Homélie du quatrième dimanche de Pâques

12 mai 2014

« Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra aller et venir, et il trouvera un pâturage. »

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Texte de l’homélie :

Frères et sœurs bien-aimés,

en ce dimanche du Bon Pasteur, dimanche de prière pour les vocations, l’Église nous donne de faire mémoire d’une réalité dont nous oublions peut-être l’importance : chaque vie est vocation ! Le fait d’exister est déjà un premier appel, le premier appel à vivre !
On le voit bien dans le livre du Deutéronome, au chapitre 30, comment le Seigneur met devant nous la malédiction ou la bénédiction, la mort ou la vie, et Il nous dit :

« Choisis la vie ! »

Choisir de vivre

Choisir de vivre, ce n’est pas toujours si simple. On voit bien que le découragement peut nous gagner, et que l’on baisse les bras parce que l’on ne voit pas le sens ni la finalité de notre vie. Vous jeunes, vous vous préparez à la Confirmation car vous avez découvert dans le Christ le sens de votre vie, vous voulez ainsi confirmer en vous les dons du Saint-Esprit pour qu’Il fasse de vous des missionnaires, des personnes qui témoigneront dans ce monde que nous sommes appelés à de grandes choses, à vivre de la vie de Dieu.

C’est ce que le Pape François nous écrit dans son message pour la journée mondiale de prière pour les vocations. Ainsi, il nous redit :

« Nous, Chrétiens, nous ne sommes pas choisis par le Seigneur pour des « petites bricoles ». Allez toujours au-delà, vers les grandes choses, jouez votre vie pour de grands idéaux. »

Lorsque l’on est jeune, on a de grands idéaux. Et, progressivement, avec les années qui passent, avec les souffrances, les trahisons, les découragements et les échecs, on réduit sa vie à une peau de chagrin.

Pour vous, jeunes, il est important que vous écoutiez la Parole du Seigneur, que vous preniez conscience que vous êtes gravés dans les paumes de Ses mains, que vous preniez conscience que, dans votre cœur, il y a de grands désirs. Autorisez-vous de grands désirs.

Autorisez-vous de grands idéaux !

Peut-être avez-vous vu le film « Un monde meilleur », qui commence dans une salle de classe de CM2 (ou niveau équivalent), par cette question du professeur :
— « Qui d’entre-vous veut changer le monde ? ».
Et les élèves ne se sentent pas concernés :
— « À notre âge, ce n’est pas possible ! »
De façon très adroite, le professeur éveille alors dans leur cœur ce désir d’un monde plus juste et plus lumineux.

Oui, laissons-nous enthousiasmer par cet appel que le Seigneur nous lance aujourd’hui à rendre le monde plus juste et plus lumineux. Car, si toute vie est vocation, toute vocation est pour une mission. Et chacun d’entre nous a une mission.

Ne nous laissons pas envahir par d’autres voix qui ne sont pas des voix du Seigneur, comme le dit le Christ par Saint Jean :

« Il y a les voleurs, ceux qui s’adressent à la jeunesse, mais non pas pour les amener vers la grandeur d’âme, vers les grands désirs, mais pour l’avilir, pour l’étourdir. »

Oui, nous avons à être attentifs à différentes voix que nous avons dans notre cœur, et répondre à notre vocation, répondre à notre mission, c’est rentrer dans un combat spirituel, c’est faire le tri à l’intérieur de nous-même de ce qui peut venir de Dieu, de le séparer de ce qui ne vient pas de Lui.

C’est pour cela que ce n’est pas si facile de discerner. C’est pour cela aussi – et c’est la grâce d’être dans l’Église – que vous êtes accompagnés, chers jeunes, dans votre préparation à la Confirmation, ou à la Première Communion. Dans l’Église, vous bénéficiez de cette grâce d’être accompagnés vers la plus grande vocation : la vocation à l’Amour, la vocation à imiter le Christ.

Quel trésor portons-nous en nous-même ?

Il nous faut être attentifs, parce que le monde agit par distraction, alors que Dieu, Lui, agit par attraction : Il nous attire à Lui. Et, pour découvrir sa vocation, il faut une vie intérieure. Puis, pour persévérer dans sa vocation, dans le but que nous nous sommes fixé, il faut sans cesse se remettre face à cette finalité : ce but, cette vocation, le sens de notre vie.
Bien des choses nous en distraient, bien des choses nous étourdissent, nous découragent, mais aujourd’hui, dans ce dimanche du Bon Pasteur, le Seigneur veut nous emmener dans une grandeur d’âme. Il veut nous emmener bien plus loin que ce vers quoi nous voulons prétendre à vue humaine. C’est ce que nous dit Saint Paul :

« Nous, comme Chrétiens, nous savons que nous portons en nous-même plus grand que nous-même ! nous le portons dans des vases d’argiles… »

Ce trésor qu’est le Christ, nous le portons dans des vases d’argile. Dans des vases d’argile, mais nous le portons quand même…
Chers jeunes, découvrez de façon pressante ce que vous portez à l’intérieur de vous-mêmes. Ne laissez pas cette source intérieure des tarir. Ne laissez pas ces grands désirs s’évanouir petit à petit, par fatalisme, pas défaitisme.
Non, nous croyons que des petites choses, des petits actes d’amour désintéressé tout comme des grands projets peuvent changer ce monde et le rendre plus juste, et le rendre plus lumineux.

Et, si vous vous lancez dans cette aventure de répondre à votre vocation, le pape nous avertit :

« Les difficultés pourraient vous décourager, en nous faisant nous replier sur des voies apparemment plus commodes.
Mais, la vraie joie des appelés consiste à croire et à faire l’expérience que le Seigneur, Lui, est fidèle, et qu’avec Lui, nous pouvons marcher, être des disciples et des témoins de l’amour de Dieu, ouvrir notre cœur à de grand idéaux, et à de grandes choses. »

Il est vrai que le mystère du mal est certainement ce qui nous décourage le plus. Ce mal qui semble progresser : il nous suffit d’allumer la télévision, de lire les journaux pour voir ce mal partout, l’injustice, l’iniquité… c’est tout le drame de la Bible : le méchant qui a une vie heureuse, alors que le juste est souvent rejeté.

Pour être attentif et persévérant dans sa propre vocation, il nous faut une vie intérieure, une vie de prière.

Après la mort de Robert Schumann, lorsque l’on a dépouillé ses archives, un petit d’un de ses adversaires a été trouvé. Vous imaginez bien que de créer l’Europe après la guerre, et en particulier en ce qui concerne les liens franco-allemands, il y avait beaucoup de personnes qui s’opposaient à lui ; Il était même traité de « non-patriotique ». Un de ses détracteurs a écrit ces mots : « Contre Schumann, on ne peut rien : il prie ! »

Et il est vrai que la prière est le secret de la réponse à notre vocation. Et parmi ces vocations, s’il en est celle des hommes politiques - comme celle de Robert Schumann, ces vocations professionnelles - là où nous sommes nous pouvons changer les monde, il y a aussi la vocation à se consacrer totalement au Seigneur.

Chers jeunes, il est important que vous vous posiez aussi la question : « A quoi le Seigneur m’appelle-t-il ? Est-ce à me consacrer exclusivement à Lui ? »
C’est vrai que se consacrer au Seigneur, l’annoncer, être témoin de Son Royaume, c’est aussi – dans la vie religieuse et sacerdotale – renoncer à fonder une famille ; et nous savons que choisir de répondre à sa vocation, quelle qu’elle soit, c’est aussi renoncer.

Comment découvrir si l’on est appelé à suivre le Christ dans cette vie sacerdotale et religieuse ?

C’est tout d’abord par une vie intérieure, discerner dans son cœur que l’on est appelé à un amour universel. Si l’amour est un appel pour tous, c’est dans une forme privilégiée dans la vie conjugale : privilégiée pour le conjoint, privilégiée pour les enfants ; non pas exclusif et renfermé, mais privilégié par contraste à cet amour universel dont il est question dans la vocation sacerdotale, afin d’être « petit frère de tous », à être cette âme de surcroît.

Oui, aujourd’hui encore, le Seigneur appelle, mais, les tourbillons du matérialisme, de la distraction et du manque de vie spirituelle tarir cette source qui ne demande qu’à fleurir, à répandre ses fruits et à donner la vie en abondance.
Car, si toute vocation est une mission, cette vocation est aussi un appel à la vie !

Demandons au Seigneur qu’Il fasse naître dans Son Église de nombreuses vocations sacerdotales et religieuses en particulier en ce temps où elle en manque cruellement – du moins en Europe – parce que ces hommes et ces femmes sont témoins d’un Royaume, témoins d’un Dieu qui nous appelle des ténèbres à Son admirable lumière,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre des Actes des Apôtres 2,14.36-41.
  • Psaume 23(22),1-2ab.2c-3.4.5.6.
  • Première lettre de saint Pierre Apôtre 2,20-25.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 10,1-10 :

Jésus parlait ainsi aux pharisiens :
— " Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans la bergerie sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit.
Celui qui entre par la porte, c’est lui le pasteur, le berger des brebis. Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir.
Quand il a conduit dehors toutes ses brebis, il marche à leur tête, et elles le suivent, car elles connaissent sa voix. Jamais elles ne suivront un inconnu, elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne reconnaissent pas la voix des inconnus. »

Jésus employa cette parabole en s’adressant aux pharisiens, mais ils ne comprirent pas ce qu’il voulait leur dire. C’est pourquoi Jésus reprit la parole :
— « Amen, amen, je vous le dis : je suis la porte des brebis.
Ceux qui sont intervenus avant moi sont tous des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés.
Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra aller et venir, et il trouvera un pâturage.
Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire. Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance.