne font qu’un, c’est une unité parfaite. Dieu appelle pour une mission. Ainsi, si j’ai une mission, il vaut mieux être appelé.

Il n’y a pas de mission sans appel

Et il est important de souligner également que vocation et mission s’adressent à tous les hommes, pas seulement aux quatre apôtres. La Parole de Dieu nous fait comprendre qu’après les apôtres, c’est nous qui suivons selon chacune de nos vocations, notamment par notre baptême.

Cette parole s’adresse à chacun d’entre nous comme un appel à suivre Jésus ou à discerner pour Le suivre. Cela se produit à deux moment incontournables de notre vie : c’est tout d’abord entre 15 ans et 25 ans, lorsque l’on choisit une mission pour notre vie entre le mariage, la vie religieuse. Si notre page reste blanche par rapport à l’avenir, il nous faut prendre une décision personnelle. C’est pour cela qu’il y a des retraites spécifiques pour prendre le temps d’y voir clair.

Cela se produit également lors de la crise du milieu de la vie : vers la quarantaine, on peut ressentir comme une déception face à nos choix de vie, et l’on a besoin de faire un bilan, de se poser pour demander à Dieu ce qu’Il me demande de faire pour changer légèrement d’orientation.

Le cœur humain est en quête d’un bien plus grand

Mais, frères et sœurs, en dehors de ces moments importants, lorsque ça va plutôt bien, l’appel, la vocation et la mission se réduisent juste à deux choses : à l’état de vie et au métier choisi. C’est même ainsi que l’on se définit lorsque nous sommes amenés à nous présenter : père de famille et architecte, ou bien célibataire et médecin… Cela donne une bonne description de la personne, certes, mais en laissant cependant une grande insatisfaction : en effet, le cœur humain est beaucoup plus grand que ces simples caractéristiques.

Alors, heureux ceux et celles qui, d’une manière unique et toujours nouvelle, entendent la Parole, cet appel de Jésus :

« Venez à moi, venez à ma suite, je vous ferai pêcheurs d’hommes… »

Et je m’attarderai un tout petit peu sur cette parole pour vous sensibiliser sur son importance, car elle donne comme un accomplissement dans notre vie, où que nous soyons.

Tout d’abord, Jésus dit :

« Venez à ma suite, venez à moi… »

C’est là qu’est la première vocation de chacun d’entre nous, c’est la Parole par excellence : si Jésus est toujours avec nous, nous ne sommes pas toujours avec Lui. Le nom Emmanuel signifie bien que Jésus est toujours avec nous…

Nous sommes appelés à vivre pleinement notre condition de fils de Dieu !

Ainsi, notre première vocation si nous sommes libres, c’est de choisir de fréquenter Jésus, de mettre nos pas dans les Siens. Et c’est ce que nous faisons quand nous choisissons d’aller à la messe. Et c’est assez bouleversant car nous voyons bien que quelque soit notre état de vie, que nous soyons petits grands ou moyens, malades ou en bonne santé, en voyage ou chez nous, nous pouvons nous identifier à Jésus Fils de Dieu. Nous fréquentons Jésus pour nous identifier à Lui, pour devenir un autre Christ, pour partager avec Lui notre vie, avec Dieu le Créateur du Ciel en Jésus. N’est-ce pas incroyable ? Quelle joie de prendre conscience que nous avons à apprendre à mettre nos pas dans les pas de Jésus. Ce n’est jamais acquis et la Parole de Dieu est là pour nous y aider.

Ensuite, Jésus dit :

« Je ferai de vous… »

Dans cet appel, il y a aussi cette parole qui nous engage en même temps à donner le meilleur de nous-mêmes. C’est comme si Jésus nous appelait tout en s’engageant à nous aider progressivement à nous accomplir, notamment comme fils de Dieu, dès ici bas et pour toujours. Ce n’est ni de la psychologie ni du développement personnel : c’est la Foi, c’est Jésus qui est là réellement et avec lequel nous pouvons avancer.

Le Christ s’engage à nos côtés pour sauver le monde

Il y aurait beaucoup à méditer sur cette parole finale :

« Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. »

Nous sommes appelés à être avec Lui et comme Lui, des pêcheurs d’hommes… Il ne s’agit pas simplement de passer du bon temps avec Lui, mais de s’associer avec Lui pour sauver le monde et d’avoir le souci du salut des âmes, de nos proches, dans nos familles. On le sait déjà et c’est une belle mission. Jésus nous dit que toutes les prières et tous les sacrifices, tout l’amour que l’on porte à notre prochain pour l’aider à avancer dans la lumière ne sont pas pour rien même si on ne voit pas tout de suite des conversions.

« Je suis avec toi… »

Quand quelqu’un dans notre famille se convertit – j’espère que cela vous est arrivé - ou un proche qui change de vie – je reçois des confessions étonnantes parfois - c’est une grande joie, c’est pour toujours ! quelqu’un qui se met dans les bras de Jésus, il y a quelque chose de grand à trouver et nous ne sommes pas toujours conscients de la grandeur de notre mission.

C’est une mission, une vocation qui nous dépasse toujours, mais que nous pouvons actualiser dans notre vie, chacun différemment, pas besoin d’être prêtre ou évêque… tout le monde peut le vivre en faisant la cuisine, le linge, en marchant ou même en dormant, c’est possible !

Chers frères et sœurs, en ce dimanche de la Parole, je termine par une triple expérience, une triple encouragement, car c’est la parole de Dieu qui nous appelle aujourd’hui :

  • Fréquentons régulièrement la Bible ! ce n’est pas toujours acquis chez nous, Catholiques. Nous devons l’ouvrir non seulement devant l’Autel mais aussi à la maison, car l’appel personnel que Dieu nous adresse est personnel, et si nous ne la nous ne la fréquentons pas, on ne pourra pas le découvrir. C’est bien par elle que Jésus passe, tous les jours, dans notre vie. Nous pouvons par exemple lire l’évangile dominical que la liturgie nous propose, s’arrêter, prendre des notes, pourquoi pas faire sa petite homélie en retenant telle ou telle point qui m’aide à vivre…
  • Demander à Jésus de mieux nous connaître et repérer nos talents plus ou moins cachés, nos charismes, les recevoir les uns des autres, les nommer et les faire fructifier, les célébrer parce que Jésus passe toujours par nos charismes et nos talents.
  • Ouvrir nos oreilles aux appels du monde sans rester dans la passivité. Nous demander quels sont les besoins dans le monde, dans notre famille, dans notre quartier, notre village ou notre pays, se laisser interpeller par la Seigneur pour telle ou telle mission qui va aider les autres à mieux vivre.

Avec l’aide de la Vierge-Marie et selon les mots de Saint Paul, ne restons pas seulement à un état de vie, à une profession, mais allons plus loin, faisons confiance en Jésus, renouvelons notre joyeuse espérance en Lui, n’ayons pas peur de renouveler notre réponse à Jésus. Prenons un temps de silence pour redire au Seigneur :

« Me voici Seigneur tel que je suis, avec mes défauts et mes qualités. Aide-moi à voir tu veux que je coopère au salut du monde et de mes frères. Aide-moi à mettre toujours mieux mes pas dans tes pas, en lisant et en méditant Ta parole. »

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 8,23b.9,1-3.
  • Psaume 27(26),1.4abcd.13-14.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 1,10-13.17.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 4,12-23 :

    Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : ‘Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée.’
    À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »
    Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs.
    Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
    Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
    De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela.
    Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent.

Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.