Quand culture rime avec solidarité

Par Père Pierre-Marie

L’association pour la restauration de l’abbaye d’Ourscamp, déjà très active, s’est attaquée à la restauration du mur d’enceinte de l’abbaye datant du XIII° et inscrit à l’inventaire des monuments historiques, ainsi qu’au re-pavage de certains chemins.
Cependant ce chantier n’est pas comme les autres.
Ce n’est pas tant la prouesse technique qui est à souligner, comme pour la restauration de l’ancienne infirmerie monastique, mais le mode opératoire qui est retenu pour mener à bien cette entreprise et qui s’étalera sur 5 ans.


Un chantier de réinsertion

En effet, grâce au travail de l’Association pour la restauration de l’abbaye d’Ourscamp, nous sommes entrés en contact avec une association d’un genre un peu particulier : « Un château pour l’emploi ».
Cette association, qui a travaillé à la restauration de la forteresse de Coucy-le-Château, emploie des personnes en situation de difficulté ou qui ont quitté le monde du travail depuis longtemps.
Ce chantier permettra à des personnes de se réinsérer dans le monde du travail grâce aux subventions de l’Etat et du Conseil Général qui prend à sa charge une très grande partie des salaires.
La communauté pour sa part achètera les matériaux et les outils nécessaires pour le chantier.

L’expérience montre que 50 % de ceux qui ont participé à un chantier de ce type trouvent un emploi à l’issue de leur contrat.
Le travail sur le terrain, associé à la formation technique, permet d’acquérir ainsi une vraie compétence dans une branche où il manque cruellement de main d’œuvre qualifiée. Des personnes en marge de la société ont ainsi une opportunité de découvrir leurs talents grâce au travail et à la formation professionnelle dispensée sur le chantier.
Des personnes, qui seraient en temps habituel éloignées de la culture, deviennent protecteurs d’un haut lieu culturel du Noyonnais.

Remettre des hommes debout

Ce chantier prend tout à coup un autre relief.
La culture et la solidarité travaillent de concert. Il ne s’agit plus simplement de relever quelques pierres tombées mais de relever des personnes et les remettre debout.
C’est une restauration non seulement des murs mais surtout d’hommes qui pour différentes raisons se trouvent aujourd’hui sur le bord du chemin.
Ce chantier est plus qu’un chantier. C’est une main tendue !
Main tendue surtout vers des jeunes qui perdent confiance en eux-mêmes et dans le sens de leur vie car ils ne trouvent pas où donner leur mesure.
Main tendue vers des personnes sans formation qui ainsi pourront apprendre un métier et trouver leur place dans la société.
Main tendue enfin vers ceux qui ont le désir de sortir de l’assistanat, gagner leur pain à la sueur de leur front et retrouver une dignité à leurs yeux et ceux de leurs proches.

Comme religieux nous sommes sensibles à ouvrir nos portes pour donner une opportunité à celui qui est dans le besoin, perpétuant ainsi la tradition séculaire d’hospitalité monastique. Comme hommes consacrés au Seigneur dans le silence et la prière, nous avons la conviction que la gloire de Dieu c’est l’homme debout.



Galerie photos

Portfolio

  • Devant l'aile de Gesvre
  • Le parking actuel
  • Chemin à repaver
  • L'une des 14 brèches
  • Mur fissuré, envahi par la végétation