Homélie du 33e dimanche du Temps Ordinaire

28 novembre 2013

« C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »

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Texte de l’homélie :

Frères et sœurs,

J’aimerais partir aujourd’hui du dernier verset de l’évangile, et plus particulièrement d’un mot : persévérance

« C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie. »

Ce mot vient du Grec : hypomone, et peut être traduit différemment : persévérance, constance, endurance. Derrière ce mot, nous associons peut-être une image : l’endurance peut être image de la course. Et l’auteur de l’épître aux Hébreux emploie ce même mot en parlant de notre vie de foi comme une course. Nous devons courir avec constance l’épreuve qui nous est proposée, en fixant nos yeux sur Jésus.

Courir avec persévérance en fixant nos yeux sur Jésus.

Dans le même sens, Saint Matthieu et Saint Marc emploient à plusieurs reprises ce même mot :

« Celui qui aura tenu bon jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. »

On peut alors garder dans notre esprit cette image de la course. Mais notre vie chrétienne s’apparente d’avantage à une course de fond qu’à un sprint ! Et on ne mène pas cette course de la même façon. D’ailleurs, la difficulté n’est pas la même.

Et dans notre culture, nous ne sommes pas tellement habitués à la course de fond. Nous sommes plus habitués à la culture de la rapidité, et du « tout, tout de suite », et il nous est alors difficile de durer.

Ce mot de durer apparaissait aussi dans la prière d’ouverture :

« Servir constamment le Seigneur de tout bien… »

Il y avait aussi d’autres mots qui évoquaient cette durée.

Sans doutes avez vous à l’esprit le titre de ce livre écrit par un moine de Sept Fons : « Car toujours dure longtemps ». Et c’est vraiment difficile pour nous de durer.

Alors, pour durer dans une course, pour avoir de l’« en-durance », c’est d’abord admettre que le but est assez éloigné. Dans une course de fond, on ne continue la course que si l’on peut atteindre le but. Si l’on sait que l’on ne peut pas atteindre le but, on s’arrête tout de suite, ce n’est pas la peine de continuer, et de se fatiguer d’avantage !…

Continuer à courir n’a de sens que si nous sommes habités d’une certaine certitude d’atteindre le but. Et alors, dans l’Évangile d’aujourd’hui, le Seigneur nous donne quelques indications pour persévérer, pour durer au travers de la vie chrétienne. Mais, que nous faut-il pour durer ?

Qu’est-ce qui peut nous aider à durer ?

Le Seigneur nous donne quatre conseils, deux formulés de dans le sens négatif, deux dans le sens positif :

Ne pas se tromper de point d’appui

Quand les Apôtres s’extasient devant le Temple, avec la beauté de ces pierres, le Seigneur Jésus dit : « Calmez-vous, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre, où tout sera détruit. »

Oui, il nous faut ne pas nous tromper de point d’appui : si nos certitudes s’appuient sur des choses matérielles, nous n’irons pas bien loin.

D’ailleurs, avant même de parler des choses de la Foi, dans notre vie familiale, on voit des couples qui s’empressent de construire leur maison de pierre, mais ils ont oublié de construire leur couple. Et au moment où la construction matérielle est achevée, ils se séparent. Pourtant, il y a une priorité à la relation par rapport au fait de construire une maison matérielle.

Mais, pour revenir aux choses plus directement de la Foi, les situations de crise, quelles qu’elles soient, pas seulement économiques, parfois de manière salutaire, peuvent nous aider, justement à voir que nous nous sommes trompés de point d’appui.

Voici le premier point d’attention que nous donne Jésus dans ce passage d’évangile. Pour durer dans la course, ne vous trompez pas de but ! sinon, vous vous découragerez, et vous n’arriverez pas au bout.

En y consacrant plusieurs versets, Jésus souligne un deuxième point qui concerne l’épreuve :

Ne pas se laisser déconcerter par les épreuves

Car, sitôt qu’arrive la souffrance, on est tenté de se demandes si l’on a bien pris la bonne route. Vous rappelez-vous par exemple ce moment où Jésus demande aux Apôtres de prendre la barque pour aller sur l’autre rive, et ils sont alors confrontés à la tempête. Alors, on pourrait se dire qu’ils ont eu tord de prendre la barque. Mais, en réalité, si, ils ont eu raison de la prendre.

Mais, Jésus ne nous évite pas toute épreuve. Et les Apôtres disent ensuite :

« L’épreuve vérifie la qualité de notre foi. »

Jésus ne nous donne donc pas l’illusion d’une vie facile. Il ne nous dit pas que nous arriverons à faire ce marathon sans problème : il y aura des grands tremblement de terre, des faits terrifiants, et l’on vous persécutera. Jésus ne nous berce pas d’illusions.

Saint Augustin dira qu’il n’y a que les sectes qui promettent le bonheur sur Terre. Jésus souhaite bien entendu que nous soyons heureux, mais Il n’a pas promis que le but était sur la Terre. Notre but est au Ciel.

Une troisième élément serait pour alimenter cette constance, cette hypomone.

Les écritures nous procurent la constance et l’Espérance

Voilà ce que Saint Paul en dit :

« Tout ce qui a été inscrit dans notre passé le fut pour notre instruction afin que la constance et la consolation que donnent les écritures vous procurent l’Espérance. » (Rm 15, 4)

Donc, pour nourrir cette constance, pour durer dans la Foi, il faut se nourrir de la Parole de Dieu. Je vous invite ainsi à lire l’exhortation que Benoît XVI a fait paraître il y a 3 ans, à la suite du synode sur la Parole de Dieu. La Parole de Dieu est là pour nourrir notre cheminement.

Le quatrième élément qui peut nous aider pour cette course c’est de prendre exemple sur ceux qui nous entourent. En effet, dans une course, il est important de s’appuyer sur quelqu’un qui ait un peu plus d’expérience, qui l’a déjà fait.

Prendre exemple sur Jésus

Comme exemples, nous avons tous les saints, et Le Saint par excellence, c’est le Seigneur Jésus. Et, toujours dans l’épître aux Romains, voici ce que Saint Paul nous dit :

« Que le Dieu de la constance et de la consolation vous accorde d’avoir les uns pour les autres la même aspiration à l’exemple du Christ Jésus. » (Rm 15, 5)

C’est aussi ce que disait l’épître aux Hébreux : « Fixant nos yeux sur le Christ, nous pouvons alors courir avec constance… »

Et, dans son encyclique sur l’Espérance, Benoît XVI,avait consacré un paragraphe sur ce mot hypomone – constance, persévérance. Et notamment, il disait que dans l’Ancien Testament, dans le Judaïsme antique, cette parole parlait davantage de l’attente de Dieu, et de persévérer dans cette fidélité à Dieu en se fondant sur la certitude de l’Alliance. Je suis sûr, parce que Dieu l’a promis. Mais, dans l’Évangile, il y a quelque chose de nouveau. Je cite Benoît XVI :

« Dans le Nouveau Testament, cette attente de Dieu, le fait d’être du côté de Dieu, prend une nouvelle signification : dans le Christ, Dieu s’est manifesté. »

Ce qui est nouveau, c’est que nous attendons quelque chose de futur, certes, mais dans le présent, quelque chose est déjà donné, parce que le Christ est déjà ressuscité. Pour nous, Il a déjà traversé le ravin de la mort, et Il nous attend sur la rive de la résurrection, pour ainsi dire.

Alors, notre constance chrétienne s’appuie toujours sur cette foi en la résurrection du Seigneur. Donc, en appuyant aussi sur Marie, notre mère qui est déjà corps et âme sur l’autre rive, demandons donc cette grâce et continuons noter course sans nous décourager, car déjà, nous sommes attendus sur l’autre rive,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de Malachie 3,19-20.
  • Psaume 98(97),5-6.7-8.9.
  • Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 3,7-12.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 21,5-19 :

Certains disciples de Jésus parlaient du Temple, admirant la beauté des pierres et les dons des fidèles. Jésus leur dit :
— « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. »
Ils lui demandèrent :
— « Maître, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe que cela va se réaliser ? »
Jésus répondit :
— « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom en disant : ’C’est moi’, ou encore : ’Le moment est tout proche. ’ Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne vous effrayez pas : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas tout de suite la fin. »
Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre, et çà et là des épidémies de peste et des famines ; des faits terrifiants surviendront, et de grands signes dans le ciel.
Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon Nom. Ce sera pour vous l’occasion de rendre témoignage.
Mettez-vous dans la tête que vous n’avez pas à vous soucier de votre défense. Moi-même, je vous inspirerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni résistance ni contradiction.
Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon Nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu.

C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie.