Homélie du 3e dimanche du Temps Ordinaire

28 janvier 2019

Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »

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Texte de l’homélie :

Chers frères et sœurs, avec ce 3e dimanche du temps ordinaire, nous commençons la lecture de l’évangile de saint Luc (chaque année, pour le 2e dimanche du temps ordinaire, nous avons un évangile de saint Jean : Cana, appel des disciples, …). C’est le début de la vie apostolique de Jésus.

Qu’annonce-t-il ? La Bonne Nouvelle ! Comme vous le savez, « évangile » signifie « bonne nouvelle ». C’est ce que nous retrouvons dans le passage d’Isaïe que Jésus s’approprie :

« L’Esprit du Seigneur (…) m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. »

Qu’est-ce que vous considérez comme bonne nouvelle ? Gagner au loto ? Bien évidemment, c’est une bonne nouvelle pour celui a du mal à joindre les 2 bouts… Guérir d’une maladie ? Qu’il y ait de la neige quand on va skier et du soleil quand on part en vacances l’été ?
Il y a de fait une quantité de bonnes nouvelles. Mais quelle est pour vous la bonne nouvelle par excellence ?

Saint Matthieu nous le dit à sa manière au début de la vie publique de Jésus, lorsqu’il offre la charte des béatitudes : la bonne nouvelle, c’est avoir part au royaume des Cieux ; c’est être consolé, recevoir la terre en héritage, être rassasié, obtenir miséricorde, voir Dieu, être appelé fils de Dieu (cf. Mt 5, 3-10).

Dans l’évangile de Saint Marc, la bonne nouvelle se traduit par le fait que le front du mal recule.

Saint Luc nous l’exprime d’une manière complémentaire dans l’évangile que nous avons lu aujourd’hui et qui était une Parole vraiment fondatrice pour Saint Vincent de Paul par exemple :

« L’Esprit du Seigneur (…) m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. » (Lc 4 ; cf. Mt 11, 5)

Saint Luc a déjà employé ce mot un peu plus tôt dans son évangile. Gabriel s’est adressé ainsi à Zacharie :

« J’ai été envoyé pour te parler, et pour t’annoncer cette bonne nouvelle. » (Lc 1, 19)

Les anges ont aussi dit aux bergers :

« Ne craignez point ; car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple le sujet d’une grande joie. » (Lc 2, 10)

On le verra un peu plus loin dans l’évangile de saint Luc :

« Jésus allait de ville en ville et de village en village, prêchant et annonçant la bonne nouvelle du royaume de Dieu. » (Lc 8, 1)

Avec vous, je voudrais regarder 3 facettes de cette bonne nouvelle qui nous est offerte en Jésus :

1 - « Annoncer aux captifs leur libération »

Libération de nos péchés : nous savons que nous sommes prisonniers de certains comportements dont nous ne sommes pas fiers et dont nous avons souvent bien du mal à nous sortir. Nous avons besoin d’être libérés intérieurement de la jalousie, de la rancune, de la colère, de l’impureté, de la convoitise, de l’attachement à l’argent qui de moyen devient une fin.
Dans tout cela, Jésus nous donne une espérance. Il y a tellement de liens intérieurs qui nous empêchent d’être heureux alors que matériellement, pour la plupart d’entre nous, nous avons tout ce qu’il faut…

Libération de l’enfermement dans les réalités terrestres : les biens matériels sont quelquefois un vrai piège. Un psaume le dit de manière assez crue :

« L’homme comblé qui n’est pas clairvoyant ressemble au bétail qu’on abat. » (Ps 48, 21)

Mais Jésus le dit aussi :

« Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Et que pourra-t-il donner en échange de sa vie ? » (Mt 16, 26 ; cf. Mc 8, 36)

Jésus a dit en parlant des gens qui vivaient au temps de Noé, avant que le déluge vienne sur la terre engloutissant tout être vivant et de ceux qui habitaient la région de Sodome et Gomorrhe, avant que le feu du ciel embrase la contrée, qu’ils travaillaient, mangeaient, buvaient, construisaient des maisons, se mariaient, mariaient leurs enfants et ne se doutaient pas que la mort et la destruction allaient survenir soudainement sur eux (cf. Lc 17, 27).
Il parle aussi d’un homme qui avaient fait une excellente récolte et se réjouissait d’en profiter, sans réfléchir à sa mort imminente et au salut de son âme (cf. Lc 12, 20).

C’est une vraie libération que de ne plus être enfermé dans un horizon seulement matériel mais de s’ouvrir à Dieu à l’image de qui nous sommes faits. Quelle bonne nouvelle que de pouvoir vivre dans l’intimité avec Dieu, de pouvoir dire comme Saint Paul :

« Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. » (Ga 2, 20)

2 - « Annoncer aux aveugles qu’ils retrouveront la vue »

Nous sommes bien souvent aveugles sur les grâces et bienfaits de Dieu (et des autres) que nous recevons quotidiennement. Jésus nous offre un nouveau regard. Je vous propose un petit exercice très simple : noter chaque soir 3 belles choses, 3 grâces, 3 bienfaits, que vous avez reçus pendant votre journée. Il ne suffit pas d’y penser dans votre tête ; il faut l’inscrire dans un petit carnet ou sur votre smartphone.
Au bout de quelques jours, vous verrez combien les bienfaits de Dieu sont nombreux. Que de bonnes nouvelles !

Dans notre vie chrétienne, nous sommes appelés à regarder le bien plus que le mal, Dieu plus que le démon, …
Par dessus tout, nous sommes invités à ouvrir les yeux sur l’amour de Dieu pour nous. Quelle meilleure nouvelle que d’avoir quelqu’un qui nous aime même quand nous ne sommes pas les meilleurs ! L’évangile est une bonne nouvelle parce qu’il révèle l’amour de Dieu pour le monde, sa volonté de sauver tous les êtres humains.

« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. » (Jn 3, 16)

Nous sommes tentés de nous habituer à l’amour de Dieu. Il y a un beau verset des lamentations qui dit ceci :

« Grâce à l’amour du Seigneur, nous ne sommes pas anéantis ; ses tendresses ne s’épuisent pas ; elles se renouvellent chaque matin, – oui, ta fidélité surabonde. » (Lm 3, 22-23)

Cela est vrai aussi de votre conjoint, des membres de votre famille, de nos amis ou de votre communauté : nous avons trop tendance à nous habituer à leur amour.
Il est bon de prendre conscience que cet amour ne va pas de soi mais qu’il se renouvelle chaque matin, qu’il est chaque jour nouveau.

3 - « Porter la Bonne Nouvelle aux pauvres »

L’évangile ne nous invite jamais à nous renfermer sur nous-mêmes. Nous faisons partie d’un peuple, d’un corps comme le disait si bien Saint Paul dans la deuxième lecture. Qu’il est bon de pouvoir dire à un membre de notre famille ou de notre communauté : je suis heureux que tu sois là. Sans toi, je serai amputé d’un membre.
La deuxième lecture nous invite à voir les autres comme un don pour moi et non pas quelqu’un qui me gêne ou qui me fait concurrence.

Jésus nous invite à être porteurs de bonnes nouvelles pour les autres. Il y a bien des manières d’évangéliser, plus ou moins explicites. L’une de ses manières, c’est d’aider les autres à prendre conscience du bien qui advient dans leur vie. Ce bien a une origine : notre Dieu qui est tout amour.

Une manière de porter la Bonne Nouvelle aux autres, c’est de prendre à contre-pied cette fâcheuse tendance à médire ou calomnier. Médire ou calomnier, c’est être propagateur de mauvaises nouvelles. Le pape François parle à ce sujet de terrorisme :

« Les médisances sont du terrorisme : on lance une bombe, on détruit et on s’enfuit. » (16 nov 2017)

Ces médisances sont précédées par une forme de jugement où l’on condamne les autres plutôt que de les sauver.
Jésus est venu juste pour l’inverse : non pas condamner mais sauver. Il nous invite à user de paroles de consolation, d’encouragement, de bienveillance, d’espérance.

Conclusion :

Demandons à Marie de nous aider à nous libérer de l’emprise de la terre, de nous donner un nouveau regard et d’être porteurs de bonnes nouvelles auprès des autres. C’est ce qu’Elle a fait entre autres à la Visitation.
Que Marie nous aide à nous laisser pénétrer cette bonne nouvelle que Jésus est venu nous apporter ! Qu’Elle nous aide à apprécier cette belle vocation que nous avons à la suite de Jésus : annoncer des bonnes nouvelles !

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de Néhémie 8,2-4a.5-6.8-10.
  • Psaume 19(18),8.9.10.1.
  • Première lettre saint Paul Apôtre aux Corinthiens 12,12-30.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 1,1-4.4,14-21 :

Beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole.
C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, d’écrire pour toi, excellent Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus.

Lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge.
Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture.
On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit :
‘L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.’

Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.
Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »