Homélie du dimanche des Rameaux et de la Passion

3 avril 2012

« Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! »

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Texte de l’homélie :

Frères et sœurs, peut-être êtes-vous un peu étonnés de cet élément de décoration insolite : un pavé  ? En ce dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, en ce début de Semaine Sainte où nous sommes invités par la liturgie à célébrer la Passion et la Résurrection du Seigneur, ce pavé peut hélas représenter notre cœur.

Rester insensible à l’Amour de Dieu ?

Si nous versons de l’eau sur ce pavé, elle coule dessus sans le pénétrer. Ainsi peut-il aussi en être - hélas - de l’amour de Jésus par rapport à notre cœur. En cette semaine où nous célébrons la plus grande manifestation de son amour pour nous, nous pouvons - hélas - rester indifférents.

Déjà dans les relations humaines, il est très douloureux quand l’amour n’est pas reçu, que l’autre y reste indifférent. Que dire alors de Jésus dont l’amour pour nous l’a conduit jusqu’à la mort et la mort de la Croix librement acceptée pour nous ! Bien des saints (saint François d’Assise, le saint curé d’Ars, …) étaient bouleversés en voyant d’un côté le très grand amour de Jésus et de l’autre côté l’indifférence de l’homme.

Frères et sœurs, que faire pour que mon cœur ne soit pas comme ce pavé à l’égard de l’eau qui peut représenter l’amour de Dieu pour moi ? Mon cœur restera-t-il comme imperméable à l’amour de Dieu ? Et c’est d’autant plus dommage que par ailleurs je suis sans doute assoiffé d’être aimé !

Comment retrouver un cœur de chair ?

Ce matin, je voudrai vous présenter trois pas à accomplir pour que notre cœur ne soit pas comme ce pavé.

Nous laisser émouvoir par la souffrance de Jésus

Je ne suis pas pour la sensiblerie. Cependant, il y a place, entre la sensiblerie et l’indifférence, à une saine émotion où nous nous laissons toucher par la souffrance de l’autre. Dans l’évangile, nous voyons à plusieurs reprises Jésus qui est saisi de pitié. Dans la parabole du bon samaritain, le point de départ du cheminement de cet homme est qu’il est pris de pitié.

Il nous est quelquefois difficile de nous laisser atteindre par la souffrance de l’autre. Peut-être parce que nous ne savons pas très bien que faire vis-à-vis de cette souffrance ; peut-être aussi parce que nous n’avons pas tellement envie d’être dérangés et de sortir d’une certaine forme de confort.

Peut-être connaissez-vous le Stabat Mater. Il s’agit d’un chant en l’honneur de la Vierge Marie que l’on chante plus particulièrement lorsque l’on célèbre (le 15 septembre) les douleurs qu’elle a vécues au pied de la Croix. En voici quelques extraits :

Debout, la Mère douloureuse près de la Croix était en larmes devant son Fils suspendu.
Quel est celui qui sans pleurer pourrait voir la Mère du Christ dans un supplice pareil ?
Daigne, ô Mère, source d’amour, me faire éprouver tes souffrances pour que je pleure avec toi.
Fais qu’en mon cœur brûle un grand feu pour mieux aimer le Christ mon Dieu et que je puisse lui plaire.
Que de ses plaies je sois blessé, que je m’enivre de la croix et du sang de ton Enfant !

Nous laisser toucher par l’amour de Jésus

Vous sentez bien qu’il ne s’agit pas de s’arrêter à une sorte de dolorisme stérile. La souffrance n’est que la face visible de l’autre face qui est l’amour de Dieu pour moi. Le curé d’Ars disait combien il était important de méditer le récit de la passion car l’amour de Dieu y est écrit en gros caractères. Sainte Catherine de Sienne disait :

« Ce ne sont pas les clous, c’est l’amour qui attache Jésus à la Croix ».

Cet amour de Dieu me respecte profondément. Dieu ne s’est pas contenté de m’aimer d’une forme d’amour de générosité où l’on donne à l’autre mais où, quelque part, on peut ressentir une forme de supériorité. Dieu m’a aimé d’une façon profondément humble, en acceptant de souffrir pour moi, sans rien revendiquer, en me laissant terriblement libre de refuser son amour.

Accepter notre responsabilité par rapport à la mort de Jésus

Un troisième pas reste à accomplir, peut-être le plus difficile : accepter que je n’y suis pas pour rien dans la mort de Jésus. C’est le moment où l’on arrête d’accuser les autres et où l’on se dit un peu comme les apôtres au début du récit de la passion : « serait-ce moi, Seigneur ? ». Dans cette question, on entend un accent bouleversant de sincérité.

Peut-être vous rappelez vous de la réaction de la foule le matin de la Pentecôte après le discours de Pierre. Ce matin-là, habité par l’Esprit Saint, Pierre avait déclaré : « Ce Jésus que vous, vous avez crucifié, Dieu l’a ressuscité des morts ». Pourtant la plupart de ses auditeurs n’étaient sans doute pas à Jérusalem pour réclamer à Pilate la mort de Jésus. Mais d’entendre cela, « ils eurent le cœur transpercé ». A ce moment-là, ils arrêtent de pointer un doigt accusateur sur les autres mais acceptent de se remettre en question. Ils se rendent alors disponibles à ce que Dieu pourra leur demander : « que devons-nous faire ? ».

Clairement, ce matin-là, leur cœur n’est pas resté de pierre - comme ce pavé. Leur cœur s’est ouvert et s’est montré disponible. Ce pas consiste à arrêter de nous auto-justifier pour le mal que nous avons commis mais à accepter de reconnaître notre culpabilité, notre nécessité d’être pardonnés.

En conclusion

Pour cette grande semaine, je vous propose de prendre un moment pour relire la Passion de Jésus, pour contempler la Croix de Jésus (une oeuvre d’art représentant la passion) ou pour faire le chemin de Croix.
Et devant cet amour de Jésus, demandez à l’Esprit Saint de vous aider à reconnaître et regretter profondément ce que vous avez pu faire de mal.

Alors, la Bonne nouvelle du matin de Pâques sera vraiment pour vous, Amen !

« Mais voici ce que produit l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi. » (Ga 5, 22-23)

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 50,4-7.
  • Psaume 22(21),8-9.17-18a.19-20.22c-24a.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 2,6-11.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 14,1-72.15,1-47 :

La fête de la Pâque et des pains sans levain allait avoir lieu dans deux jours. Les chefs des prêtres et les scribes cherchaient le moyen d’arrêter Jésus par ruse, pour le faire mourir. Car ils se disaient : « Pas en pleine fête, pour éviter une émeute dans le peuple. »

Jésus se trouvait à Béthanie, chez Simon le lépreux. Pendant qu’il était à table, une femme entra, avec un flacon d’albâtre contenant un parfum très pur et de grande valeur. Brisant le flacon, elle le lui versa sur la tête.
Or, quelques-uns s’indignaient : « A quoi bon gaspiller ce parfum ? On aurait pu le vendre pour plus de trois cents pièces d’argent et en faire don aux pauvres. » Et ils la critiquaient.
Mais Jésus leur dit :
— « Laissez-la ! Pourquoi la tourmenter ? C’est une action charitable qu’elle a faite envers moi. Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, et, quand vous voudrez, vous pourrez les secourir ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. Elle a fait tout ce qu’elle pouvait faire. D’avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement.
Amen, je vous le dis : Partout où la Bonne Nouvelle sera proclamée dans le monde entier, on racontera, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire. »

Judas Iscariote, l’un des Douze, alla trouver les chefs des prêtres pour leur livrer Jésus. A cette nouvelle, ils se réjouirent et promirent de lui donner de l’argent. Dès lors Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer.

Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent :
— « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour ton repas pascal ? »
Il envoie deux disciples :
— « Allez à la ville ; vous y rencontrerez un homme portant une cruche d’eau. Suivez-le. Et là où il entrera, dites au propriétaire : ’Le maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? ’ Il vous montrera, à l’étage, une grande pièce toute prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. »

Les disciples partirent, allèrent en ville ; tout se passa comme Jésus le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque.

Le soir venu, Jésus arrive avec les Douze.
Pendant qu’ils étaient à table et mangeaient, Jésus leur déclara :
— « Amen, je vous le dis : l’un de vous, qui mange avec moi, va me livrer. »
Ils devinrent tout tristes, et ils lui demandaient l’un après l’autre : « Serait-ce moi ? »
Il leur répondit :
— « C’est l’un des Douze, qui se sert au même plat que moi. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui qui le livre ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né. »

Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit, et le leur donna, en disant : « Prenez, ceci est mon corps. »
Puis, prenant une coupe et rendant grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, répandu pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je boirai un vin nouveau dans le royaume de Dieu. »

Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers. Jésus leur dit :
— « Vous allez tous être exposés à tomber, car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées. Mais, après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée. »
Pierre lui dit alors :
— « Même si tous viennent à tomber, moi, je ne tomberai pas. »
Jésus lui répond :
— « Amen, je te le dis : toi, aujourd’hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. »
Mais lui reprenait de plus belle :
— « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. » Et tous disaient de même.

Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémani. Jésus dit à ses disciples :
— « Restez ici ; moi, je vais prier. »
Puis il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commence à ressentir frayeur et angoisse.
Il leur dit :
— « Mon âme est triste à mourir. Demeurez ici et veillez. »
S’écartant un peu, il tombait à terre et priait pour que, s’il était possible, cette heure s’éloigne de lui. Il disait :
— « Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! »
Puis il revient et trouve les disciples endormis. Il dit à Pierre : « Simon, tu dors ! Tu n’as pas eu la force de veiller une heure ? Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l’esprit est ardent, mais la chair est faible. » Il retourna prier, en répétant les mêmes paroles.
Quand il revint près des disciples, il les trouva endormis, car leurs yeux étaient alourdis. Et ils ne savaient que lui dire.
Une troisième fois, il revient et leur dit :
— « Désormais vous pouvez dormir et vous reposer. C’est fait ; l’heure est venue : voici que le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs. Levez-vous ! Allons ! Le voici tout proche, celui qui me livre. »

Jésus parlait encore quand Judas, l’un des Douze, arriva avec une bande armée d’épées et de bâtons, envoyée par les chefs des prêtres, les scribes et les anciens. Or, le traître leur avait donné un signe convenu : « Celui que j’embrasserai, c’est lui : arrêtez-le, et emmenez-le sous bonne garde. »

A peine arrivé, Judas, s’approchant de Jésus, lui dit : « Rabbi ! » Et il l’embrassa. Les autres lui mirent la main dessus et l’arrêtèrent.

Un de ceux qui étaient là tira son épée, frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille.
Alors Jésus leur déclara : « Suis-je donc un bandit pour que vous soyez venus m’arrêter avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, j’étais parmi vous dans le Temple, où j’enseignais ; et vous ne m’avez pas arrêté. Mais il faut que les Écritures s’accomplissent. »
Les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent tous. Or, un jeune homme suivait Jésus ; il n’avait pour vêtement qu’un drap. On le saisit. Mais lui, lâchant le drap, se sauva tout nu.

Ils emmenèrent Jésus chez le grand prêtre, et tous les chefs des prêtres, les anciens et les scribes se rassemblent.
Pierre avait suivi Jésus de loin, jusqu’à l’intérieur du palais du grand prêtre, et là, assis parmi les gardes, il se chauffait près du feu.

Les chefs des prêtres et tout le grand conseil cherchaient un témoignage contre Jésus pour le faire condamner à mort, et ils n’en trouvaient pas. De fait, plusieurs portaient de faux témoignages contre Jésus, et ces témoignages ne concordaient même pas.
Quelques-uns se levaient pour porter contre lui ce faux témoignage :
— « Nous l’avons entendu dire : ’Je détruirai ce temple fait de main d’homme, et en trois jours j’en rebâtirai un autre qui ne sera pas fait de main d’homme. ’ »
Et même sur ce point, ils n’étaient pas d’accord.

Alors le grand prêtre se leva devant l’assemblée et interrogea Jésus :
— « Tu ne réponds rien à ce que ces gens déposent contre toi ? »
Mais lui gardait le silence, et il ne répondait rien.
Le grand prêtre l’interroge de nouveau : « Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ? »
Jésus lui dit :
— « Je le suis, et vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant, et venir parmi les nuées du ciel. »
Alors, le grand prêtre déchire ses vêtements et dit :
— « Pourquoi nous faut-il encore des témoins ? Vous avez entendu le blasphème. Quel est votre avis ? »
Tous prononcèrent qu’il méritait la mort.

Quelques-uns se mirent à cracher sur lui, couvrirent son visage d’un voile, et le rouèrent de coups, en disant : « Fais le prophète ! » Et les gardes lui donnèrent des gifles.

Comme Pierre était en bas, dans la cour, arrive une servante du grand prêtre. Elle le voit qui se chauffe, le dévisage et lui dit :
— « Toi aussi, tu étais avec Jésus de Nazareth ! »
Pierre le nia :
— « Je ne sais pas, je ne comprends pas ce que tu veux dire. »
Puis il sortit dans le vestibule. La servante, l’ayant vu, recommença à dire à ceux qui se trouvaient là :
— « En voilà un qui est des leurs ! »
De nouveau, Pierre le niait. Un moment après, ceux qui étaient là lui disaient :
— « Sûrement tu en es ! D’ailleurs, tu es Galiléen. »
Alors il se mit à jurer en appelant sur lui la malédiction :
— « Je ne connais pas l’homme dont vous parlez. »
Et aussitôt, un coq chanta pour la seconde fois. Alors Pierre se souvint de la parole de Jésus : « Avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. »
Et il se mit à pleurer.

Dès le matin, les chefs des prêtres convoquèrent les anciens et les scribes, et tout le grand conseil. Puis ils enchaînèrent Jésus et l’emmenèrent pour le livrer à Pilate. Celui-ci l’interrogea :
— « Es-tu le roi des Juifs ? »
Jésus répond :
— « C’est toi qui le dis. »
Les chefs des prêtres multipliaient contre lui les accusations.
Pilate lui demandait à nouveau :
— « Tu ne réponds rien ? Vois toutes les accusations qu’ils portent contre toi. »
Mais Jésus ne répondit plus rien, si bien que Pilate s’en étonnait.

À chaque fête de Pâque, il relâchait un prisonnier, celui que la foule demandait. Or, il y avait en prison un dénommé Barabbas, arrêté avec des émeutiers pour avoir tué un homme lors de l’émeute. La foule monta donc, et se mit à demander à Pilate la grâce qu’il accordait d’habitude.
Pilate leur répondit : (Il se rendait bien compte que c’était par jalousie que les chefs des prêtres l’avaient livré.)
Ces derniers excitèrent la foule à demander plutôt la grâce de Barabbas.
Et comme Pilate reprenait :
— « Que ferai-je donc de celui que vous appelez le roi des Juifs ? »,
Ils crièrent de nouveau :
— « Crucifie-le ! »
Pilate leur disait :
— « Qu’a-t-il donc fait de mal ? »
Mais ils crièrent encore plus fort :
— « Crucifie-le ! »
Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas, et après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu’il soit crucifié.

Les soldats l’emmenèrent à l’intérieur du Prétoire, c’est-à-dire dans le palais du gouverneur. Ils appellent toute la garde, ils lui mettent un manteau rouge, et lui posent sur la tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée.
Puis ils se mirent à lui faire des révérences : « Salut, roi des Juifs ! »
Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et s’agenouillaient pour lui rendre hommage.

Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau rouge, et lui remirent ses vêtements. Ils réquisitionnent, pour porter la croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs. Et ils amènent Jésus à l’endroit appelé Golgotha, c’est-à-dire : Lieu-du-Crâne, ou Calvaire.
Ils lui offraient du vin aromatisé de myrrhe ; mais il n’en prit pas.
Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun.

Il était neuf heures lorsqu’on le crucifia.
L’inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots : « Le roi des Juifs ».
Avec lui on crucifie deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.
Les passants l’injuriaient en hochant la tête : « Hé ! toi qui détruis le Temple et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, descends de la croix ! »
De même, les chefs des prêtres se moquaient de lui avec les scribes, en disant entre eux : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! Que le Messie, le roi d’Israël, descende maintenant de la croix ; alors nous verrons et nous croirons. »
Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l’insultaient.

Quand arriva l’heure de midi, il y eut des ténèbres sur toute la terre jusque vers trois heures. Et à trois heures, Jésus cria d’une voix forte : « Éloï, Éloï, lama sabactani ? », ce qui veut dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Quelques-uns de ceux qui étaient là disaient en l’entendant : « Voilà qu’il appelle le prophète Élie ! »
L’un d’eux courut tremper une éponge dans une boisson vinaigrée, il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire, en disant : « Attendez ! Nous verrons bien si Élie vient le descendre de là ! »

Mais Jésus, poussant un grand cri, expira.

Le rideau du Temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas.
Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, s’écria :
— « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ! »
Il y avait aussi des femmes, qui regardaient de loin, et parmi elles, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques le petit et de José, et Salomé, qui suivaient Jésus et le servaient quand il était en Galilée, et encore beaucoup d’autres, qui étaient montées avec lui à Jérusalem.

Déjà le soir était venu ; or, comme c’était la veille du sabbat, le jour où il faut tout préparer, Joseph d’Arimathie intervint. C’était un homme influent, membre du Conseil, et il attendait lui aussi le royaume de Dieu. Il eut le courage d’aller chez Pilate pour demander le corps de Jésus.
Pilate, s’étonnant qu’il soit déjà mort, fit appeler le centurion, pour savoir depuis combien de temps Jésus était mort. Sur le rapport du centurion, il permit à Joseph de prendre le corps.
Joseph acheta donc un linceul, il descendit Jésus de la croix, l’enveloppa dans le linceul et le déposa dans un sépulcre qui était creusé dans le roc.
Puis il roula une pierre contre l’entrée du tombeau.
Or, Marie Madeleine et Marie, mère de José, regardaient l’endroit où on l’avait mis.