Homélie du troisième dimanche de Carême

21 mars 2017

« Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond.
D’où as-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? »

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie :

Chers enfants, vous qui vous préparez à la profession de foi, l’évangile d’aujourd’hui est vraiment un texte pour vous.
Rien que la dernière phrase :

Ce n’est plus à cause de ce qu’on nous a dit que nous croyons, mais nous-mêmes nous l’avons entendu et nous savons que c’est vraiment lui le sauveur du monde.

Voilà ici les Samaritains qui font leur profession de foi.
Vous avez reçu le baptême tout enfant, ou il y a quelques années, d’autres, c’est-à-dire vos parrain, marraine, parents, ont pris sur eux de dire leur foi pour vous, parce qu’ils voulaient vous donner le meilleur.
Mais maintenant arrive le temps où ce n’est pas simplement parce qu’on nous l’a dit, mais maintenant c’est à vous de rencontrer Jésus. C’est à vous de rentrer avec lui, de l’écouter et de dire « oui tu es le Sauveur du monde » ! Ce texte est pour nous tous, c’est tous les dimanches que nous faisons notre profession de foi en public en disant le Credo.

Ce texte est aussi une pièce maîtresse pour le chemin vers le baptême, pour comprendre ce qu’est le baptême, puisque la profession de foi c’est aussi le renouvellement de nos promesses de baptême.
C’est aussi tout le chemin pour nous renouveler dans notre foi pour le jour de Pâques

Aller à la rencontre de Jésus

Pour être chrétien il faut que nous rencontrions Jésus, que nous nous mettions à son écoute et que nous arrêtions de fonctionner simplement sur la manière qu’a monde de fonctionner.

Dans le texte, il y a toujours un décalage entre ce que la femme dit et ce que Jésus dit.
Ils sont toujours à des niveaux un petit peu différents.
La femme parle de l’eau et quand Jésus lui dit que c’est de l’eau qui va jaillir en vie éternelle, elle pense que Jésus va venir mettre chez-elle l’eau courante !
Pour nous c’est un peu pareil, dans notre prière nous considérons Dieu un peu comme le plombier qui va réparer nos fuites, qui vient réparer ce monde qui ne va pas, qui va guérir quelqu’un de malade…

C’est le cas de la Samaritaine au début, le simple sens religieux basique de tout être humain. Mais Jésus n’est pas un plombier, il n’est pas celui qui fait que ce qui ne marche pas marche.
Jésus vient nous apprendre autre chose. Il vient nous apporter l’eau vive. Il vient nous apprendre à être source.

Vous avez entendu ce qu’il dit :

Celui qui boit de cette eau aura encore soif, mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus soif, parce que l’eau que je lui donnerai va devenir en lui une source d’eau jaillissante en vie éternelle.

Rencontrer Jésus, c’est l’écouter, c’est accueillir ce fait incroyable que Jésus me regarde, qu’il m’aime, que je suis précieux pour lui. La rencontre avec Jésus dans la prière c’est prendre du temps au tour de Jésus pour ouvrir notre cœur, pour ouvrir cet espace d’intériorité, pour recevoir cet amour de Jésus et que nous puissions nous appuyer sur lui.

Nous sommes plus grands que nos péchés

Ensuite Jésus demande à la femme d’aller chercher son mari.
Ce n’est pas dans l’habitude de Jésus de stigmatiser des gens par leurs péchés, mais il vient faire quelque chose pour que la femme arrive à passer à un autre plan que celui de la logique du monde.
Il va lui faire passer un palier pour qu’elle soit en vérité.
Elle vient ici à midi parce que c’est le moment où les autres femmes ne sont pas là et elle n’a envie de voir personne, elle fuit les autres, elle a une vie affective qui fait qu’elle cherche que son désir soit comblé, mais non pas dans cet espace d’intériorité où Jésus le considère comme quelqu’un d’important, mais simplement dans ses relations avec les autres.

Jésus nous appelle à autre chose : tu es une source, tu es un artisan de paix, tu es un don pour les autres et le Seigneur a mis en toi des dons, qui que tu sois et quelques difficultés qui te touchent.
Jésus voit en nous plus que ces limitations, il voit en nous l’amour du Père qui a été répandu dans notre cœur, l’Esprit Saint qui demeure en nous comme le dit Saint-Paul :

« L’Esprit Saint qui a été répandu dans vos cœurs. »

Nous sommes le temple de l’Esprit Saint, il y a quelque chose de sacré, ne pouvons pas faire n’importe quoi avec nos frères, je ne peux pas le traiter n’importe comment.

La femme du coup va comprendre ce que c’est qu’adorer, en esprit et en vérité.
Ce n’est plus une histoire de prier ici, de prier là, de telle ou telle façon, c’est une histoire d’avoir une juste relation avec Dieu, une juste relation avec son prochain, avec les autres.
Non plus de projeter sur les autres et sur Dieu ce dont j’ai envie pour qu’elle vienne combler mes vides, mais avoir une relation avec l’autre comme il est, avec ses forces et ses faiblesses, et d’aller chercher cette vérité au fond du cœur de chacun.

Appelés à devenir missionnaires

À la fin, c’est aussi notre condition de baptisés.
N’allez pas penser, vous qui faites votre profession de foi tous les dimanches, qu’en dehors de l’église vous avez accompli tous vos devoirs, nous sommes appelés à devenir nous-même cette source d’eau vive pour que beaucoup puissent y boire, nous devenons missionnaires.

La femme part de son village, elle appelle les gens et témoigne de ce bien, de cette source d’eau vive quelle est la Parole de Dieu, qu’est la présence de Jésus, que sont les sacrements et l’Esprit Saint qui est répandu dans nos cœurs.

Alors c’est beaucoup qui peuvent accéder à un vrai bonheur, non pas le bonheur rêvé dont elle pensait, l’eau courante à la maison, une vie sans problème, mais une vie où je sais que j’aborde chaque problème avec la grâce et que je vais compter avec Dieu pour que dans mon cœur il me montre comment ouvrir un chemin pour que beaucoup puissent venir boire à cette source et être désaltérés.

Dans cette vie où tant de gens meurent de cette soif spirituelle, demandons au Seigneur de nous renforcer dans notre foi et de pouvoir la professer avec joie, avec conscience et pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de l’Exode 17,3-7.
  • Psaume 95(94),1-2.6-7ab.7d-8a.9.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 5,1-2.5-8.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 4,5-42 :

En ce temps-là, Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob.
Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi.

Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit :
— « Donne-moi à boire. »
En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions.
La Samaritaine lui dit :
— « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? »
En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains.
Jésus lui répondit :
— « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »
Elle lui dit :
— « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? »
Jésus lui répondit :
— « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »
La femme lui dit :
— « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. »
Jésus lui dit :
— « Va, appelle ton mari, et reviens. »
La femme répliqua :
— « Je n’ai pas de mari. »
Jésus reprit :
— « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris, tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. »
La femme lui dit :
— « Seigneur, je vois que tu es un prophète !… Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. »
Jésus lui dit :
— « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
Mais l’heure vient - et c’est maintenant - où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père.
Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. »
La femme lui dit :
— « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. »
Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. »

À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme.
Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »
La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens :
— « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? »
Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui.

Entre-temps, les disciples l’appelaient :
— « Rabbi, viens manger. »
Mais il répondit :
— « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. »
Les disciples se disaient entre eux :
— « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? »
Jésus leur dit :
— « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre.
Ne dites-vous pas : “Encore quatre mois et ce sera la moisson” ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur.
Il est bien vrai, le dicton : “L’un sème, l’autre moissonne.”
Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucun effort ; d’autres ont fait l’effort, et vous en avez bénéficié. »

Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. »
Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours.
Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui, et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »