Homélie du 14e dimanche du Temps Ordinaire

10 juillet 2012

Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison. »

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Texte de l’homélie :

Frères et sœurs bien-aimés,

dans cette lecture du livre d’Ezéchiel, on voit déjà cette rébellion du peuple de Dieu face aux prophètes qui sont envoyés pour pouvoir annoncer le Royaume. Ce n’est pas simple d’accueillir un message de la part du Seigneur. Ce n’est pas simple, à plus forte raison si l’on est face à un prophète, de se laisser remettre en cause dans sa propre existence, dans ses manières de faire. Le prophète est là pour « appuyer là où ça fait mal », dénoncer mais aussi construire le Royaume.

La parole des prophètes suscite notre rébellion…

On le voit bien : le prophète Ezéchiel, comme le prophète Jérémie, tous ont été rejetés. Et ceci jusqu’à Jean-Baptiste, le dernier prophète, qui lui-même est mort en martyre pour le Christ. Nous avons donc ici dans la lecture de ce livre une invitation de la part du Seigneur à revisiter nos rebellions. Certainement, la rébellion peut faire partie d’un cheminement spirituel : on peut se révolter face à l’injustice, face au mal et à la mort, face à la maladie, à tout ce qui nous paraît tellement en dehors de l’Amour de Dieu. Mais, cette rébellion doit déboucher progressivement vers une confiance. C’est ce que l’on voit par exemple dans le livre de Job que nous connaissons bien.

Job : un guide dans cette rébellion

Job qui a été dépouillé de tout, de ses biens matériels, de sa santé, de sa famille. Il devient pratiquement dans un état de blasphémateur :

« Qui es-tu Seigneur : Tu n’est pas Saint, Tu n’es pas juste » Livre de Job

Ceci est un vrai blasphème pour un homme de l’Ancien Testament. Et Dieu écoute cette supplique de Job, et Il ne la rejette pas. Il est important de voir qu’à certains moments de notre vie, il n’y a que la rébellion comme prière, que cette attitude de révolte intérieure.

Comment Job est-il sorti de sa révolte, si ce n’est avec l’aide d’un ami ? C’est important : ce n’est pas tout seul que l’on sort de notre révolte, de notre colère face à l’injustice. Cet ami l’a invité à entrer dans l’admiration et l’émerveillement. Cet ami lui a dit :

« Regarde la beauté du Monde ; regarde comment le Seigneur fait les choses. »

Progressivement, Job a ouvert son cœur pour pouvoir accueillir l’Amour de Dieu, et tout lui a été redonné au centuple !

Dans l’évangile de ce dimanche, c’est un cas un peu différent : il ne s’agit pas tellement d’une révolte face à l’injustice, mais d’une révolte face au Bien, ce qui peut nous surprendre.

Une révolte face à la Miséricorde ?

Dans les lectures de cette semaine, nous avions un exemple assez semblable, où Jésus vient libérer deux personnes d’un démon, eux qui faisaient peur à tout le monde dans les cimetières. Il vient les délivrer, et comme seule récompense, les habitants demandent à Jésus de partir, car ils ne veulent pas de Lui. Voici un exemple de rébellion face au Bien. On n’accueille pas le Bien, on n’accueille pas la Miséricorde parce qu’elle nous dérange, tout simplement. Elle n’a pas cette manière de faire comme nous le pensons. Nous sommes comme remis en cause par le Bien et la Miséricorde de Dieu.

On le voit bien par ces questions : « Quels sont ces miracles qui se réalisent par Ses mains ? D’où Lui vient cette sagesse ». Les gens de Son pays connaissaient bien Sa famille (« frères et sœurs » signifie la famille en Orient).

« Sa famille n’est-elle pas parmi nous ? N’est-il pas le fils du charpentier ? Lui, le fils de Marie ? »

Mais, ils n’avaient qu’un regard simplement humain face à Jésus. Pour découvrir qui est Jésus, il faut un regard de Foi. Car ce que fait Jésus peut choquer : allez-vous le croire spontanément quelqu’un qui affirme être le fils de Dieu ? N’y en aurait-il pas plein les asiles psychiatriques ?

Des actes et des paroles qui surprennent

Qu’est-ce qui fait la différence entre Jésus et un arrogant, un imposteur ? Mettons-nous à la place des contemporains du Christ : ce n’est pas si facile de croire en Lui. Nous avons 20 siècles de théologie, de prière, de sainteté qui nous aident à croire en Jésus. C’est plus facile de croire en Lui aujourd’hui que de son vivant sur cette terre. L’histoire de l’Eglise et cette transmission de Foi, cette invitation à avoir un cœur nouveau et de rayonner dans tout le Monde nous aident. Mais, de ce temps-là, ce n’était pas si simple. Cela nous permet de comprendre que les paroles et les actes de Jésus peuvent aussi choquer. Par Son discours, Il peut surprendre.

Aujourd’hui encore, le message de l’Évangile n’est pourtant pas simple à accueillir. C’est le cas de certaines paroles difficiles à recevoir. Pour toucher et découvrir le Christ, il faut simplement avoir un autre regard que le regard humain : le regard de la Foi.

Vous le savez, notre Saint-Père Benoît XVI va inaugurer une année de la Foi en octobre, simultanément au cinquantenaire de l’anniversaire du Concile. Car cette Foi est mise à mal, particulièrement dans notre vieille Europe. Vivre comme si Dieu n’existait pas, voilà l’habitude qui se répand dans nos sociétés, faire de la Foi un acte simplement privé, qui n’aurait aucune conséquence dans la vie publique.

Jésus nous dit alors : _ « Si vous voulez découvrir qui Je suis, il vous faut me toucher par la Foi. »

De même que nous nous approchons de la table du Seigneur, à vue humaine, ce sont simplement du pain et du vin qui y sont déposés. Quelqu’un qui n’aurait pas la Foi reconnaîtrait simplement ce que reconnaissent nos yeux. Mais, la Foi est un regard.

Cela nous permet d’aller plus loin dans la manière de regarder. Et quand nous nous approchons de la table du Seigneur, nous disons : « Mon Seigneur et mon Dieu, Tu es là vraiment présent dans Ton Eucharistie ! ».

Découvrir l’invisible dans le visible

Oui, nous sommes appelés à découvrir l’invisible dans le visible ; c’est cela, être croyant. Le croyant est celui qui va plus loin que les apparences, celui qui emmène plus loin que le simple fait extérieur. Il ne se tient pas à l’image que donnent les gens : il va essayer de découvrir le cœur.

Demandons au Seigneur de nous laisser toucher à nouveau. Il est certain que ce n’est pas simple de croire que Jésus est présent dans Son Eucharistie. Du temps même de Jésus, on le sait par l’Évangile de Saint Jean, certains disaient : « Cette parole est trop dure ! quand Tu dis : celui qui ne mange pas Mon Corps et ne boit pas Mon Sang n’aura pas la Vie Éternelle » ; et certains l’ont ainsi quitté.

Oui, laissons-nous bousculer par le Christ, laissons-nous interpeller par Lui. C’est la confiance qui nous fera grandir dans la Foi. C’est cette profonde confiance que Jésus est là dans notre vie. Et en voyant les effet du Saint-Esprit dans notre cœur, que nous allons pouvoir dire « Mon Seigneur et Mon Dieu ! ». Laissons-nous toucher à nouveau par le Christ, et demandons-Lui, pour nous même et pour chaque personne de notre famille, un sursaut de Foi,

Amen.


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Ézéchiel 2,2-5.
  • Psaume 123(122),1-2a.2bcd.3-4.
  • Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 12,7-10.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 6,1-6 :

Jésus est parti pour son pays, et ses disciples le suivent.

Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Les nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? »
Et ils étaient profondément choqués à cause de lui.

Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison. »

Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. Il s’étonna de leur manque de foi. Alors il parcourait les villages d’alentour en enseignant.