Homélie du 4e dimanche de Carême

20 mars 2012

Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.

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Texte de l’homélie :

« La Lumière est venue dans le monde. Les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. »

Frères et sœurs bien-aimés,

voici l’un des appels de ce quatrième dimanche de Carême.
Après l’appel à la conversion du Mercredi des Cendres - à l’aumône, à la prière, à la pénitence - puis à l’invitation d’aller au désert avec Jésus et à entrer dans le combat spirituel, nous avons pris conscience de l’amour infini de Dieu pour chacun d’entre nous. Ainsi, le péché n’est plus un obstacle entre Dieu et nous, mais le motif de notre Salut. Le commandement nouveau, celui de l’Amour, accomplit parfaitement par la Loi : Le Seigneur nous invite à aimer à temps et à contre temps.

Jésus, la Lumière du Monde

Aujourd’hui, nous le découvrons lumière. Nous faisons tous l’expérience de la lumière en opposition à l’obscurité. Un lieu obscur et noir fait peur, même aux plus courageux. Promenons-nous la nuit dans une forêt par une nuit sans lune, le moindre bruit fait monter en nous l’adrénaline, la peur et l’angoisse. Alors qu’en plein jour, lorsque le soleil brille, tout semble beau et à portée de main. On comprend les choses qui nous entourent.

Dans cet évangile du quatrième dimanche de Carême, nous sommes sollicités dans notre foi pour entrer dans une attitude de confiance et d’abandon, d’adoration vis à vis de Dieu. Ce serpent de bronze qui fut élevé dans le désert par Moïse et qui guérissait tous ceux qui le regardaient, cela peut nous sembler étrange, anachronique. Pourquoi Saint Jean nous parle t-il de ce serpent ?

Il nous faut renaître d’En Haut

Ce passage de l’Évangile selon Saint Jean se trouve dans la continuité de Jésus avec Nicodème. Ce notable juif qui est venu voir Jésus de nuit, et qui désire comprendre qui Il est. La réponse de ce dernier le confond d’autant plus qu’Il lui parle de naître d’eau et d’esprit. Sans cela, nul ne peut entrer au Royaume. Comment cela peut-il se faire ? et Jésus d’ajouter :

« Mais, vous n’accueillez pas notre témoignage. Si vous ne croyez pas quand je vous dis les choses de la Terre, comment croirez-vous quand je vous dirai les choses du Ciel ? »

Et pour expliciter son propos, Jésus donne l’exemple de Moïse et du serpent : Il va faire le parallèle entre le serpent dressé dans le désert et lui-même, lorsqu’Il sera cloué sur la Croix, dressé sur le Monde pour la rémission des péchés.

« Car Dieu a tant aimé le Monde qu’Il a donné son Fils unique . Ainsi, tout homme qui croit en Lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. »

Nous préparer à participer à la Vie Éternelle

Frères et sœurs, croyons-nous à la réalité de ce salut, de cette vie éternelle que Dieu veut nous donner, à laquelle Il veut nous faire participer ? Croire en ce salut n’est pas déraisonnable. Cela n’est pas non plus démission de notre existence, ce n’est pas fuir la réalité de ce Monde, ou de se réfugier dans un avenir hypothétique. Ce n’est pas faire comme l’autruche : mettre la tête dans le sable et attendre que le danger passe…

Celui qui croit doit s’attendre à mettre ses pas dans les pas du Christ. Il aura à affronter le Péché, la Mort et l’Adversaire. Nous ne sommes pas plus grands que notre maître. Ce qu’Il a vécu, nous sommes aussi appelés à le vivre chacun à sa mesure. Mais, Celui en qui nous croyons a déjà remporté la victoire et nous a promis Son aide.

L’enjeu que nous vivons chaque jour, c’est notre vie éternelle. Croyons-nous que Jésus est le Fils de Dieu, qu’Il a vaincu la mort, et qu’Il est ressuscité, qu’Il nous a ouvert les portes du Paradis.

Dieu nous a créés libres

Nul n’entrera dans le Royaume s’il ne le désire pas. Dieu nous a créés avec la liberté, cette capacité que nous avons de choisir entre le bien et le mal, et devant notre liberté, Dieu ne peut rien. Il est désarmé. Lorsque nous méditons sur le mystère de la Passion et de la Résurrection de Notre Seigneur, nous pouvons être frappés devant cette dimension de l’impuissance de Dieu face à l’Homme.

Dans les Évangiles, lorsque Jésus guérit, Il ne le fait jamais en violant la liberté de celui qui est en face de Lui. Toujours, Il attend de l’autre une adhésion, une coopération de la part de l’autre à sa guérison. Sur la Croix, Jésus est élevé de terre, et Sa position symbolise la plus extrême impuissance. Et pourtant, c’est là qu’Il nous sauve, qu’Il nous donne Sa lumière qui naîtra à la Résurrection et resplendira pour toujours.

Si nous ouvrons nos cœurs et que nous entrons dans le mystère de la Croix, alors la foi pourra prendre racine en nous. Car le Christ est la Vie, et Il la donne à tous ceux qui croient en Lui. Saint Augustin nous aide à entrer dans ce mystère dans ce passage de son commentaire de l’Évangile de Saint Jean :

« Le Christ est la Vie. Et pourtant, Il est mis en Croix.
Le Christ est la Vie. Et pourtant, Il est mort
Mais, dans le mort du Christ, la Mort est morte.
En mourant, la Vie a tué la mort.
La plénitude de la Vie a englouti la Mort.
La mort a été absorbée dans le corps du Christ. »

Mais, nous aussi dans la Résurrection, quand nous chanterons le chant triomphal : « Ô Mort, où est ta victoire ? Ô Mort, où est ton aiguillon ? » (Première épître aux Corinthiens)

Le remède contre le péché, c’est de regarder le Christ en Croix. C’est pour cela que pendant le Carême, l’Église nous invite à faire le point sur notre vie de plusieurs manières :

Par le sacrement de la Réconciliation

La première, c’est de rencontrer le Christ dans le sacrement de la Réconciliation. Le rencontrer, car c’est Lui qui vient absoudre, qui vient effacer et guérir ce qui est un obstacle entre moi et Le Père. Nous devons le faire – il est vrai – par l’intermédiaire de son ministre qui est un prêtre, et qui servira de canal à la Grâce. Le prêtre n’est qu’un instrument au service de Dieu, il fait l’intermédiaire entre le Ciel et la Terre. Il est le canal ordinaire de la Grâce. Se confesser, c’est aller à la rencontre du Bon Pasteur des âmes.

Par la fidélité dans la prière

Une deuxième manière de faire le point sur notre vie, c’est d’intensifier notre prière. Pendant ce temps de Carême, nous pouvons faire la lecture de la Passion. Saint Paul de la Croix recommandait la lecture régulière de la Passion à ceux qui voulaient progresser dans la vie spirituelle. Dans le récit de la Passion, l’âme découvre l’immense amour du Fils pour l’homme et combien le péché empêche l’âme de s’élever, de rentrer dans la réalité de la vie spirituelle à laquelle nous sommes appelés. Et les chrétiens ont bien compris les bienfaits qu’il y a dans la méditation de la Passion, notamment dans la pratique du chemin de Croix. Ce dernier, bien fait avec attention et désir de se pénétrer des sentiments de Notre Seigneur, est profitable à l’âme.

Notre salut, frères et sœurs, est un mystère d’amour. Ce n’est qu’une histoire d’amour entre l’Homme et Dieu, et surtout entre Dieu et l’Homme. Il n’y a rien d’autre. Lorsque l’on est amoureux, les paroles sont superflues. Les actes parlent d’eux-mêmes, et le seul fait d’être avec l’autre, de le savoir là, est suffisant à notre bonheur.
Dieu est là, Il se donne à nous, Il est avec nous,

Amen.


Références des lectures du jour :

  • Deuxième livre des Chroniques 36,14-16.19-23.
  • Psaume 137(136),1-2.3.4-5.6.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens 2,4-10.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 3,14-21 :

De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle.

Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.

Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.

En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées ; mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu. »