Homélie du 15e dimanche du Temps Ordinaire

10 juillet 2022

« Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. »

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie :

Frères et sœurs, aujourd’hui, comme c’est un grand jour pour toi, Faustine, parce que tu vas faire ta profession de Foi ! Je pense à toutes celles et ceux qui l’on aussi faite cette année, et je me permets de prêcher sur ces deux mots si importants pour notre vie chrétienne : la profession et la Foi. Nous parlerons plus tard du Bon Samaritain.

Qu’est-ce que la Foi ?

Il y a beaucoup de définitions, c’est un vaste sujet… J’aurais pu faire comme Jésus, questionner Faustine et voir ce qu’elle a compris par rapport à la Foi, mais ne t’inquiète pas, je ne vais pas le faire !

Ce qui est certain, c’est que la Foi que nous avons tous reçue le jour de notre baptême est toujours l’expression d’un acte personnel et libre. Et c’est le cas pour Faustine qui, aujourd’hui, va librement dire "oui". Cela veut dire que l’on atteste, que l’on affirme par la Foi qu’il existe des choses très importantes dans la vie que nous ne pouvons pas voir avec nos yeux de chair. Cela implique une confiance que nous expérimentons chaque jour. Par exemple, l’amour que nous expérimentons chaque jour. Par exemple, l’amour que nous nous portons les uns les autres, l’amour qui est vécu dans notre famille ne se voit pas directement, on ne peut pas le prendre en photo… On ne voit que des signes, et on sait que l’on s’aime par les signes qui se manifestent. Pourtant, l’amour existe vraiment, sinon vous ne seriez pas là et moi non plus : c’est réel. L’amour est invisible et réel.

Ainsi, il est bon de rappeler que, dans l’expérience de la Foi, l’essentiel ne se trouve pas dans ce que nous voyons mais dans ce que nous ne voyons pas avec nos yeux de chair. De nos jours, dans un monde très visuel tactile et médiatique, ce n’est pas facile de le percevoir.

Tu es un grand garçon, tu es une grande fille, et nous les adultes aussi, sommes déjà un peu plus capables de comprendre un petit peu cela. Dans la vie humaine, il y a des choses invisibles que nous ne voyons pas avec nos yeux de chair, mais que nous pouvons voir avec les yeux de la Foi et que nous pouvons attester. Oui, cela existe.

Donc, malheurs sont les hommes et les femmes qui ne parviennent pas à franchir ce cap et ils sont malheureusement nombreux aujourd’hui. Et ils ont tendance à trop mettre leur confiance dans des choses visibles pour sentir l’amour sensible et ils se sécurisent par des choses matérielles et émotionnelles. Je ne dis pas que c’est mauvais, mais il faut aller plus loin que cela. Et souvent, ils sont tristes car il ne vont pas trouver ce bonheur d’un amour vrai et total auquel ils aspirent et qui ne peut que se donner à travers les choses de Dieu qui sont invisibles, parce que Dieu seul est amour absolu.

Tout ceci est important et je pense Faustine, que tu l’as bien compris. Cela s’est vu hier à la séance de préparation : tu étais impatiente de dire « Oui je crois ! »

Rappelons que la Foi chrétienne n’est pas une simple idée fabriquée comme le fait de croire au Père Noël : c’est une force, un vertu, c’est un don de Dieu et un cadeau. Et, même si elle est invisible, je peux m’appuyer sur elle, par un acte de confiance, m’appuyer sur Dieu comme sur un roc, un amour plus fort que tout, un amour plus fort que la mort, et que cet acte de Foi me permet de passer les moments les plus difficiles de ma vie. Cela ne veut pas dire que Dieu va tout arranger, mais, je ne suis pas perdu, je peux toujours avancer.

Certains d’entre nous – et moi le premier - j’en ai déjà fait l’expérience. Mais c’est vrai aussi pour les moments de joie. Il ne faut pas oublier qu’il faut s’appuyer sur Dieu pour se réjouir et faire notre Magnificat !, pour que les joies humaines ne restent pas simplement des émotions.

Aujourd’hui, nous voyons que Faustine est habillée en blanc, comme une mariée, toute belle, et c’est bien ! c’est pour remercier et célébrer Dieu entre autres pour ce cadeau immense du don de la Foi. Tu auras certainement d’autres cadeaux tout à l’heure aussi, mais ce cadeau là, c’est le plus grand ! Il est invisible. Et pourtant, il va te permettre, si tu le veux, de choisir jour après jour le chemin le plus vrai, le plus juste, qui t’apportera le vrai bonheur dont Jésus est la source. Et j’espère que, comme tes parents, comme chacun de nous, tu progresseras sur ce chemin.
Voici pour la Foi. Il y aurait beaucoup de choses à dire, mais il y a de quoi méditer.

La profession

Pourquoi parle-t-on de profession de Foi ? Cela ne signifie pas que tu vas devenir une professionnelle de la Foi… ça n’existe pas car nous sommes tous des pauvres dans la Foi.

Cela veut dire que tu vas professer, déclarer ouvertement, en public, ton choix personnel de mettre ta confiance en Jésus. Et tu vas le faire en Église. Cela ne se fait pas en privé mais en public. C’est l’importance du témoignage que nous avons à porter les uns les autres. C’est pour cela que tu vas le faire devant ta famille, devant ton parrain et ta marraine, devant les frères… Nous allons te voir tout à l’heure avec nos yeux de chair et t’entendre dire ouvertement : « Oui ! je crois ! ». Cela signifie aussi « j’atteste ! ». C’est cela professer.

Ce n’est pas facile. Il faut du courage, mais c’est grand ! Et attention, ce n’est pas une fois pour toutes, même si tu le fais aujourd’hui de façon solennelle. La Foi est publique pour une autre raison : c’est parce qu’elle change quelque chose nécessairement dans notre vie.

Et oui, tu vas bouger. Cela change nos relations aux autres, c’est ce qui nous est rappelé dans la première lecture, vous la relirez :

« Écoute donc la voix du Seigneur ! Sa parole est tout proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur, pour que tu la mettes en pratique. »

Cela veut dire que professer sa Foi avec sa bouche comme tu vas le faire, c’est très bien ! il faudrait le faire plus souvent, frères et sœurs, dans notre monde. Mais cela ne suffit pas. Il s’agit surtout de choisir d’écouter la parole de Dieu – comme nous le faisons tous les dimanches, selon ce que l’Église m’enseigne, pour essayer d’arriver un peu mieux à mettre cette parole en pratique à l’école, à la maison et même en vacances, pour mettre un peu plus d’amour dans ma vie. Voyez, c’est une conversion difficile mais incontournable. L’exemple que Jésus nous donne aujourd’hui est un exemple parfait.

Vous l’avez entendu dans l’Évangile : Il nous encourage à ne pas rester dans l’indifférence, mais à être attentifs à notre prochain qui a besoin de moi pour le secourir. Voilà le secret de chacun avec Jésus. Que par le témoignage de ta profession de Foi, Faustine, tu puisses m’encourager, moi, en tant que prêtre, mais vous tous qui êtes ici, les scouts, les jeunes et les adultes, à ce que nous ayons le courage et la force de mieux professer notre Foi au quotidien par une vie encore plus cohérente avec la parole de Dieu, moins centrée sur les choses matérielles mais plus sur les choses invisibles et les réalités du Ciel qui ne se voient pas mais qui demeurent éternelles.

Relisez cette magnifique profession de Foi de Saint Paul que nous venons d’entendre :

« Débordement d’Espérance, de Foi et de Charité ! »

Nous connaissons que c’était un grand pécheur, et qui est allé jusqu’à s’identifier à Jésus mort et ressuscité. N’hésitez pas à reprendre les de Saint Paul, son étonnante profession de Foi.

Je termine par une dernière parole qui nous donne deux belles expériences de Foi possibles. Il y en a tellement, vous le savez :

« Voir le Seigneur présent dans tout homme qui a besoin d’être secouru. »

Que ce soutien soit matériel, concernant la santé ou à des questions spirituelles. Jésus est présent et il faut apprendre à Le voir à travers ma Grand-Mère qui me demande un verre d’eau. C’est à vous de voir, je ne peux pas le faire à votre place.
Il faut aussi voir Jésus présent dans tous les hommes et toutes les femmes de notre vie qui sont encore de bons Samaritains pour nous, toutes les personnes qui sont venues me secourir dans ma vie, et il y en a beaucoup. A travers eux, c’est Jésus sui est venu me secourir.

Que cette messe, frères et sœurs, par la profession de Foi de Faustine et à la suite de Marie, nous aide à grandir dans cette Foi chrétienne. Qu’elle soit toujours plus vivante, pleine de courage, de gratitude et d’émerveillement,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre du Deutéronome 30,10-14.
  • Psaume 69(68),14.17.30-31.33-34.36ab.37.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens 1,15-20.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 10,25-37 :

En ce temps-là, voici qu’un docteur de la Loi se leva et mit Jésus à l’épreuve en disant :
— « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »
Jésus lui demanda :
— « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? »
L’autre répondit :
— « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. »
Jésus lui dit :
— « Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras. »
Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus :
— « Et qui est mon prochain ? »
Jésus reprit la parole :
— « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort.
Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté.
De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté.
Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui.
Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : “Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.”
Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? »
Le docteur de la Loi répondit :
— « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. »
Jésus lui dit :
— « Va, et toi aussi, fais de même. »