Homélie du quatrième dimanche de Carême

20 mars 2023

« Jamais encore on n’avait entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si lui n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. »

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Texte de l’homélie

Chers frères et sœurs,

Veuillez excuser les comparaison que je vais faire, mais notre vie chrétienne n’est-elle pas similaire à un film d’action : imaginons Batman, Thor, ou Arsène Lupin. Il leur arrive d’être capturés et enfermés dans un lieu sombre et obscur, gardés par un ou plusieurs agents plutôt méchants. Sonnés, ils se réveillent, se massent la nuque, puis démontent une fausse dent – à la manière de James Bond - pour en extraire habillement une petite allumette. Il la craque sur le talon de sa chaussure et en fait jaillir une flamme vacillante. Une lumière dans les ténèbres qui lui permet de scruter les parois du noir cachot et d’y découvrir une issue, un passage inespéré.

La lumière, on pourrait en parler des heures ! Nous savons qu’elle est vitale sur le plan humain et spirituel. Celui qui marche dans la nuit ne sait pas où il va, tandis-que celui qui marche dans la lumière sait où il va.

Voilà pourquoi, frères et sœurs, le peuple juif dans l’Ancien Testament, plus particulièrement dans les moment difficiles, ne cessait de remercier Dieu pour le don de Sa parole qui éclairait sa route. Comme le rappelle le psaume :

« Ta parole Seigneur, est une lampe sur mes pas, une lumière sur ma route,
Ta parole Seigneur, est la joie de mon âme ! »

Oui, en Jésus, nous le croyons, l’évangile de ce matin nous y incite, nous y encourage. Jésus est vraiment le Fils de Dieu qui S’est fait chair. L’aveugle a mis du temps pour le voir, mais il s’est bien tourné vers le Seigneur. Il a vu qu’Il était la véritable lumière ? Il a vu qu’Il était pour lui la véritable lumière qui a permis d’ouvrir ses yeux physiquement et intérieurement.
Dans cette lecture, on voit bien que l’aveugle a entendu alors que les Pharisiens n’ont rien entendu…

Frères et sœurs, c’est en l’écoutant toujours qu’il nous est donné à chacun d’entre nous de mieux comprendre qui est Dieu. Toute votre vie, vous allez le chercher. Si on ne peut avoir une « définition » de Dieu, on peut d’avantage Le connaître.
Il y a ces grandes questions que nous pouvons nous poser : « D’où venons-nous ? » « Où allons-nous ? » « Comment aller sur ce chemin de lumière ? ». Par Sa parole et par Son exemple, il est bon de réentendre en ce temps de Carême, nous savons que Jésus est le seul phare, la seule lumière qui peut nous indiquer la bonne route.

Cependant, frères et sœurs, braquer un projecteur comme c’est le cas ici sur le ruines, c’est déjà bien, mais ça ne suffit pas. Encore faut-il que la lumière du Christ se fraye un chemin jusque dans nos ténèbres intérieures. Durant ce temps de Carême, il est bon de descendre comme Zachée, comme beaucoup, à commencer par Jésus, courageusement, dans notre monde souterrain. Nous sommes parfois obligés de le faire par des agents malveillants.
Alors, allons-y avec la lampe de la Parole de Dieu. Nous savons, à commencer par moi, que nous y croiserons des monstres « photophobes », ces monstres de profondeurs qui ont peur de la lumière mais qui savent trouver leur place. Cela peut-être la jalousie et l’orgueil bien cachés en nous, les rancunes tenaces… tout cela représentent les monstres qui nous assaillent tant qu’on ne les expose pas à la lumière. Mais, dès qu’on laisse la Parole de Dieu les éclairer, ils s’en vont !

Sans aucun doutes, frères et sœurs, il est nécessaire d’apprendre à entre distinguer entre les racines du mal et les germes de vie qui sont bien implantées dans mon cœur. Personne ne peut se prévaloir d’être parfaitement dans la lumière ou complètement dans les ténèbres, ça n’existe pas. Il y a toujours un mélange, plus ou moins ténébreux ou plus ou moins lumineux.

Selon un autre passage de l’Écriture qui se situe après Pâques, je sais que je trouverai certainement la porte de la vraie liberté, la porte du Salut qui nous permet d’être libres du mal.
L’évangile de ce dimanche peut nous y aider. Il y aurait beaucoup de choses à dire car il est très long, je vous donne alors quelques indications pour voir comment nous fonctionnons, à partir de la Parole de Dieu. Il y a au moins quatre attitudes qui nous y sont dévoilées qui nous montrent comment nous pouvons nous détourner de la vraie lumière ou emprunter des fausses lumières :

  1. Remarquez tout d’abord l’attitude de ces hommes qui aiment se prendre pour des lumières. Les Pharisiens s’approprient la lumière : ils veulent toujours avoir raison, et cela les amène à dénigrer les autres. Ils disent au sujet de l’aveugle et de Jésus : « Jetez-le dehors ! » « Nous avons raison, lui a tort. » Voilà un chemin de ténèbres.
  2. Il y a ceux et celles qui gaspillent la lumière : vous avez entendu parler des voisins de l’aveugle ? Comme vous l’avez remarqué, ils perdent du temps à bavarder pour ne pas se mouiller. Ils parlent pour ne rien dire : « ce n’est pas lui, c’est quelqu’un d’autre qui lui ressemble… ». Ainsi, ils restent dans la nuit. Pourtant, le Chrétien, c’est celui qui choisit le Bien !
  3. Il y a ceux qui étouffent la lumière : cela nous arrive souvent, c’est à cause de la peur. Avez-vous entendu que les parents de l’aveugle avaient peur ? Ils aient « morts de trouille » comme le dit l’évangile ! Ils disent aux Pharisiens qu’ils n’en savent rien et qu’il faut interroger leur fils. Voyez l’effet de la peur qui nous éloigne de la lumière ? Ainsi, il faut détecter toutes nos peurs et les exposer à Jésus : c’est important.
  4. Enfin, il y a ceux et celles qui ne voient pas la lumière. Ce sont les apôtres bien sûr, mais c’est aussi chacun de nous. Devant ce grand miracle, ils ne vont s’arrêter que sur l’aspect négatif : ils font leur crise de métaphysique sur le Mal. « Cela doit être de sa faute, ou de celle de ses parents qui ont péché. » Devant cette question du mal, on accuse l’autre. Ils ne voient pas la lumière tant ils sont pris par le jugement négatif. Les voici plongés dans la nuit…

On pourrait dire tant d’autres choses, mais je m’arrête là. Saint Augustin aimait dire cette très belle parole :

« Voir avec les yeux de la Foi, consiste à découvrir toujours plus et toujours mieux les uns avec les autres que Dieu est tellement bon et tellement tout puissant que, malgré notre ressenti, et qu’Il est capable de faire de tout mal un bien infiniment grand. »

C’est ce qu’a fait Jésus à travers ce miracle. C’est pour cela que, frères et sœurs, je ne peux que vous encourager à garder le Christ en ligne de mire - surtout tout au long de ce Carême – et de parfaire votre œil intérieur.

Chers jeunes qui êtes ici, vous avez eu l’occasion hier soir de vous confesser. Si ce n’est pas tellement « à la mode », c’est un lieu, s’il est bien vécu avec confiance et avec un minimum de pureté d’intention, avec une certaine régularité, qui nous permet de prendre conscience de mes monstres « photophobes », de les exposer à Jésus et croire avec une grande confiance qu’il peut m’en libérer et m’indiquer la bonne route à suivre.

Frères et sœurs, demandons que Jésus nous aide à être davantage attirés par Lui, comme cet aveugle qui a écouté Sa parole et s’est laissé éclairer par elle. Qu’Il nous aide à sortir de nos cachots ! Nous sommes tous plus ou moins dans ce cas, et soyons inquiets de ne pas en être conscients, si c’est le cas.
Ainsi, pendant ce temps de Carême, Jésus va nous apprendre à passer un petit peu - selon notre confiance – de nos ténèbres à l’admirable lumière de Sa tendresse. Toute une vie ne suffira pas, mais un jour, nous serons pleinement dans la lumière, un petit peu comme le héros de la parabole, mais surtout comme David, héros de l’Ancien Testament, évoqué dans la première lecture, mais aussi comme Saint Paul, entendu dans la deuxième, et enfin comme l’aveugle né qui a eu le courage d’être un fils de lumière. Ce n’est pas facile car il s’est fait des ennemis, mais il est devenu libre et lumineux.

Avec la Foi de Marie et Saint Joseph montré à nous en ce 19 mars, nous pouvons demander à Jésus :

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Premier livre de Samuel 16,1b.6-7.10-13a.
  • Psaume 23(22),1-2ab.2c-3.4.5.6.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens 5,8-14.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 9,1-41 :

En ce temps-là, en sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance. Ses disciples l’interrogèrent :
— « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? »
Jésus répondit :
— « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour ; la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler.
Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »
Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait.

Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant – car il était mendiant – dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »
Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. »
Mais lui disait : « C’est bien moi. »
Et on lui demandait :
— « Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? »
Il répondit :
— « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit : “Va à Siloé et lave-toi.” J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. »
Ils lui dirent :
— « Et lui, où est-il ? »
Il répondit :
— « Je ne sais pas. »

On l’amène aux pharisiens, lui, l’ancien aveugle. Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il pouvait voir.
Il leur répondit : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois. »
Parmi les pharisiens, certains disaient : « Cet homme-là n’est pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. »
D’autres disaient : « Comment un homme pécheur peut-il accomplir des signes pareils ? »
Ainsi donc ils étaient divisés. Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle :
— « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? »
Il dit :
— « C’est un prophète. »
Or, les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme avait été aveugle et que maintenant il pouvait voir. C’est pourquoi ils convoquèrent ses parents et leur demandèrent :
— « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu’il est né aveugle ? Comment se fait-il qu’à présent il voie ? »
Les parents répondirent :
— « Nous savons bien que c’est notre fils, et qu’il est né aveugle. Mais comment peut-il voir maintenant, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer. »
Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs. En effet, ceux-ci s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de leurs assemblées tous ceux qui déclareraient publiquement que Jésus est le Christ. Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! »

Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent :
— « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. »
Il répondit :
— « Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien. Mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et à présent je vois. »
Ils lui dirent alors :
— « Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? »
Il leur répondit :
— « Je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ? Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ? »
Ils se mirent à l’injurier :
— « C’est toi qui es son disciple ; nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d’où il est. »
L’homme leur répondit :
— « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux. Dieu, nous le savons, n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce.
Jamais encore on n’avait entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si lui n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. »
Ils répliquèrent :
— « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? »
Et ils le jetèrent dehors.

Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Il le retrouva et lui dit :
— « Crois-tu au Fils de l’homme ? »
Il répondit :
— « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? »
Jésus lui dit :
— « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. »
Il dit :
— « Je crois, Seigneur ! »
Et il se prosterna devant lui.
Jésus dit alors :
— « Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement : que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. »

Parmi les pharisiens, ceux qui étaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent :
— « Serions-nous aveugles, nous aussi ? »
Jésus leur répondit :
— « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : “Nous voyons !”, votre péché demeure. »