Dans l’Eucharistie, accueillir l’amour du Père

28 juin 2011

Homélie de Père Stéphane-Marie

Écouter l’homélie

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Au cœur de la fête du Saint Sacrement, il y a la mort et la Résurrection de Jésus, il y a le Corps et le Sang de Jésus, il y a le sacrifice de Jésus.

Tout au long du 2è millénaire, la théologie s’est attachée à méditer cet événement à partir de l’acte fondamental de l’homme qui est d’offrir des sacrifices à Dieu, et qui essaye de se rendre Dieu favorable… Et c’est ainsi qu’on a insisté sur le sacrifice au sens d’expiation de Jésus qui doit racheter le péché à un Dieu courroucé…

Mais dans l’Écriture elle-même, et au cours du premier millénaire, on ne s’est pas tellement attachée à cette théologie ascendante, mais on a plutôt regardé le geste que Dieu fait dans le sacrifice du Christ, en voyant plus le point de vue à partir de Dieu.

Joseph Ratzinger nous dit dans Foi chrétienne hier et aujourd’hui : « La Croix […] est l’expression de l’Amour insensé de Dieu qui se livre, qui s’abaisse pour sauver l’homme. Elle est sa venue auprès de nous et non l’inverse. », « Dans le culte, ce ne sont pas les actions humaines qui sont offertes, il consiste plutôt en ce que l’homme se laisse combler. »

L’Amour de Dieu descend : avec Moïse dans le buisson ardent…
L’acte de rachat est vu du point de vue de Dieu. « Tu vas te souvenir d’abord de la sollicitude du Seigneur pour toi dans le désert. »
Ce qui est important pour Dieu, c’est de nous restaurer, de nous communiquer la vie en plénitude qu’Il est Lui-même dans la Trinité.
Si le péché est grave, c’est qu’il nous détruit, il détruit notre capacité à être transformé, à vivre dans la communion avec Dieu.
Et Jésus se laisse habiter par son Père, Il est totalement offert au Père. Alors Il peut nous inviter à Le suivre. Étant totalement uni au Père, Il peut nous inviter à être miséricordieux comme le Père est miséricordieux.
Étant totalement livré au Père, Jésus révèle aux hommes ce qu’ils avaient ignoré depuis le commencement. Comme dit Saint Paul : le mystère, ce qui était caché, ce qui était inaccessible, et qui aujourd’hui en Jésus nous est donné. C’est dire que Dieu n’a qu’un souci : faire partager aux hommes la vie en plénitude.
Et ainsi, la Croix de Jésus est ce chemin dans lequel Jésus vit dans les conditions concrètes de notre monde, où Il va suivre l’amour du Père pleinement pour nous montrer jusqu’où va cet amour qui peut passer à travers tous les événements dramatiques de notre vie. C’est en étant totalement habité par le Père qu’Il sort le peuple de l’esclavage du péché.

Conséquences pour notre vie spirituelle, pour notre vie de chrétien : Le seul souci de Dieu est notre vie. Alors notre regard vers le Père va changer. Nous allons apprendre, comme Jésus, en Jésus, à accueillir l’amour du Père. Et l’Eucharistie va être ce mouvement de notre cœur pour apprendre à accueillir le Seigneur et à nous laisser toucher par Lui, à nous laisser relever comme ces innombrables pauvres qui rencontrent Jésus.

Demandons au Seigneur de nous approcher de cette Eucharistie, mémorial, sacrement de la présence de cet amour de la Trinité qui nous est donné, qui nous rejoint dans notre quotidien.
Dans l’Église, on soutien les moments d’adoration du Saint Sacrement pour apprendre aussi dans la contemplation à accueillir cet amour du Seigneur, et à apprendre à aimer comme Jésus, à suivre Jésus.
Lorsque nous est présenté l’Agneau de Dieu, nous sommes invités par notre « Amen » à donner notre foi, notre attachement, notre engagement, cet amour dont Jésus nous a aimé, cet amour où Il s’est livré, vulnérable, pour nous rejoindre, nous toucher, nous relever.
Cet amour, qu’il soit nôtre, qu’il soit notre vie, qu’il soit la source de nos actions, qu’il soit la source de notre amour.
Amen.

Références des lectures du jour :

  • Livre du Deutéronome 8,2-3.14b-16a.
  • Psaume 147,12-13.14-15.19-20.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 10,16-17.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 6,51-58.

Après avoir nourri la foule avec cinq pains et deux poissons, Jésus disait :
« Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »
Les Juifs discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi. Tel est le pain qui descend du ciel : il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »