Père Pierre-Marie

14 mars 2006

Dès l’abord, c’est son autorité bienveillante qui frappe.
Supérieur Général de la Congrégation de 2001 à 2007, Père Pierre-Marie a assumé ses fonctions avec efficacité dans une période difficile.

Après quelques années en Alsace, le voici de retour à la maison-mère depuis septembre 2012, avec son apostolat habituel auprès de la jeunesse et dans la formation spirituelle.

Portrait

" Originaire du Sud-Ouest, j’ai grandi au sein d’une famille de six enfants. Mes parents étaient pratiquants mais jamais nous n’avons fait de retraites en famille par exemple. J’ai eu longtemps une foi “reçue” et non profonde.

Ce n’est qu’à 27 ans, après Sup de Co, une licence de sciences économiques et trois ans dans un cabinet d’audit américain, que je suis rentré à l’abbaye comme postulant.
Le père spirituel qui me suivait à Lyon où je vivais à l’époque, m’avait proposé de découvrir l’abbaye d’Ourscamp qu’il connaissait et appréciait. Avant de m’y rendre, j’ai lu la règle de l’Ordre et j’ai su à ce moment précis, avec certitude, que le Seigneur m’attendait là. Encore un coup du Saint Esprit !

J’ai prononcé mes premiers vœux en 1988 et j’ai immédiatement entrepris des études pour devenir prêtre. Les études de philosophie (licence) faites à l’IPC m’ont beaucoup marqué et habitent encore mes prédications. Aristote et Saint Thomas d’Aquin m’ont donné les outils intellectuels pour forger ma réflexion et l’appliquer dans ma mission auprès des jeunes. J’ai été ordonné diacre en 1994 en Argentine et prêtre en 1995 en France, un an après avoir prononcé mes vœux perpétuels.

J’ai vécu de 1991 à 2001 en Argentine, à Paraná à 600 km au nord de Buenos Aires. Là bas j’ai d’abord participé à la fondation de l’œuvre Points Cœurs puis à la fondation de la Congrégation avec l’ouverture de la Casa Padre Lamy, lieu d’accueil spirituel pour la région. J’étais également aumônier de prison et je donnais des enseignements à la communauté française de Buenos Aires constituée d’homme d’affaires venus avec leur famille au service d’une entreprise française. J’étais aussi investi dans l’aumônerie des étudiants qui m’accompagnaient à la prison les dimanches après-midi pour l’animation de la messe. Ce contact entre des mondes très différents (les expatriés français très aisés, les prisonniers très pauvres et le monde étudiants) a été une source de grande fécondité dans mon ministère en faisant le pont entre des réalités qui ne se rencontraient guère. .

En 2001, je suis rentré en France puisque je venais d’être élu supérieur général de la congrégation. Ces années ont été belles mais difficiles et la communauté a franchi un cap important dans l’accomplissement de sa vocation.
Ma mission au plan apostolique a été de me former à la théologie du corps de Jean-Paul II et à l’accompagnement des couples. J’ai aussi prêché de nombreuses retraites pour des jeunes adultes, des fiancés et des couples. La préparation au mariage m’occupe beaucoup et constitue l’essentiel de mon apostolat. Au bout de 12 ans de de ministère cela m’a poussé à écrire un livre : "se marier et durer" qui résume les aspects essentiels que tout couple qui veut durer doit travailler.

De 2008 à 2012 j’ai été dans notre prieuré d’Alsace près de Mulhouse. Après m’être beaucoup donné pour la congrégation ad intra, je voulais me mettre au service d’un diocèse dans le cadre du charisme de la communauté : la formation spirituelle et l’évangélisation des jeunes. C’est ainsi que durant 4 ans j’ai été au service du diocèse de Belfort-Montbéliard comme aumônier d’étudiants et accompagnateur des jeunes professionnels (25-35 ans). Je continuais à prêcher des retraites dans le cadre de notre prieuré alsacien.

En 2008, j’ai eu l’intuition de démarrer avec des jeunes un nouveau concept qui porte le nom de spi & spi : spirituel et spiritueux. Avec une jeune passionnée de vin, nous avons commencé à organiser des week-ends de visites de terroirs tout en approfondissant la foi par des topos et des temps de prière. Le cadre d’une abbaye comme lieu d’accueil nous aide à rentrer davantage dans la dimension spirituelle. Maintenant c’est une association 1901 avec un bureau composé exclusivement de jeunes et qui organise 3 ou 4 fois par an des week-ends dans plusieurs régions viticoles ainsi que chaque mois des conférences à Paris. J’y interviens une fois sur deux en binôme avec des acteurs de la société civile.
L’association compte 250 adhérents, tous des jeunes pros.
Ce concept, dont le nom déclenche des sourires entendus, comporte en fait une pédagogie d’évangélisation de la jeunesse. La coopération entre une communauté ou un diocèse et l’initiative des jeunes est féconde. Si ce sont eux qui sont moteurs, se sentir soutenus leur donne confiance et une certaine légitimité pour entreprendre. Par ailleurs je crois à ces initiatives qui mélangent la foi à d’autres réalités (sport, musique, voile…). Cette initiative vise les jeunes de culture catho mais qui se sont éloignés de la vie de foi. Spi & Spi est une marche pas trop haute et festive à la fois pour permettre de remettre un pied dans la maison de l’Église.

En 2010 la coordination nationale des jeunes professionnels (COJP) me demande de les accompagner pour deux ans. Cela permet de voir dans chaque région ce que recouvre la réalité des jeunes professionnels qui est une très grande richesse pour l’église et la société et qui sont par trop laisser de côté à mon goût.
En 2012 retour à la case départ : je reviens à Ourscamp comme économe général. Celui qui est l’équivalent de directeur administratif et financier pour une entreprise. Ce n’est pas la mission la plus gratifiante mais il en faut un. Alors… Je reprends les prédications et en septembre de la même année, je démarre avec deux jeunes professionnels un groupe sur Compiègne. Ils sont 25 inscrits et un quinzaine à chaque réunion. C’est une initiative du diocèse qui veut aussi être présent pour cette tranche d’âge-là.

Ce qui fait ma joie c’est d’appartenir au Seigneur et de vivre une vie unifiée autour de Jésus et Marie. La vie fraternelle est également une source de joie et, pour le monde actuel, un témoignage très fort. Enfin, je retire beaucoup de fruits des prédications et de mon apostolat auprès de jeunes adultes. "

Ma vie, nul ne la prend mais c’est moi qui la donne"

Jean 10 (18-19)

A qui irions-nous Seigneur ? Tu as les paroles de la Vie Éternelle".

Jean 6 (68-69)