Homélie du 4e dimanche de Carême (Laetare)

16 mars 2015

« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. »

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Texte de l’homélie

Chers frères et sœurs,

Ne pensez-vous pas que la première lecture nous parle assez bien de la situation actuelle du monde ? les gens multiplient les infidélités à l’égard de Dieu ; ils profanent beaucoup de choses sacrées ; ils promulguent des lois qui vont à l’encontre de la loi naturelle…
Face à cela, Dieu ne se lasse pas de leur offrir des messagers de son amour, mais ils les tournent en dérision, méprisent leurs paroles en les considérant comme des attardés, se moquent d’eux. Lorsqu’ arrivent des attentats, des guerres terribles, une crise économique, un contexte professionnel toujours plus stressant, de grandes difficultés humaines liées à la destruction de la famille… lorsqu’ arrivent toutes ces choses, les gens se mettent encore à accuser Dieu. Ils veulent de plus en plus l’écarter de la vie de la société.

Je ne veux pas en rester à me lamenter sur la situation du monde : il est toujours plus facile de voir ce qui ne va pas à l’extérieur de nous. Or, la conversion commence par moi-même. Pour cela, je retiendrai 3 éléments dans les textes de la Parole de Dieu : Dieu nous invite à nous arrêter pour faire le point ; Dieu ne nous condamne pas mais nous aime infiniment ; Dieu ne nous convertit pas contre notre gré : cela suppose de notre part une attitude de foi.

Savoir s’arrêter pour faire le point

Plutôt que de s’enfoncer toujours un peu plus dans le sens du mal, il vaut mieux s’arrêter pour faire le point. N’y aurait-il pas un lien entre le fait de refuser à Dieu le droit de régner en nous et les difficultés que nous rencontrons. Le monde n’irait-il pas tellement mieux si l’homme avait l’humilité de se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu, de notre Dieu d’amour. Jérémie a cette parole extraordinaire :

« Est-ce bien moi qu’ils offensent ? dit Dieu ; n’est-ce pas plutôt eux-mêmes ? Et ils devraient en rougir. » (Jr 7, 19).

Particulièrement en ce temps de carême, nous sommes invités à savoir nous arrêter pour relire notre vie, nous remettre en question, accepter de reconnaître ce que nous faisons de mal, reconnaître que Dieu pourrait bien nous reprocher certaines choses : « il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées ».
Pour cela, comme le fils prodigue et comme le chante le psaume responsorial, il nous est bon de garder en nous une nostalgie de la maison de Dieu.
Notre Dieu n’est pas un Dieu qui punit. Mais comme un éducateur, il nous laisse aussi assumer les conséquences de nos actes. Il ne nous déresponsabilise pas.

Prendre conscience de l’amour de Dieu

Combien l’amour de Dieu est grand ! Que le contraste est saisissant entre la bonté de Dieu et le péché des hommes ! Dieu ne nous aime pas seulement quand tout va bien, quand nous sommes des enfants sages. Il est comme les parents qui n’aiment pas leurs enfants seulement quand ils sont tout petits et tout mignons mais aussi quand ils font les 400 coups. Une chose est d’aimer quelqu’un qui nous est agréable, qui nous aime, qui nous fait du bien ; autre chose est d’aimer quelqu’un qui nous a fait du mal.

Dieu nous a créés. Il n’y était pas obligé. La création résulte d’un débordement de son amour pour nous. Mais Dieu ne se limite pas à nous aimer de manière désintéressée : il nous aime même quand nous lui faisons mal.

Le Père Maximilien Kolbe s’est proposé pour mourir de faim à la place d’un brave père de famille. Jésus a fait plus encore : il s’est offert à la Croix pour ceux qui l’insultaient et le rejetaient. C’est ce que nous dit saint Paul :

« Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les impies que nous étions. Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile ; peut-être quelqu’un s’exposerait-il à mourir pour un homme de bien. Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs. » (Rm 5, 6-8)


Comme le dit très bien saint Paul : c’est un don gratuit : « C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés (…). Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas de vos actes, il n’y a pas à en tirer orgueil. »

Notre Dieu est pardon. Comme aimait le répéter le curé d’Ars, nous nous lasserons plus vite de lui demander pardon que Lui de nous pardonner. C’est plus fort que lui. Il est fait comme cela. Sa toute-puissance est de l’ordre de la miséricorde pas de la force brutale :

« Dieu, qui donnes la preuve suprême de ta puissance lorsque tu patientes et prends pitié, sans te lasser, accorde-nous ta grâce ».

L’objectif très clair du bon Dieu, c’est de nous sauver. Ce n’est jamais de nous détruire.

« Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »


Comment ne pas se confondre en remerciements devant un don tellement immérité. Avec Dieu, il n’est jamais trop tard.

Mais il faut notre consentement

Si Dieu nous crée sans nous, il ne nous sauve pas sans notre consentement. D’où le mot qu’ajoute saint Paul :

« C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, à cause de votre foi. »

Cela revient aussi de façon insistante dans l’Évangile où le mot « croire » revient 5 fois :

« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. »

L’épisode du serpent de bronze l’exprime de façon imagée. Cet épisode a lieu dans le désert du Sinaï pendant l’Exode à la suite de Moïse.

« Le peuple vint trouver Moïse en disant ’Nous avons péché en critiquant le Seigneur et en te critiquant ; intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents !’
Moïse intercéda pour le peuple et le Seigneur lui dit : "Fais faire un serpent brûlant (c’est-à-dire venimeux) et fixe-le à une hampe : quiconque aura été mordu et le regardera aura la vie sauve".
Moïse fit un serpent d’airain et le fixa à une hampe ; et lorsqu’un serpent mordait un homme, celui-ci regardait le serpent d’airain et il avait la vie sauve. » (Nb 21, 7 – 9).

De la même manière qu’il suffisait de lever les yeux avec foi vers le Dieu de l’Alliance pour être guéri physiquement, désormais, il suffit de lever les yeux avec foi vers le Christ en croix pour obtenir la guérison intérieure. C’est le même Jean qui dira, au moment de la crucifixion du Christ :

« Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé » (Jn 19, 37).

Ils « lèveront les yeux », cela veut dire « ils croiront en Lui, ils reconnaîtront en lui l’amour même de Dieu ».

Conclusion

Dans le prolongement du passage d’Évangile, n’hésitons pas à mettre à l’honneur les croix dans nos maisons, sur nous. Le carême est l’occasion ou jamais de regarder la croix avec un regard renouvelé. Elle est le symbole suprême de l’amour. C’est pourquoi n’ayons pas peur de la porter avec fierté.
Que Marie nous aide à nous arrêter pour faire le point sur notre vie, qu’elle nous aide à mieux prendre conscience de l’amour de Dieu pour nous, qu’elle nous aide à avoir foi en cet amour sauveur.

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Deuxième livre des Chroniques 36,14-16.19-23.
  • Psaume 137(136),1-2.3.4-5.6.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens 2,4-10.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 3,14-21 :

En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème :
« De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.
Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

Qu’est ce que le dimanche « Laetare » ?