Homélie du troisième dimanche de l’Avent

14 décembre 2020

« Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. »

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Texte de l’homélie :

Quand tout va mal, quand le monde va mal et que nous sommes dans l’épreuve – comme dans ce temps de pandémie – il est heureux d’entendre les paroles de la fin du texte d’aujourd’hui :

« Il est fidèle, Celui qui vous appelle : tout cela, il le fera.… »

Mais, nous pouvons nous demander comment le peut-Il, comment va-t-Il le faire ? Comment allons-nous garder ce commandement du Seigneur ?

Il est fidèle, Celui qui vous appelle : tout cela, il le fera.

« En toute circonstance, soyez dans la joie, c’est la volonté de Dieu à votre égard. »

Un autre thème qui nous est donné ce dimanche est dans la première lecture avec Jean-Baptiste et la venue du Messie. Mais, comment imaginons-nous ce messie ? Alors que Jean-Baptiste prêchait la parole de Dieu, annonçait que le Royaume de Dieu est proche – c’est la même prédication que celle de Jésus –on lui demande « Qui es-tu ? » et on passe en revue le Christ, le messie, le prophète annoncé, Élie. On entend les différentes conceptions que l’on peut avoir du Messie. On attend celui qui a reçu l’onction, qui fait référence au prophète, au prêtre et au roi, et on imagine le Seigneur comme un roi qui va tout rétablir, mettre les Romains dehors et rétablir la justice, un prophète puissant. Ici, le prophète annoncé sera comme Moïse, qui va redonner la Loi, qui va conduire le peuple et le sauver à main forte et à bras étendu, ou comme Élie, héros de Dieu avec une puissance extraordinaire, qui commande au Ciel, qui fait venir la pluie ou la sécheresse, qui fait descendre le feu sur la terre, renverse les rois et institue de nouveaux rois…
Or, le personnage de Jean-Baptiste nous montre autre chose dans cette triple négation. Il se présente avec cette humilité extraordinaire.

Vous avez entendu la lecture du prophète Isaïe : si celui qui est oint, qui est prophète, annonce la bonne nouvelle aux humbles, cœurs brisés, à ceux qui sont prisonniers, c’est que l’on annonce au peuple cette joie, cette renaissance, dans un moment de crise. En effet, le peuple vient de rentrer d’exil : il attendait ça comme une chose extraordinaire. Il revient à Jérusalem en pensant que le moment de la restauration est venu, et l’on s’aperçoit qu’il y a des personnes qui se sont installées - déplacées elles aussi – qui occupent désormais les lieux. Il y a eu des alliances entre les juifs qui sont restés et ces étrangers, et la foi est difficile. Cela engendre des difficultés multiples.
Et pourtant, cette joie est annoncée…

L’Évangile ne se développe jamais dans des circonstances favorables. C’est toujours le sens de l’épreuve et cela nous rejoint dans ce que nous vivons à l’échelle mondiale en ce moment. C’est un temps pour nous apprendre à faire la vérité.
Au début, dans le premier chapitre du prophète Isaïe, nous avons la description d’Israël qui va mal, qui ne comprend pas la parole de Dieu, le peuple entier qui ne suit pas la loi du Seigneur, qui n’arrive pas à se défaire de ses travers. Alors, le Seigneur dit : « Venez, discutons, venez ».

Oui, le moment de l’épreuve est le moment de la vérité de notre cœur. Quand tout va bien, nous pouvons nous laisser vivre. Certes, il y a des difficultés dans le monde, il y a des pauvres, mais cela reste abstrait pour nous : nous pouvons nous laisser conduire par nos habitude, suivant nos penchants. Au moment de l’épreuve, nous sommes mis devant la réalité de notre être : que va-t-on choisir ? est-ce que l’on va se relever, est-ce que l’on va prendre une option pour trouver la porte qui va nous aider à sortir ? Et notre cœur peut se révéler. Bien sûr, il peut continuer à plonger, mais le Seigneur qui vient est là justement pour nous apprendre à aller au fond de notre cœur. Et toute l’action du Messie va être de nous apprendre à renaître.

Et nous qui nous préparons à Noël… On pourrait considérer cette fête comme l’anniversaire de Jésus. Mais, ce serait encore une manière bien dénaturée de célébrer ce mystère.
Car, pourquoi le Seigneur a-t-il voulu naître ? C’est pour que nous-mêmes, nous renaissions. C’est de cela qu’il s’agit. Nous fêterons vraiment Noël si nous renaissons. C’est pour nous faire naître que le Christ est né ! C’est pour nous faire naître à cette vie de Dieu : Il a pris notre chair ! Il S’est revêtu de notre chair pour que nous puissions être revêtus de la grâce divine, de Son être de fils de Dieu, pour que nous puissions porter ce vêtement de Salut, ce diadème, cette vocation royale, prophétique, sacerdotale que nous avons tous, pour que nous puissions être oints comme nous l’avons été à notre baptême ou à notre confirmation, pour que nous puissions être ces messies envoyés. Non pas dans le fait que nous allons tout arranger, mais simplement en découvrant la réalité au sen de l’épreuve.

Le pape François insiste beaucoup sur ce sujet de différentes manières, particulièrement en nous donnant Saint Joseph en exemple pour redécouvrir que le Salut vient dans les gestes simples et concrets, dans cet engagement pour le service pour la charité.
Et il honore ainsi tous les hommes de l’ombre, nous qui y sommes bien souvent, mais pour accéder ensuite à la lumière. Et, comme nous l’avons entendu avec Jean-Baptiste, nous avons à être des témoins de la lumière, par nos paroles et par nos actes.

Voici cette cohorte, et comme on l’a vu, on peut rester avec un sens des pauvres abstraits et, dans un temps d’épreuve – de pandémie - on a vu des personnes se lever, sans crainte de servir, d’exposer leur vie, de se donner, de secourir les malades.

Et cela nous oblige à repenser, à revoir notre vie. Cela nous apprend à faire descendre notre cœur, sur l’invitation du pape François : à partir de cette injustice, revoir aussi les autres épreuves et oser rêver une société - en commençant par notre vie – où on donne une place à chacun, où on permet à chacun de vivre et non pas en acceptant seulement les autres qui habituellement nous empêchent de vivre notre vie confortable, mais en rentrant en nous-mêmes.

« N’éteignez pas l’esprit ! »

Cet esprit nous pousse ! il veut nous oindre, nous pénétrer, afin que nous puissions – dans le Christ et avec le Christ – annoncer la bonne nouvelle aux uns, guérir les cœurs brisés, libérer tous ceux qui sont dans toutes les prisons que nous pouvons être enfermés, dans toutes ces dimensions de mort.

Alors, oui, le Seigneur nous invite à nous lever, à rentrer dans cette joie renouvelée d’un cœur qui sait s’engager, qui sait regarder l’autre qui est aussi ma propre chair, celui qui est mon frère. Est-ce que je peux regarder chacun comme étant vraiment de ma famille, et qui m’importe, même si nous ne partageons pas toujours le même avis même dans nos familles, mais cela reste mon frère, un personne de mon sang et je ne peux pas m’en désintéresser.
Il nous faut trouver des chemins pour la réconciliation, pour permettre à chacun de donner son fruit.

Demandons de rentrer dans cette joie, dans cette renaissance de notre cœur, car la vie en plénitude nous est donnée même dans un temps d’épreuve, comme au pied du mur de notre être, pour retrouver la porte qui va s’ouvrir.
Quant le mal nous étreint, quand il au devant de nous – qu’il soit extérieur ou intérieur, que ce soit le péché des autres ou de nous-mêmes – c’est comme si notre vie était bouclée : la porte est fermée, et nous voyons un mur. Et la miséricorde de Dieu peut être vécue d’une manière spéciale dans le sacrement de la réconciliation, quand on arrive avec nos incapacités, les choses qui nous empêchent de regarder en face, dans la glace, pour avoir un peu d’estime de nous-même : le Seigneur nous ouvre une porte.

Voilà Noël ! Voilà cette bonne nouvelle que le Seigneur vient nous apporter dans notre faiblesse, peut-être d’une manière fragile, comme Jésus petit enfant est fragile. Mais, Il est vraiment le Messie, Il veut vraiment nous oindre, Il veut vraiment nous associer à Sa mission, Il veut nous partager le cadeau qu’Il nous apporte de la part du Père,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 61,1-2a.10-11.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 1,46b-48.49-50.53-54.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 5,16-24.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 1,6-8.19-28 :

Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. _Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.
Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.
Voici le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? »
Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement :
— « Je ne suis pas le Christ. »
Ils lui demandèrent :
— « Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ? »
Il répondit :
— « Je ne le suis pas. – Es-tu le Prophète annoncé ? »
Il répondit :
— « Non. »
Alors ils lui dirent :
— « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? »
Il répondit :
— « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. »
Or, ils avaient été envoyés de la part des pharisiens.
Ils lui posèrent encore cette question :
— « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? »
Jean leur répondit :
— « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. »

Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean baptisait.