Homélie du quatrième dimanche de Pâques

9 mai 2017

« Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. »

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Texte de l’homélie :

« A présent vous êtes retournés vers votre berger, le gardien de vos âmes. »

C’est la conclusion du passage de l’épître de Saint Pierre que nous venons de lire en cette journée particulière de prière pour les vocations, le 4e dimanche de Pâques, appelé aussi de dimanche du Bon-Pasteur.
Bien sûr ce 4e dimanche de Pâques nous sommes invités à prier de façon intense pour les vocations, pour tous ceux qui d’une manière ou d’une autre sont à la suite du Christ et veulent s’y consacrer dans les différents états de vie, que ce soit dans le mariage ou dans la vie consacrée.

Pourquoi lire ce passage du Bon-Pasteur au moment de ce dimanche des vocations, pourquoi à l’inverse avoir mis le dimanche des vocations au moment de cette lecture du Bon-Pasteur ? Quelle relation y a-t-il entre ce passage de Jean, 10, le passage dans lequel le pasteur donne sa vie pour ses brebis, et les appels que nous avons reçus ?

L’appel, appel à un don

Je crois que le lien est dans le fait de rentrer dans une logique de don.
L’appel c’est d’abord prendre conscience que notre propre vie nous a été donnée :

« Nul ici ne s’est donné sa vie à lui-même. »

Chaque vie est une vocation parce qu’il n’y a pas de vie inutile, de vie qui ne sert à rien. Chaque vie est une vocation, chaque vie est un appel et le premier appel, c’est l’appel à vivre que nous avons reçu par nos parents bien sûr, mais nous le croyons aussi par l’action du Seigneur qui, passant par nos parents, nous a rejoint.

Revisitons la manière dont nous pensons le sens de notre vie.
A travers cet appel, c’est vraiment Dieu qui lance un appel à tout son peuple, et à nous en particulier, de le suivre, c’est-à-dire de rentrer dans une dimension d’un don, et d’un don de nous-mêmes et d’un don pour toujours.

Il y a 2 manières de répondre à cette logique de don dans les grandes vocations, qu’on appelle les états de vie : la vie consacrée dans le sacerdoce ou la vie religieuse, ou alors la vie dans la vie consacrée dans le mariage, suivre le Christ dans la vie matrimoniale.
Dans les deux cas c’est rentrer dans une logique de don.

Celui qui se marie fait aussi ce choix d’un amour privilégié, parce que répondre à ce choix, c’est répondre à ce commandement nouveau d’aimer le prochain comme soi-même. Celui qui se marie répond à un amour privilégié et veut, avec ses faiblesses, ses fragilités, et on sait bien que la vie de couple n’est pas un long fleuve tranquille, répondre humblement à cet appel à se donner à une personne en particulier, comme il veut se donner au Christ. Et c’est tout le sens du sacrement du mariage : le don au Christ se fait par l’intermédiaire du conjoint.
Cet appel que le Seigneur nous lance est à son initiative. C’est important de repréciser ce que nous dit le Concile Vatican II : la vie matrimoniale est aussi un appel.
On a considéré dans l’Église, et on l’entend encore, que les vocations concernaient uniquement les vocations sacerdotale et religieuse.
La vie matrimoniale est aussi un appel : je répond à cet appel à me marier avec telle personne, pas au mariage entant que tel, je vois aussi dans le lien avec l’autre, dans cette personne avec qui je veux faire ma vie, je reconnais le don de Dieu.

Il est aussi une autre forme d’appel dans la vie consacrée dans le célibat, que ce soit la vie religieuse ou la vie sacerdotale.
Le lien avec le Bon-Pasteur fait penser au rôle du prêtre. Le prêtre qui est le pasteur, qui est le gardien de nos âmes, qui nous guide, en particulier le prêtre qui est impliqué en paroisse, qui a ce rôle de se donner pour que le peuple dont il a la charge, cette portion d’Église dont il a la charge, puisse rentrer « dans les verts pâturages ».

« Le Seigneur est notre Berger, rien ne saurait nous manquer. »

C’est vraiment beau cette vocation du prêtre au service de la paroisse qui est de rentrer dans une logique de don, d’avoir le courage de rentrer dans un don désintéressé de lui-même pour conduire les autres au Royaume.

Cet appel à la vocation et aussi une réponse au commandement nouveau, non pas de façon privilégiée comme la vie matrimoniale, mais de façon universelle. Celui qui se consacre dans le célibat, dans la vie sacerdotale, la vie religieuse, a le désir de rejoindre chacun, de ne privilégier personne pour être à tous, de renoncer et c’est souvent questionné, à former une famille pour pouvoir être de toutes les familles.

Oui, nous croyons que cet appel à la consécration dans le célibat, quelle qu’en soit les formes, sacerdotale, religieuse ou de laïcs consacrés aussi, renvoie au fait qu’il y ait des personnes qui sont appelées dans le peuple de Dieu à être des signes de sa miséricorde.

Oui, comme il est bon aujourd’hui, dans notre vie où ne semblent compter que l’efficacité, la productivité et ceux qui sont forts, comme il est bon de voir qu’il est des hommes et des femmes qui se consacrent dans la gratuité, simplement pour plaire à Dieu et pour l’amour des frères, simplement pour cela, sans attendre d’autre récompense que la joie d’être avec Dieu pour l’éternité.

La fécondité de la vie dans un amour désintéressé

Cela nous dit quelque chose de la fécondité de toute vie : la fécondité de toute vie est dans cet amour désintéressé que je porte à l’autre, que je porte à l’autre qui est dans mon couple, que je porte à mes enfants, que je porte à mes frères de communauté, à ceux qui dont j’ai la charge comme prêtre dans une paroisse.
Cet amour désintéressé qui va faire que ma vie va porter du fruit, et c’est ça le sens de la vie !

Parce qu’on peut se poser la question à travers la vocation du sens de ma vie. Est-ce que c’est simplement manger, boire, travailler, dépenser de l’argent, c’est une vraie question. Nous croyons qu’il est un sens de la vie qui s’enracine dans la gratuité et chaque religieux, chaque consacré en donne témoignage.

C’est important aussi en particulier pour particulier les jeunes, de se poser la question s’ils sont appelés. S’est-on déjà posé la question et comment y a t-on répondu ?
Je connais pas mal de familles et je me demande pourquoi il y a longtemps qu’il n’y a pas eu de séminaristes. Beaucoup de familles sont pratiquantes, c’est un terreau très fertile, privilégié spirituellement, c’est une question que je me pose. Est-ce que cet appel là a été relayé dans les familles, comme une proposition bien accueillie, est-ce que certains jeunes s’inhibent aussi, c’est vrai que d’une certaine manière c’est le peuple de Dieu qui génère des vocations, et du coup voyant un petit troupeau ils ne sont pas encouragés dans le don d’eux-mêmes dans la vie sacerdotale au service du peuple de Dieu.
Les vocations sont un peu comme les autoroutes : c’est très bien mais chez les autres…et du coup je ne veux pas trop en parler et parfois des jeunes ne sont pas très bien accueillis et soutenus dans leurs familles catholiques. Posons nous la question, quand une communauté si riche et si spirituellement dynamique n’a pas de vocations ou très peu.

Que chacun se sente comme partie prenante parce qu’à travers la vie consacrée il y a ce signe de la gratuité. Il y a ce signe d’un amour désintéressé et comme notre monde en a besoin ! Je suis un fervent défenseur du célibat sacerdotal souvent attaqué, par ce que précisément c’est un signe, un signe qui n’est pas compris, j’aime bien dans la parole qui nous a été donné Saint Jean disant, en parlant des Pharisiens :

« Ils ne comprirent pas qu’il parlait d’eux. »

Pour comprendre le célibat choisi, ce renoncement fait de tout cœur à fonder une famille pour se donner à tous, il faut avoir une autre clé de lecture que la simple fécondité humaine.
C’est une fécondité spirituelle qui nous concerne tous, même si on a fait ce choix de la vie matrimoniale : quelle est la place de la dimension contemplative dans ma vie ? Quelle est la place de cette dimension de gratuité, d’amour de Dieu parce qu’il est Dieu, est-ce que je me laisse entraîner ? Beaucoup s’adressent aux jeunes, pas comme le Bon Berger, mais avec d’autres désirs, de s’en servir comme des instruments de consommation, s’en servir parfois pour les détourner du vrai bonheur, il y a beaucoup de voix qui s’adressent aux jeunes qui ne sont pas la voix du Bon Pasteur. Il y a un discernement à opérer dans ce que l’on peut ressentir dans notre cœur.

Frères et sœurs, je pense que c’est le moment, cette dimension contemplative en tout cas nous y invite, à nous recentrer sur le Seigneur, à chasser toute forme de pensée, toute forme, d’agitation, on le sait bien le monde agi par distraction, Dieu lui agi par attraction, toutes ces forces centrifuges qui peuvent nous habiter ne nous aident pas et nous éloignent de nous-mêmes, quelle que soit la vocation à laquelle nous sommes appelés. Toute vocation a aussi une dimension contemplative.

Alors dans ce temps de silence que nous allons prendre, tournons-nous vers le Seigneur pour lui demander qu’il parle à notre cœur et nous, comme ses disciples, nous lui disons :

« Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. »

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre des Actes des Apôtres 2,14a.36-41.
  • Psaume 23(22),1-2ab.2c-3.4.5.6.
  • Première lettre de saint Pierre Apôtre 2,20b-25.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 10,1-10 :

En ce temps-là, Jésus déclara : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit.
Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis.
Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir.
Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix.
Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »
Jésus employa cette image pour s’adresser à eux, mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait.
C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis.
Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés.
Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage.
Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »