Homélie du dimanche des Rameaux et de la Passion

30 mars 2015

« C’est fait ; l’heure est venue : voici que le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs. »

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Texte de l’homélie :

En ce dimanche de la Passion, j’aimerais vous parler du courage.
Aristote, philosophe grec, plusieurs siècles avant Jésus, lorsqu’il parle du courage, nous dit : « Le fait d’être courageux se manifeste de deux manières. La première manière, c’est de tenir dans l’épreuve, dans une situation difficile, de ne pas lâcher, de persévérer. Mais il est une deuxième manière de se montrer courageux, c’est d’aller au-devant d’une situation difficile parce que justement il y a un bien en jeu qui dépasse parfois même ma propre vie. »

Jésus s’avance vers sa Passion, volontaire. La Passion est tout sauf subie de la part du Christ : elle est décidée, elle est choisie pour accomplir l’œuvre du Père. Et on voit bien le Seigneur, au moment de l’agonie, juste avant d’être saisi par les soldats, qui a ce combat intérieur : est-ce que je vais accomplir l’œuvre du Père ? - Père éloigne de moi cette coupe (dans d’autres Évangiles).
C’est dans son humanité, évidemment, qu’Il a son combat. Ce combat pour accueillir la volonté de Dieu, la volonté du Père. Et en même temps, il entrevoit la difficulté de ce qu’il va vivre tout au long de sa Passion.

Cette agonie (« combat » en grec) est le point central de tout le récit que nous venons d’entendre. Et si vous avez le temps de relire cet Évangile, et c’est encore plus vrai dans Saint Jean, après l’agonie, une fois que le cœur de Jésus, son humanité, sont complètement donnés à la volonté du Père, tout cède devant Lui. Il avance triomphant, tel un Pasteur qui avance au-devant de son troupeau, dans le courage et dans l’amour. Et en face de Lui, tout s’effondre. Dans l’Évangile de Saint Jean, vous vous rappelez cet épisode où les soldats, quand Jésus dit qu’Il est Jésus de Nazareth, les soldats eux-mêmes s’effondrent, tombent. Et puis, on le voit, les faux témoignages se contredisent. Tout s’écroule, une fois que le Christ a dit oui à sa Passion volontaire, qu’Il a dit oui à l’amour qu’Il veut manifester jusqu’au bout.

On le sait, courage et amour sont bien souvent synonymes. Nous avons dans notre assemblée une cinquantaine de fiancés, en retraite de préparation au mariage, et c’est providentiel que cette retraite ait lieu lors du dimanche des Rameaux et de la Passion. Parce que pour former un couple aujourd’hui, selon le cœur de Dieu, un couple dans la foi catholique, enraciné dans l’Évangile, il faut du courage. Le courage de la fidélité, le courage de la durée, le courage d’accueillir la vie telle qu’elle se manifeste et de la donner, le courage de témoigner aussi, dans votre propre environnement de votre attachement au Christ.
Vous êtes, chers fiancés, et vous le pressentez, minoritaires dans notre société, qui est une société du jetable, du zapping, tant au niveau des relations personnelles qu’amoureuses… Oui, il vous faut du courage, pour pouvoir un jour vous engager et vous donner le consentement l’un à l’autre. Il faut le courage d’aller au-devant de quelque chose qui parfois vous paraîtra difficile, comme par exemple la fidélité, comme par exemple de durer avec quelqu’un. Avec le temps, parfois, il y a une forme d’émoussement de notre propre désir, de notre propre émerveillement que vous avez pu avoir au début de votre rencontre. Il faut demander au Seigneur cette grâce, il faut s’appuyer sur la Passion du Christ, et c’est capital. Pour aller vers quelque chose de difficile, nous nous appuyons sur le Seigneur.

Et comment s’appuyer sur le Seigneur ? Essentiellement par l’écoute de sa Parole, et singulièrement le récit de la Passion, mais aussi et surtout par l’Eucharistie, appelée « le pain des forts ». Parce que oui, nous sommes tentés comme tout un chacun.
Et je me souviens de cette jeune fille qui me disait :
« J’ai parfois envie de tout envoyer balader dans ma foi, je me sens tellement seule dans ce monde étudiant. Et puis, est-ce que je ne me fais pas des nœuds dans la tête, j’ai une exigence intérieure, j’ai une exigence dans les relations amoureuses, une exigence personnelle. Alors que les autres vivent comme ça, et je vois que ce n’est pas si mal, et je me dis : au fond, pourquoi durer ? »

Et cette tentation, nous pourrons l’avoir, vous pourrez l’avoir, chers fiancés : ce n’est pas facile de suivre le Seigneur. Cela demande une véritable détermination, un enracinement de la volonté, et aujourd’hui, ce qui manque dans l’éducation, c’est en grande partie l’éducation au courage. On est beaucoup dans la recherche de l’épanouissement personnel, du développement personnel. Mais il est parfois des circonstances où ce n’est pas notre propre plaisir qu’il faut accomplir, parce qu’il y a un bien en jeu qui est supérieur même peut-être à notre propre vie, comme on le voit avec le Salut du monde dans ce récit de la Passion.

Oui, frères et sœurs bien aimés, nous sommes invités chacun à redoubler de courage à l’entrée de cette grande semaine, à demander au Seigneur qu’il nous fortifie, parce que nous pouvons avoir la tentation de laisser tomber, de nous éloigner, d’avoir tout simplement une paresse spirituelle qui fait qu’au fond, je ne suis pas dans une attitude de suite du Christ authentique. Je me laisse aller, influencé par les courants, par les modes, et je choisis quelque chose d’un peu tiède… mais ce n’est pas ça l’Évangile.

Quand nous avons cette tentation de nous éloigner ou de tout envoyer par-dessus bord, tant dans la vie matrimoniale que dans la vie religieuse que dans la vie chrétienne, pensons un instant à cette parole de Saint Pierre :

« A qui irions-nous, Seigneur ? »

Y a-t-il un autre chemin qui soit plus grand que celui que nous propose le Christ ?

Chers fiancés, l’Église prend très au sérieux votre amour et c’est pour cela qu’elle met beaucoup d’énergie, avec la pauvreté de ses moyens, pour accompagner les fiancés vers le mariage et leur donner toutes les clés nécessaires pour durer. Oui, le Christ a confiance dans notre amour, dans votre amour chers fiancés. Il nous appelle à une grandeur de vie : « Y a-t-il un autre chemin ? »… Y a-t-il un autre chemin qui dilate notre cœur, qui met l’amour dans une dimension la plus élevée comme nous y invite le Seigneur dans cet amour jusqu’au bout ?

Rappelons-nous aussi de ceux qui souffrent à cause du Christ, et l’actualité nous rappelle trop souvent ces chrétiens d’Orient persécutés qui, par amour de Jésus, se livrent. Cette vidéo terrible de mise en scène macabre, ces 21 Coptes égorgés conduits par leurs propres bourreaux au bord de la plage, ils étaient paisibles, ils ont dit, et les témoignages sont là…

« Jésus, je m’abandonne à Toi. »

Nous avons besoin des témoignages justement pour durer, pour nous enraciner dans la foi. Nous montons sur les épaules des géants que sont les Saints et qui nous précèdent, nous montons sur les épaules de ceux qui, dans la vie matrimoniale, enracinés dans le Christ, ont perduré. Oui, portons ce témoignage de fidélité dans un amour qui dure, dans un amour qui va à la rencontre de quelque chose de difficile (comme par exemple l’éducation des enfants, grande source de joie, mais on sait bien qu’éduquer un enfant à la lumière de l’Évangile, c’est quelque chose de difficile). La vie chrétienne elle-même nous demande beaucoup et nous invite sans cesse au dépassement.

Oui, frères et sœurs, en ce jour où nous contemplons Jésus qui se donne jusqu’au bout, demandons la grâce d’être les témoins d’un Dieu qui nous appelle des ténèbres à son admirable lumière.

Amen.


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 50,4-7.
  • Psaume 22(21),8-9.17-18a.19-20.22c-24a.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 2,6-11.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 14,1-72.15,1-47 :

La fête de la Pâque et des pains sans levain allait avoir lieu deux jours après. Les grands prêtres et les scribes cherchaient comment arrêter Jésus par ruse, pour le faire mourir.
Car ils se disaient : « Pas en pleine fête, pour éviter des troubles dans le peuple. »
Jésus se trouvait à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux. Pendant qu’il était à table, une femme entra, avec un flacon d’albâtre contenant un parfum très pur et de grande valeur. Brisant le flacon, elle lui versa le parfum sur la tête.
Or, de leur côté, quelques-uns s’indignaient :
— « À quoi bon gaspiller ce parfum ? On aurait pu, en effet, le vendre pour plus de trois cents pièces d’argent, que l’on aurait données aux pauvres. »
Et ils la rudoyaient. Mais Jésus leur dit :
— « Laissez-la ! Pourquoi la tourmenter ? Il est beau, le geste qu’elle a fait envers moi.
Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, et, quand vous le voulez, vous pouvez leur faire du bien ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours.
Ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait. D’avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement.
Amen, je vous le dis : partout où l’Évangile sera proclamé – dans le monde entier –, on racontera, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire. »
Judas Iscariote, l’un des Douze, alla trouver les grands prêtres pour leur livrer Jésus.
À cette nouvelle, ils se réjouirent et promirent de lui donner de l’argent. Et Judas cherchait comment le livrer au moment favorable.
Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent :
— « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? »
Il envoie deux de ses disciples en leur disant :
— « Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre.
Suivez-le, et là où il entrera, dites au propriétaire : “Le Maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?”
Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. »
Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque.
Le soir venu, Jésus arrive avec les Douze.
Pendant qu’ils étaient à table et mangeaient, Jésus déclara :
— « Amen, je vous le dis : l’un de vous, qui mange avec moi, va me livrer. »
Ils devinrent tout tristes et, l’un après l’autre, ils lui demandaient :
— « Serait-ce moi ? »
Il leur dit :
— « C’est l’un des Douze, celui qui est en train de se servir avec moi dans le plat.
Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! »
Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. »
Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous.
Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude.
Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. »
Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers. Jésus leur dit :
— « Vous allez tous être exposés à tomber, car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées.
Mais, une fois ressuscité, je vous précéderai en Galilée. »
Pierre lui dit alors :
— « Même si tous viennent à tomber, moi, je ne tomberai pas. »
Jésus lui répond :
— « Amen, je te le dis : toi, aujourd’hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. »
Mais lui reprenait de plus belle :
— « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. »
Et tous en disaient autant.
Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémani. Jésus dit à ses disciples :
— « Asseyez-vous ici, pendant que je vais prier. »
Puis il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commence à ressentir frayeur et angoisse. Il leur dit :
— « Mon âme est triste à mourir. Restez ici et veillez. »
Allant un peu plus loin, il tombait à terre et priait pour que, s’il était possible, cette heure s’éloigne de lui.
Il disait : « Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! »
Puis il revient et trouve les disciples endormis. Il dit à Pierre :
— « Simon, tu dors ! Tu n’as pas eu la force de veiller seulement une heure ?
Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. »
De nouveau, il s’éloigna et pria, en répétant les mêmes paroles.
Et de nouveau, il vint près des disciples qu’il trouva endormis, car leurs yeux étaient alourdis de sommeil. Et eux ne savaient que lui répondre. Une troisième fois, il revient et leur dit :
— « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer. C’est fait ; l’heure est venue : voici que le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs.
Levez-vous ! Allons ! Voici qu’il est proche, celui qui me livre. »
Jésus parlait encore quand Judas, l’un des Douze, arriva et avec lui une foule armée d’épées et de bâtons, envoyée par les grands prêtres, les scribes et les anciens.
Or, celui qui le livrait leur avait donné un signe convenu :
— « Celui que j’embrasserai, c’est lui : arrêtez-le, et emmenez-le sous bonne garde. »
À peine arrivé, Judas, s’approchant de Jésus, lui dit :
— « Rabbi ! » Et il l’embrassa.
Les autres mirent la main sur lui et l’arrêtèrent.
Or un de ceux qui étaient là tira son épée, frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille.
Alors Jésus leur déclara :
— « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus vous saisir de moi, avec des épées et des bâtons ?
Chaque jour, j’étais auprès de vous dans le Temple en train d’enseigner, et vous ne m’avez pas arrêté. Mais c’est pour que les Écritures s’accomplissent. »
Les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent tous.
Or, un jeune homme suivait Jésus ; il n’avait pour tout vêtement qu’un drap. On essaya de l’arrêter. Mais lui, lâchant le drap, s’enfuit tout nu.
Ils emmenèrent Jésus chez le grand prêtre. Ils se rassemblèrent tous, les grands prêtres, les anciens et les scribes.
Pierre avait suivi Jésus à distance, jusqu’à l’intérieur du palais du grand prêtre, et là, assis avec les gardes, il se chauffait près du feu.
Les grands prêtres et tout le Conseil suprême cherchaient un témoignage contre Jésus pour le faire mettre à mort, et ils n’en trouvaient pas.
De fait, beaucoup portaient de faux témoignages contre Jésus, et ces témoignages ne concordaient pas.
Quelques-uns se levèrent pour porter contre lui ce faux témoignage :
« Nous l’avons entendu dire : “Je détruirai ce sanctuaire fait de main d’homme, et en trois _ jours j’en rebâtirai un autre qui ne sera pas fait de main d’homme.” »
Et même sur ce point, leurs témoignages n’étaient pas concordants.
Alors s’étant levé, le grand prêtre, devant tous, interrogea Jésus :
— « Tu ne réponds rien ? Que dis-tu des témoignages qu’ils portent contre toi ? »
Mais lui gardait le silence et ne répondait rien. Le grand prêtre l’interrogea de nouveau :
— « Es-tu le Christ, le Fils du Dieu béni ? »
Jésus lui dit :
— « Je le suis. Et vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant, et venir parmi les nuées du ciel. »
Alors, le grand prêtre déchire ses vêtements et dit :
— « Pourquoi nous faut-il encore des témoins ? Vous avez entendu le blasphème. Qu’en pensez-vous ? » Tous prononcèrent qu’il méritait la mort.
Quelques-uns se mirent à cracher sur lui, couvrirent son visage d’un voile, et le giflèrent, en disant : « Fais le prophète ! » Et les gardes lui donnèrent des coups.
Comme Pierre était en bas, dans la cour, arrive une des jeunes servantes du grand prêtre. Elle voit Pierre qui se chauffe, le dévisage et lui dit :
— « Toi aussi, tu étais avec Jésus de Nazareth ! »
Pierre le nia :
— « Je ne sais pas, je ne comprends pas de quoi tu parles. »
Puis il sortit dans le vestibule, au dehors. Alors un coq chanta.
La servante, ayant vu Pierre, se mit de nouveau à dire à ceux qui se trouvaient là :
— « Celui-ci est l’un d’entre eux ! »
De nouveau, Pierre le niait. Peu après, ceux qui se trouvaient là lui disaient à leur tour :
— « Sûrement tu es l’un d’entre eux ! D’ailleurs, tu es Galiléen. »
Alors il se mit à protester violemment et à jurer :
— « Je ne connais pas cet homme dont vous parlez. »
Et aussitôt, pour la seconde fois, un coq chanta. Alors Pierre se rappela cette parole que Jésus lui avait dite :
— « Avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. » Et il fondit en larmes.
Dès le matin, les grands prêtres convoquèrent les anciens et les scribes, et tout le Conseil suprême. Puis, après avoir ligoté Jésus, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate.
Celui-ci l’interrogea :
— « Es-tu le roi des Juifs ? »
Jésus répondit :
— « C’est toi-même qui le dis. »
Les grands prêtres multipliaient contre lui les accusations.
Pilate lui demanda à nouveau :
— « Tu ne réponds rien ? Vois toutes les accusations qu’ils portent contre toi. »
Mais Jésus ne répondit plus rien, si bien que Pilate fut étonné.
À chaque fête, il leur relâchait un prisonnier, celui qu’ils demandaient.
Or, il y avait en prison un dénommé Barabbas, arrêté avec des émeutiers pour un meurtre qu’ils avaient commis lors de l’émeute.
La foule monta donc chez Pilate, et se mit à demander ce qu’il leur accordait d’habitude. Pilate leur répondit :
— « Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? »
Il se rendait bien compte que c’était par jalousie que les grands prêtres l’avaient livré.
Ces derniers soulevèrent la foule pour qu’il leur relâche plutôt Barabbas.
Et comme Pilate reprenait :
— « Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs ? »,
de nouveau ils crièrent :
— « Crucifie-le ! »
Pilate leur disait :
— « Qu’a-t-il donc fait de mal ? »
Mais ils crièrent encore plus fort :
— « Crucifie-le ! »
Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas et, après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu’il soit crucifié.
Les soldats l’emmenèrent à l’intérieur du palais, c’est-à-dire dans le Prétoire. Alors ils rassemblent toute la garde,
ils le revêtent de pourpre, et lui posent sur la tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée. Puis ils se mirent à lui faire des salutations, en disant : « Salut, roi des Juifs ! »
Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et s’agenouillaient pour lui rendre hommage.
Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau de pourpre, et lui remirent ses vêtements. Puis, de là, ils l’emmènent pour le crucifier,
et ils réquisitionnent, pour porter sa croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs.
Et ils amènent Jésus au lieu dit Golgotha, ce qui se traduit : Lieu-du-Crâne (ou Calvaire). Ils lui donnaient du vin aromatisé de myrrhe ; mais il n’en prit pas. Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun.
C’était la troisième heure (c’est-à-dire : neuf heures du matin) lorsqu’on le crucifia.
L’inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots : « Le roi des Juifs ».
Avec lui ils crucifient deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.
[…]

Les passants l’injuriaient en hochant la tête : ils disaient :
— « Hé ! toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, descends de la croix ! »
De même, les grands prêtres se moquaient de lui avec les scribes, en disant entre eux : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même !
Qu’il descende maintenant de la croix, le Christ, le roi d’Israël ; alors nous verrons et nous croirons. » Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l’insultaient.
Quand arriva la sixième heure (c’est-à-dire : midi), l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure.
Et à la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : « Éloï, Éloï, lema sabactani ? », ce qui se traduit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
L’ayant entendu, quelques-uns de ceux qui étaient là disaient : « Voilà qu’il appelle le prophète Élie ! »
L’un d’eux courut tremper une éponge dans une boisson vinaigrée, il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire, en disant : « Attendez ! Nous verrons bien si Élie vient le descendre de là ! »
Mais Jésus, poussant un grand cri, expira.
Le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas.
Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, déclara : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! »
Il y avait aussi des femmes, qui observaient de loin, et parmi elles, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques le Petit et de José, et Salomé,
qui suivaient Jésus et le servaient quand il était en Galilée, et encore beaucoup d’autres, qui étaient montées avec lui à Jérusalem.
Déjà il se faisait tard ; or, comme c’était le jour de la Préparation, qui précède le sabbat, Joseph d’Arimathie intervint. C’était un homme influent, membre du Conseil, et il attendait lui aussi le règne de Dieu. Il eut l’audace d’aller chez Pilate pour demander le corps de Jésus.
Pilate s’étonna qu’il soit déjà mort ; il fit appeler le centurion, et l’interrogea pour savoir si Jésus était mort depuis longtemps.
Sur le rapport du centurion, il permit à Joseph de prendre le corps.
Alors Joseph acheta un linceul, il descendit Jésus de la croix, l’enveloppa dans le linceul et le déposa dans un tombeau qui était creusé dans le roc. Puis il roula une pierre contre l’entrée du tombeau.
Or, Marie Madeleine et Marie, mère de José, observaient l’endroit où on l’avait mis.