Homélie du 3e dimanche de l’Avent

17 décembre 2014

« Je suis la voix qui crie à travers le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. »

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie :

Nos amis Américains, parmi les spécificités de leur culture, en ont une qui est tout à fait particulière : ce sont les champions toutes catégories de publication d’études sur toutes sortes de sujets. Ils sont très friands de mettre des chercheurs au travail pour étudier tant en sociologie, en physique, en chimie… quelque soit le sujet, ils publient un nombre d’études extraordinaires dont nous-mêmes nous n’aurions pas eu l’idée.

Et voilà qu’une équipe se met en tête de travailler – au plan sociologique – sur le comportement des personnes qui fréquentent un centre d’affaires (comme Manhattan, par exemple). Et, comme ils poussent le détail loin, ils vont étudier le comportement des personnes dans les ascenseurs. Reconnaissez que c’est un sujet relativement inattendu ; l’étude aurait pu porter sur le salaire moyen, la proportion homme/femme ? Mais non : il s’agit bien de leur comportement dans l’ascenseur, et en particulier la question suivante : quel est le bouton d’ascenseur le plus utilisé.

Et si je vous pose cette question, en se rappelant que l’on se situe dans un quartier d’affaires avec des batteries formidables d’ascenseurs, vous répondrez sans doutes spontanément que c’est celui du Rez-de-Chaussée, car si tout le monde va dans les étages, non seulement pour la pause de midi ou pour rentrer chez soi, on finit par sélectionner ce niveau-là.
Et bien, chers frères et sœurs, quelle ne fut pas la surprise des chercheurs lorsqu’ils ont découvert que ce n’était pas ce bouton là, mais d’abord celui qui sert à fermer la porte
Qui d’entre-nous, alors qu’il voit l’autre arrivant transpirant, suant et les bras chargés, tout d’un coup passionné par le toit de l’ascenseur, appuie sur le-dit bouton « Fermer la porte », histoire de gagner une seconde ou deux…

Cette histoire me faisait penser à un épiphénomène, une visibilité de quelque chose de bien plus spirituel. Il y a une capacité de fermeture en nous : de fermeture à l’autre, au contraire de l’accueil de l’autre. Il est vrai que lorsque « Monsieur Adam » et « Madame Ève » étaient dans l’ascenseur eux-aussi, lorsqu’ils ont vu arriver Dieu, ils ont appuyé sur le bouton « Fermer la porte » :

« J’ai eu peur et je me suis caché. »

Et ils sont descendus, pour ainsi dire, au 36e dessous…
Ainsi, pendant ce temps de l’Avent qui est un temps de conversion, il est important que nous prenions conscience des difficultés que nous avons pour aller à la rencontre du Seigneur, tout d’abord.

« Réjouis-toi car il vient, le Dieu que rien ne retient. »

Oui, nous nous réjouissons de cela, mais en même temps – même en ayant une pratique régulière et une fréquentation fréquente du Seigneur dans la prière - si nous sommes honnêtes, reconnaissons que nous avons une certaine peur de Dieu… Et nous sommes tentés de nous demander : « si je me livre complètement au Seigneur, que va t-il se passer ? que va t-il faire de moi ? »… cette petite voix intérieure qui m’empêche de me livrer complètement dans la confiance au Seigneur. Et, qui plus est, de me livrer à mon prochain, à celui ou celle que je rencontre dans le cadre de mon travail, de l’université, ou même dans la famille. On voit bien cette difficulté en nous-même, et chez certains plus que d’autres, d’aller à la rencontre du prochain, du prochain « proche », particulièrement de celui ou de celle que je fréquente régulièrement…

De ce point de vue là, les fêtes de Noël ne sont pas forcément si faciles, parce que, si elles sont sous le signe de la joie comme on vient de le chanter, elles peuvent être le lieu de divisions et de tensions familiales, de difficultés d’aller à la rencontre de l’autre, le lieu de solitudes aussi, pour celles et ceux qui passent Noël seuls, ou l’éloignement de sa propre famille, pour les étrangers… ce sont des situations que l’on relève de façon particulière à Noël.
Il y a donc là un enjeu pour que nous puissions passer cette fête de la Nativité comme un désir d’aller à la rencontre de l’autre.

Voici le sens de la fête de Noël : alors que l’homme s’était éloigné de Dieu et l’avait vu comme une menace, le Seigneur Lui-même vient à notre rencontre pour nous donner Son Esprit-Saint qui nous permet de nous ouvrir à nouveau.

Ainsi, on peut demander au Seigneur, de façon particulière dans cette eucharistie, qu’Il vienne nous visiter intérieurement. Où avons-nous besoin ? dans quelle relation ai-je besoin du Saint-Esprit que vient me donner le Seigneur – on se rappelle de ce passage de l’Évangile : alors que les portes étaient fermées, Jésus entra et dit : « recevez l’Esprit-Saint ».
C’est pourquoi nous sommes dans cette confiance que le Seigneur peut entrer dans nos blocages – qu’ils soient psychologiques : dus à des blessures, du à des angoisses : une chose est la partie psychologique (que l’on ne choisit pas : on a la personnalité que l’on a), autre chose est la partie spirituelle. Pour ce qui est spirituel, je peux me tourner vers le Seigneur dans une démarche de Foi, et Lui demander de visiter cette blessure qui fait que je me détourne, que je me ferme à l’autre en appuyant vite fait sur le bouton « Fermer la porte », et me réjouir d’avoir pu ainsi m’éloigner rapidement de l’autre…
Mais, c’est un faux bonheur, car nous sommes faits pour la communion, parce que l’on est à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Il est beau de voir que le Seigneur Lui-même envoie des messagers, à commencer par Jean le baptiste pour préparer le chemin, envoie des signes pour que nous puissions Le reconnaître et entrer dans cette confiance que Lui-même vient nous visiter.
L’Avent, c’est préparer son cœur à cette visite du Seigneur. On le sait, c’est une démarche de pénitence et de conversion que l’on entame, qui nous amène à reconnaître en nous nos difficultés relationnelles, et peut-être aussi nos difficultés avec le Seigneur, ou tout simplement dans l’accueil de nous-mêmes.
Demandons alors Sa grâce en nous tournant de façon particulière vers la Vierge Marie, pour que nous puissions à nouveau rouvrir le jour de Noël, et découvrir l’amour d’un Dieu qui nous appelle des ténèbres à Son admirable lumière,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 61,1-2a.10-11.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 1,46b-48.49-50.53-54.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 5,16-24.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 1,6-8.19-28 :

Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean.
Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage.
Voici quel fut le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander :
— « Qui es-tu ? »
Il le reconnut ouvertement, il déclara :
— « Je ne suis pas le Messie. »
Ils lui demandèrent :
— « Qui es-tu donc ? Es-tu le prophète Élie ? »
Il répondit : « Non. »
— « Alors es-tu le grand Prophète ? »
Il répondit :
— « Ce n’est pas moi. »
Alors ils lui dirent :
— « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? »
Il répondit :
— « Je suis la voix qui crie à travers le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. »
Or, certains des envoyés étaient des pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question :
— « Si tu n’es ni le Messie, ni Élie, ni le grand Prophète, pourquoi baptises-tu ? »
Jean leur répondit :
— « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas : c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale. »

Tout cela s’est passé à Béthanie-de-Transjordanie, à l’endroit où Jean baptisait.