Homélie du dimanche des Rameaux et de la Passion

21 mars 2016

« J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement réalisée dans le royaume de Dieu. »

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Texte de l’homélie :

« Les cieux s’ouvrirent et le rideau du temple se déchira. »

Chers frères et sœurs, Nous entrons dans la semaine sainte qui nous conduira des ténèbres de la Passion à la pleine lumière de la Résurrection. Car les évènements que nous célébrons sont bien plus un combat entre le prince de la lumière et le prince des ténèbres, qu’une belle histoire qui aurait une fin triste… Il ne faut pas nous y tromper : nous sommes entrés dans notre carême il y a bientôt quarante jours avec ce récit chez St Luc sur les tentations de Jésus au désert. Ces tentations qui se terminent en ces termes :

« Ayant ainsi épuisé toute tentation , le diable s’éloigna de lui, jusqu’au moment favorable. »

Mais c’est aujourd’hui le jour venu, le moment favorable. C’est aujourd’hui l’heure où le fils de Dieu est livré par la main des hommes pour être crucifié.

La détermination de Jésus

Jésus, le Christ, va entrer dans ce combat dans une effrayante sérénité. Une paix dérangeante face à l’incompréhension des siens, face à la haine de chacun de ses ennemis. Dans la solitude de l’agonie, il priait :

« Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe !
Cependant , que ce ne soit pas ma volonté , mais la tienne qui se fasse. »

De même, quelques temps après, dans même la solitude, mais sur la Croix :

« Père, entre tes mains, je remets mon esprit. »

Dans un consentement libre et offert, Il marche d’un pas volontaire, en avant de ses disciples, vers Jérusalem. C’est le but de Sa mission, c’est le but de Son incarnation en notre chair

Auparavant, beaucoup cherchèrent à se saisir de lui pour Le tuer, mais ne purent se saisir de Lui, « passant au milieu d’eux », car Son heure n’était pas encore venue.

Jésus prépare les siens au mystère de Sa Passion

Alors, Jésus va réunir les siens, comme pour leur laisser un avant goût de la victoire de la vie sur la mort. Il veut les nourrir du pain de la route qui les sépare de la Pentecôte de la compréhension.

« Lorsque l’heure fut venue, il se mit à table, et les apôtres avec lui. Et il leur dit :
"J’ai ardemment désiré manger cette pâque avec vous avant de souffrir ; car je vous le dis, jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle s’accomplisse dans le Royaume de Dieu. »
(Luc 22, 15-16)

En effet, c’est le moment favorable de mener le combat décisif contre le prince de la mort. Le Verbe de lumière doit triompher en se laissant engloutir par lui. Il lui faudra passer par le tréfonds des ténèbres, visiter la noirceur et l’épaisseur des abîmes les plus reculés - nos propres ténèbres - pour y chercher toutes les âmes qui y sont en attente, ces âmes qui sont les siennes, les enfants bien-aimés de Dieu, ces âmes qui Lui sont si chères… ces âmes qui étaient en attente que la nuit se termine, et que l’aurore veuille bien revenir.

« Père, l’heure est venue : glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie, et que, selon le pouvoir que tu lui as donné sur toute chair, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés ! »
(Jean 17, 2)

Jésus se laisse si facilement mener au calvaire et prie pour ses bourreaux

Au mont des oliviers Jésus se laisse saisir par un baiser. Vulnérable à celui qui avait pourtant partagé sa table, Il se laisse engloutir par la violence des ténèbres.

« Suis-je un brigand, que vous vous soyez mis en campagne avec des glaives et des bâtons ? Alors que chaque jour j’étais avec vous dans le Temple, vous n’avez pas porté la main sur moi. Mais c’est votre heure et le pouvoir des Ténèbres. »
(Luc 22,53)

Il fallait que le fils de l’homme « soit livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort et le livreront aux païens pour être bafoué, flagellé et mis en croix ; Et, le troisième jour, Il ressuscite ! » (Matthieu 20, 18)

Arrivé au Golgotha, lieu de Son supplice, lieu de notre délivrance, L’Église va comme se jeter à genoux pour confesser avec le centurion :

« Sûrement, cet homme était un juste. »

Et bien plus, encore, l’Église est là pour L’adorer. Elle adore : « L’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. » Elle contemple la paix victorieuse de la violence :

« Il présente son dos à ceux qui le frappent, et ses joues à ceux qui lui arrachent la barbe ; il ne protège pas son visage des outrages et des crachats. »

Bien plus, avant de récolter les fruits de l’arbre de la vie, Il donne comme par avance la récompense suprême :

« Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Jésus, abandonné des siens, est habité par une seule certitude que nous annonce Isaïe :

« C’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme la pierre. Je sais que je ne serai pas confondu car Dieu vient à mon secours. »
(Isaïe, 50 - 7)

La Gloire du Christ commence dès La Croix

Sur le trône de gloire, du haut de Sa Croix, Il exerce déjà Son pouvoir royal face à l’humilité et au repentir du bon larron :

« En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis. »

Un seul cri vient troubler la sérénité de cette souffrance volontairement offerte pour chacun d’entre-nous. C’était environ la sixième heure :

« Père, en tes mains, je remets mon esprit. »

Jésus expira, et c’est l’histoire de toute l’humanité qui bascule. Le mur de la haine s’écroule. Les cieux s’ouvrent, le rideau du temple se déchire, tel un voile imperméable qui séparait la Terre du Ciel, tel un voile d’amertume et de désolation tendu au dessus de notre solitude, tel le voile de notre péché qui nous séparait de Dieu.

Il est l’heure, maintenant, pour les morts de sortir de leurs tombeaux. Pour reprendre les paroles de Saint Jean :

« Elle vient, l’heure où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix, celle du Fils de Dieu. »
(Jean 5, 28)

Il est également l’heure pour les soldats de se moquer une dernière fois de Jésus :

« Si tu est le roi des juifs, sauve-toi toi-même ! »

Il est l’heure pour le centurion païen, que l’on peut voir chez Saint Marc, de s’écrier :

« Vraiment cet homme était le Fils de Dieu. »

Il est l’heure d’achever le combat commencé au désert, au début de l’Évangile, avec le prince de la mort et des ténèbres. Alors qu’à présent les morts se lèvent, que les estropiés se mettent debout, que les aveugles se mettent à voir, que les esclaves se libèrent de leurs chaînes, que les malades s’apprêtent à guérir. Que ceux qui espèrent ouvrent les yeux, car le troisième jour le Père ressuscitera Son fils pour manifester Sa Gloire et sauver l’Humanité une fois pour toutes.

C’est l’heure de la victoire

.

Cette victoire nous la célébrons. Cette lumière plus forte que les ténèbres, nous en faisons encore et encore, dimanche après dimanche, le mémorial de cette Eucharistie.

« Père, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne. »

Jésus, né de condition divine, a pris la peine de s’abaisser, de s’abaisser jusqu’à l’obéissance, obéissant jusqu’à mourir, mourant sur une croix.

Alors, chers frères et sœurs, demandons à la Vierge Marie de nous donner de participer, de manière non sanglante, au sacrifice de Son Fils pour nous libérer. Qu’elle nous donne l’humilité du malade qui daigne montrer la honte et la vulnérabilité de ses plaies et de sa souffrance. Que Marie, mère de compassion, mère présente au pied de La Croix, soit notre ambassadrice pour offrir ce que nous avons de plus vil, de plus sale, à illuminer.

Alors, si réellement les Cieux se sont ouverts, si réellement nous croyons qu’ils s’ouvrent aujourd’hui pour nous, ayons l’audace de laisser le voile de notre cœur se déchirer. C’est le moment de demander pardon et d’offrir notre pardon,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 50,4-7.
  • Psaume 22(21),8-9.17-18a.19-20.22c-24a.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 2,6-11.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 22,14-71.23,1-56 :

Quand l’heure du repas pascal fut venue, Jésus se mit à table, et les Apôtres avec lui. Il leur dit : « J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement réalisée dans le royaume de Dieu. »
Il prit alors une coupe, il rendit grâce et dit : « Prenez, partagez entre vous. Car je vous le déclare : jamais plus désormais je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que vienne le règne de Dieu. »
Puis il prit du pain ; après avoir rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »
Et pour la coupe, il fit de même à la fin du repas, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous. Cependant la main de celui qui me livre est là, à côté de moi sur la table. En effet, le Fils de l’homme s’en va selon ce qui a été fixé. Mais malheureux l’homme qui le livre ! »

Les Apôtres commencèrent à se demander les uns aux autres lequel d’entre eux allait faire cela. Ils en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand. Mais il leur dit :
Les rois des nations païennes leur commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs. Pour vous, rien de tel ! Au contraire, le plus grand d’entre vous doit prendre la place du plus jeune, et celui qui commande, la place de celui qui sert. Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ?
Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves. Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi. Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël.
Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne sombre pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. »
— Pierre lui dit : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. »
— Jésus reprit : « Je te le déclare, Pierre : le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que, par trois fois, tu aies affirmé que tu ne me connais pas. » Puis il leur dit : « Quand je vous ai envoyés sans argent, ni sac, ni sandales, avez-vous manqué de quelque chose ? »
— Ils lui répondirent : « Mais non. »
— Jésus leur dit : « Eh bien maintenant, celui qui a de l’argent, qu’il en prenne, de même celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une. Car, je vous le déclare : il faut que s’accomplisse en moi ce texte de l’Écriture : ’’Il a été compté avec les pécheurs’’. De fait, ce qui me concerne va se réaliser. »
— Ils lui dirent : « Seigneur, voici deux épées. »
— Il leur répondit : « Cela suffit. »

Jésus sortit pour se rendre, comme d’habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent. Arrivé là, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. Se mettant à genoux, il priait :
« Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne. »
Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait.
Dans l’angoisse, Jésus priait avec plus d’insistance ; et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient jusqu’à terre. Après cette prière, Jésus se leva et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis à force de tristesse.
Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. »
Il parlait encore quand parut une foule de gens. Le nommé Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour l’embrasser. Jésus lui dit :
— « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? ». Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent :
— « Seigneur, faut-il frapper avec l’épée ? » L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite.
— Jésus répondit : « Laissez donc faire ! » Et, touchant l’oreille de l’homme, il le guérit.
Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l’arrêter, chefs des prêtres, officiers de la garde du Temple et anciens : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple, et vous ne m’avez pas arrêté. Mais c’est maintenant votre heure, c’est la domination des ténèbres. »
Ils se saisirent de Jésus pour l’emmener et ils le firent entrer dans la maison du grand prêtre. Pierre suivait de loin.

Ils avaient allumé un feu au milieu de la cour et ils s’étaient tous assis là. Pierre était parmi eux. Une servante le vit assis près du feu ; elle le dévisagea et dit :
— « Celui-là aussi était avec lui. »
— Mais il nia : « Femme, je ne le connais pas. »
Peu après, un autre dit en le voyant :
— « Toi aussi, tu en fais partie. »
— Pierre répondit : « Non, je n’en suis pas. »
Environ une heure plus tard, un autre insistait :
— « C’est sûr : celui-là était avec lui, et d’ailleurs il est Galiléen. »
— Pierre répondit : « Je ne vois pas ce que tu veux dire. »
Et à l’instant même, comme il parlait encore, un coq chanta.
Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre ; et Pierre se rappela la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois. »
Il sortit et pleura amèrement.

Les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le maltraitaient. Ils lui avaient voilé le visage, et ils l’interrogeaient : « Fais le prophète ! Qui est-ce qui t’a frappé ? » Et ils lançaient contre lui beaucoup d’autres insultes.
Lorsqu’il fit jour, les anciens du peuple, chefs des prêtres et scribes, se réunirent, et ils l’emmenèrent devant leur grand conseil. Ils lui dirent :
— « Si tu es le Messie, dis-le nous. »
— Il leur répondit : « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ; et si j’interroge, vous ne répondrez pas. Mais désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite du Dieu Puissant. »
— Tous lui dirent alors : « Tu es donc le Fils de Dieu ? »
— Il leur répondit : « C’est vous qui dites que je le suis. »
— Ils dirent alors : « Pourquoi nous faut-il encore un témoignage ? Nous-mêmes nous l’avons entendu de sa bouche. » Ils se levèrent tous ensemble et l’emmenèrent chez Pilate.
Ils se mirent alors à l’accuser : « Nous avons trouvé cet homme en train de semer le désordre dans notre nation : il empêche de payer l’impôt à l’empereur, et se dit le Roi Messie. »
— Pilate l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? »
— Jésus répondit : « C’est toi qui le dis. »
— Pilate s’adressa aux chefs des prêtres et à la foule : « Je ne trouve chez cet homme aucun motif de condamnation. »
— Mais ils insistaient : « Il soulève le peuple en enseignant dans tout le pays des Juifs, à partir de la Galilée jusqu’ici. »
A ces mots, Pilate demanda si l’homme était Galiléen. Apprenant qu’il relevait de l’autorité d’Hérode, il le renvoya à ce dernier, qui se trouvait lui aussi à Jérusalem en ces jours-là.

A la vue de Jésus, Hérode éprouva une grande joie : depuis longtemps il désirait le voir à cause de ce qu’il entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire un miracle. Il lui posa beaucoup de questions, mais Jésus ne lui répondit rien.
Les chefs des prêtres et les scribes étaient là, et l’accusaient avec violence. Hérode, ainsi que ses gardes, le traita avec mépris et se moqua de lui : il le revêtit d’un manteau de couleur éclatante et le renvoya à Pilate. Ce jour-là, Hérode et Pilate devinrent des amis, alors qu’auparavant ils étaient ennemis.

Alors Pilate convoqua les chefs des prêtres, les dirigeants et le peuple.
— Il leur dit : « Vous m’avez amené cet homme en l’accusant de mettre le désordre dans le peuple. Or, j’ai moi-même instruit l’affaire devant vous, et, parmi les faits dont vous l’accusez, je n’ai trouvé chez cet homme aucun motif de condamnation. D’ailleurs, Hérode non plus, puisqu’il nous l’a renvoyé. En somme, cet homme n’a rien fait qui mérite la mort. Je vais donc le faire châtier et le relâcher. »
— Ils se mirent à crier tous ensemble : « Mort à cet homme ! Relâche-nous Barabbas. » Ce dernier avait été emprisonné pour un meurtre et pour une émeute survenue dans la ville.
Pilate, dans son désir de relâcher Jésus, leur adressa de nouveau la parole.
— Mais ils criaient : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! »
— Pour la troisième fois, il leur dit : « Quel mal a donc fait cet homme ? Je n’ai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort. Je vais donc le faire châtier, puis le relâcher. »
Mais eux insistaient à grands cris, réclamant qu’il soit crucifié ; et leurs cris s’amplifiaient.
Alors Pilate décida de satisfaire leur demande. Il relâcha le prisonnier condamné pour émeute et pour meurtre, celui qu’ils réclamaient, et il livra Jésus à leur bon plaisir.

Pendant qu’ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus.
Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus.
— Il se retourna et leur dit : « Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Voici venir des jours où l’on dira : ’’Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité ! ’’ Alors on dira aux montagnes : ’Tombez sur nous’, et aux collines : ’’Cachez-nous’’. Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? »

On emmenait encore avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter.
Lorsqu’on fut arrivé au lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, on mit Jésus en croix, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche.
— Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort.
On venait de crucifier Jésus et le peuple restait là à regarder. Les chefs ricanaient en disant : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui. S’approchant pour lui donner de la boisson vinaigrée, ils lui disaient : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Une inscription était placée au-dessus de sa tête : « Celui-ci est le roi des Juifs. »

L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! »
— Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu n’as donc aucune crainte de Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. »
— Jésus lui répondit : « Amen, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

Il était déjà presque midi ; l’obscurité se fit dans tout le pays jusqu’à trois heures, car le soleil s’était caché.
Le rideau du Temple se déchira par le milieu.
Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira.

A la vue de ce qui s’était passé, le centurion rendait gloire à Dieu : « Sûrement, cet homme, c’était un juste. »
Et tous les gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle, voyant ce qui était arrivé, s’en retournaient en se frappant la poitrine.

Tous ses amis se tenaient à distance, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée, et qui regardaient.
Alors arriva un membre du conseil, nommé Joseph ; c’était un homme bon et juste. Il n’avait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était d’Arimathie, ville de Judée, et il attendait le royaume de Dieu. Il alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus.
Puis il le descendit de la croix, l’enveloppa dans un linceul et le mit dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne encore n’avait été déposé.

C’était le vendredi, et déjà brillaient les lumières du sabbat. Les femmes qui accompagnaient Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé. Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.