Homélie du troisième dimanche de l’Avent

6 janvier 2017

« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »

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Texte de l’homélie :

Frères et sœurs bien-aimés,

C’est un passage d’évangile vraiment touchant, parce qu’on voit Jean-Baptiste - peut-être ne le savait-il pas - qui s’approche du terme de sa vie.
Jean-Baptiste qui avait désigné l’Agneau de Dieu, cousin de Jésus, qui est né de façon miraculeuse, par grâce, et qui doute, d’une certaine manière :

« Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »

Es-tu l’avènement du Messie, du royaume ou au fond est-ce que je me suis peut-être trompé ?
Cela me fait penser à cette jeune fille que j’avais accompagnée lors d’un camp ski et qui se demandait si elle avait bien fait de choisir la foi chrétienne reçue de sa famille. Elle avait parfois envie de tout envoyer balader, s’interrogeant si les autres qui n’avaient pas la foi étaient - oui ou non - moins heureux qu’elle…
Ainsi, je trouve intéressant de voir la réponse de Jésus.

Le doute de Jean-Baptiste

C’est très réconfortant pour nous-mêmes qui pouvons parfois être dans le doute, comme cette jeune fille.
Pour répondre à Jean-Baptiste, Jésus envoie à travers ses messagers l’annonce des signes messianiques, les signes du Messie qui est là, qui vient :

« Les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux son purifiés, les sourds entendent. »

Jean-Baptiste est dans sa prison, peut-être dans une sorte de nuit de la foi, perdu, Jésus lui dit de regarder les signes. Jean-Baptiste dans sa prison entendait parler des œuvres réalisées par le Christ, c’est comme cela que commence le passage d’évangile.
Pour Jean-Baptiste, le dernier prophète de l’Ancien Testament - puisqu’il annonce le Messie - la manière dont lui répond Jésus lui parle : les signes que tu as accomplis ce sont seulement les signes que le Messie peut accomplir.

C’est une belle invitation, dans ce temps de l’Avent, où nous découvrons l’avènement du Seigneur qui est là présent, que nous puissions aussi être attentifs aux signes. La manière dont est né Jean le Baptiste et aussi un signe miraculeux.

Faire mémoire

C’est très important de faire mémoire, dans une vocation, quelle qu’elle soit, faire mémoire de cette certitude intérieure.
Jean le Baptiste a eu cette certitude intérieure que Jésus est le Messie :

« Voici l’Agneau de Dieu.
Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales… »

Jésus lui dit de faire mémoire de cela : « du fond de ta prison, fais mémoire des signes et de la certitude intérieure que tu as reçue, alors tu retrouveras cette espérance, tu retrouveras confiance. »
C’est aussi ce qu’il dit à tous ceux qui étaient autour de lui :

« Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? Un roseau agité par le vent ? Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? Un homme habillé de façon raffinée ? »

Jean était un signe de ma venue, c’est le plus grand des enfants des hommes que vous êtes allés voir au désert, parce que c’est bien plus qu’un prophète, c’est le messager envoyé devant le Christ pour annoncer la Bonne Nouvelle.

Nous-même nous pouvons nous poser la question de savoir pourquoi nous sommes venus à la messe ce matin.
Qu’est-ce qui nous a poussés, outre peut-être l’habitude que nous avons de la pratique. Il est toujours important de nous remettre face au pourquoi. Qu’est-ce qui fait le cœur de notre foi ?
Il y a des événements dans notre vie où on n’y voit plus clair. Dans ces moments de doute, prions, invoquons Jean le Baptiste, lui qui a dû traverser cela. Et puis nous-mêmes, dans nos vies, nous avons eu des moments où nous avons eu la certitude que le Christ était le Messie, que le chemin que nous suivons est un chemin qui nous accomplit. L’avènement du Christ, c’est aussi, d’une certaine manière, quelque chose qui nous fait devenir meilleurs et qui nous transforme de l’intérieur, qui nous emmène plus loin.
Il y a eu des moments où nous avons pris conscience de cela, de façon parfois diffuse.

Je suis toujours marqué par la difficulté, même entre personnes chrétiennes pratiquantes, à exprimer leur propre foi. Pourquoi je crois ? Ce n’est pas d’abord en une morale que nous croyons, mais en une personne :

« Es-tu celui qui doit venir ? »

La question de Jean-Baptiste et bien là-dessus : « es-tu le bon ou pas ? » Ces questions portent sur la personne du Christ.
C’est important de prendre conscience que nous pouvons être amenés à mettre plus de mots sur une notre foi. Notre foi doit s’exprimer, au fur et à mesure qu’elle s’exprime, le fait de mettre des mots, de dire pourquoi on croit, même si cela reste toujours un acte de confiance, cela nous fortifie, nous donne des raisons de croire. Ce n’est pas de la crédulité ni de la superstition.

Que chacun en ce jour nous fassions mémoire de ce qui a été pour nous un socle, une certitude, comme cette conviction intérieure que suivre le Christ c’est suivre le chemin qui conduit au Père, suivre le Christ n’est pas s’égarer mais au contraire se trouver soi-même, où trouver Dieu le Père Lui-même et découvrir notre propre vocation.
Pour certains cela peut être une retraite, un événement : il y a des signes. Nous croyons en Dieu qui agit dans l’histoire, le dieu judéo-chrétien est un Dieu qui agit dans l’histoire, contrairement à d’autres religions où il n’y a pas d’action de Dieu, contrairement aux mythologies, par exemple, où les dieux n’agissaient pas dans l’histoire.
Le Christ s’incarne et prend notre nature humaine, il s’est inséré dans notre histoire.

Pendant ce temps de l’Avent, qui est un temps de conversion, c’est bien que nous puissions toucher du doigt ce doute de Jean-Baptiste, mais aussi cette invitation de Jésus à nous recentrer à la fois sur l’essentiel et à vivre de cette béatitude :

« Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute. »

Il y a une béatitude, une joie de croire en Dieu, puisse cette joie en ce dimanche du Gaudete nous habiter et être comme diffusée, rayonner autour de nous.

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 35,1-6a.10.
  • Psaume 146(145),7.8.9ab.10a.
  • Lettre de saint Jacques 5,7-10.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 11,2-11 :

En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux, lui demanda :
— « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jésus leur répondit :
— « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle.
Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »

Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean :
« Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ?
Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ?
Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois.
Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit :
‘Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi.’

Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »