Homélie du 3e dimanche de Pâques

6 mai 2019

Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre :
« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? »
Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. »

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Texte de l’homélie :

Chers frères et sœurs, Cher Martin,

Il me revient de poser cette question, à tous et en particulier à toi Martin et à tous les néophytes qui t’accompagnent : « Qui est Jésus pour toi ? »
C’est une question personnelle, et il n’est pas facile d’y répondre. Jésus n’est pas un quelqu’un que l’on croiserait dans la rue comme un voisin, et ce n’est pas pour autant qu’il n’existe pas.

Prenons pour exemple le vent : personne ne l’a jamais vu, et pourtant il existe. On le voit par ses effets : les feuilles bougent, les drapeaux sont mis en mouvement sous son action…
Avec Jésus, c’est la même chose : on voit les effets qu’Il produit dans notre vie même si on ne le voit pas. Et c’est par ce qu’Il fait dans notre vie que l’on peut vraiment Le découvrir.
Martin : vis en Chrétien et tu verras que Jésus existe. Et nous aussi frères et sœurs : vivons en Chrétiens et nous verrons que Christ est ressuscité !

J’ai perdu la Foi. Certes, c’est ce que l’on entend souvent, mais la question est si l’on a vécu en Chrétien…
Ainsi, Martin, j’aimerais que tu retiennes que Jésus est, qu’Il grandit, et qu’Il Sait. Ces trois mots sont importants.

Celui qui est

Comme pour le vent, Il existe, mais on ne le voit pas.
Il en est de même pour le soleil : est-ce qu’il arrête d’exister quand la nuit vient ? non ! c’est pour cela qu’il faut que nous gardions la Foi. Ce n’est pas encore le Ciel sur la terre, comme on l’a lu dans l’Apocalypse, lorsque les hommes voient Jésus face à face dans toute Sa gloire. Il nous faut encore un peu de temps. Ne cherchons pas à en devancer le moment, à vouloir en abréger notre vie…
Nous sommes appelés à vivre dans la Foi, à faire confiance : « Jésus, je crois que Tu existes et que Tu peux m’aider. »

La présence de Jésus dans notre vie est comme une présence toute faible. Il me venait cette image : un nouveau né, un petit enfant qui dort dans une pièce où il y a d’autres personnes passe inaperçu. Les conversations ont bon train, on s’amuse. Mais, si l’on commence à faire silence, on pourra percevoir sa respiration.
C’est même chose pour Jésus en nous : si l’on en fait jamais silence, on ne percevra pas Sa respiration et Sa présence.

Au moment du baptême, Jésus va venir d’une manière très particulière dans ton cœur. Cela ne veut pas dire qu’Il était avec toi auparavant, mais comme pour les autres baptisés, Il était dans le jardin, Il était sur la pas de la porte.
Et maintenant, avec le baptême, tu vas le faire rentrer dans ta chambre, dans la chambre de ton cœur.

Tout à l’heure, on te remettra une croix que tu sera invité à suspendre dans ta chambre. C’est le signe que Jésus est entré dans la pièce secrète de ton cœur, dans ta chambre intérieure.

Quant à nous, frères et sœurs, n’oublions pas l’importance d’avoir dans nos chambres, dans nos maisons, ce coin de prière qui est le signe qu’un coin notre cœur est réservé à Dieu. Les orthodoxes appellent ça : le bel endroit, comme les icônes qui sont autant de fenêtres sur le Ciel.
Comme il est important que notre espace soit sacralisé…

Celui qui grandit

C’est la grâce du baptême qui a l’effet d’un germe dans notre vie. On peut très bien l’arrêter, tout comme on peut empêcher un petit enfant de grandir : il suffit de ne pas y prêter attention. Une semence qui serait dans la terre et à laquelle on n’apporterait pas d’eau a de bonnes chances de se dessécher, d’être oubliée, de ne rien donner.
Le baptême peut suivre le même sort. Alors, Martin, tu as la tâche de faire en sorte que Jésus ne meure pas dans ton cœur.

Pour les plus grand d’entre vous, vous souvenez-vous du témoignage d’Etty Hillesum, cette juive devenue célèbre à cause de son journal rédigé en pleine deuxième guerre mondiale. Sa grande préoccupation n’était pas d’échapper à la mort et à la souffrance : c’était que Dieu ne meure pas en elle. Je vous la cite :

« Ce sont des temps d’effroi. Cette nuit, pour la première fois, je suis restée éveillée dans le noirs, les yeux brûlants des images de souffrance humaine défilant sans arrêt devant moi.
Mais je vais t’aider, mon Dieu, à ne pas t’éteindre en moi. Je ne puis rien te garantir d’avance. Une chose cependant m’apparaît de plus en plus claire : ce n’est pas toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons t’aider. C’est tout ce qu’il nous est possible de sauver en cette époque, et c’est aussi la seule chose qui compte : un peu de Foi en nous, mon Dieu ! »

Et elle continuait. Dans l’urgence, certains essayaient de sauver leur aspirateur, les fourchettes et les cuillères, et elle disait :

« Pour moi, le plus important est que je sauve sa présence en moi. »

Ainsi, Martin, tu peux essayer sauver tes jeux tes téléphones et tes écrans, mais si tu ne sauves pas le Bon Dieu en toi, cela ne sert à rien.
Il est très menacé dans notre monde : il règne comme une conspiration contre la présence de Dieu dans nos cœurs, il faut alors à prêter attention.

C’est ce que tu veux lui dire aujourd’hui, c’est ce que tu lui diras plus tard pas ta profession de Foi.
On le sait bien, il y a des actes qui font mourir le Seigneur en nous, d’autres qui le vivifient. Les actes qui le font mourir sont menés par le péché. Ils commencent par le blesser…
Les actes qui le font vivre sont nos fidélités à l’Évangile. Parfois un petit renoncement : on peut renoncer à sa paresse, à son égoïsme… Que faut-il à cette semence pour qu’elle germe ? Il faut l’arroser, il faut lui donner à manger des aliments qui lui permettent de croître. Cela correspond à cette vie droite, Martin.
Quand on mène une vie droite, le Seigneur peut grandir en nous. Il y a d’autres aides :

  • les commandements de Dieu qui nous guident,
  • les sacrements – comme celui auquel tu est particulièrement appelé aujourd’hui – qui nous aident à poursuivre notre chemin, puis par la confirmation, par la première communion,
  • les parrain-marraine, parents, ton frère, tes amis, les jeunes du CLÉO sont appelés aussi à t’aider pour que ta Foi soit fervente.

Car si Jésus s’éteint en toi, c’est aussi un peu qu’Il s’éteint dans le monde… c’est la même chose dans le cœur de chacun d’entre nous : nous sommes responsables de cette présence de Dieu au monde.

Celui qui sait

Dans l’évangile de ce jour, nous comprenons que Jésus est Celui qui sait : Il doit avoir des yeux extraordinaires, car Il arrive à voir les bancs de poissons.

« Jetez le filet à droite et vous trouverez des poissons… »

Et c’est bien ce qu’il se passe : Il ne se trompe pas. Il sait surtout ce qu’il y a de bon pour nous : Il nous donne des commandements, Il nous donne des conseils. Il faut l’écouter, et aussi à travers celles et ceux qui nous accompagnent, nous éduquent.

Jésus sait ce qui est bon pour nous. Il faut l’écouter et notre vie sera réussie : elle sera heureuse !

Terminons en nous tournant vers Celle qui a toujours écouté Jésus, la Vierge-Marie, notre mère du Ciel. Elle L’a suivi partout, Elle L’a écouté tout le temps, et Elle en a été heureuse, Elle en a été glorifiée.
Alors aujourd’hui Martin, comme avec une maman, donne-Lui la main, confie-lui ta vie, confions-Lui tous notre vie, Elle nous conduira à bon port !

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre des Actes des Apôtres 5,27b-32.40b-41.
  • Psaume 30(29),3-4.5-6ab.6cd.12.13.
  • Lettre de l’Apocalypse 5,11-14.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 21,1-19 :

En ce temps-là, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment.
Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples.
Simon-Pierre leur dit :
— « Je m’en vais à la pêche. »
Ils lui répondent :
— « Nous aussi, nous allons avec toi. »
Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien.

Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui. Jésus leur dit :
— « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? »
Ils lui répondirent :
— « Non. »
Il leur dit :
— « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. »
Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons.
Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre :
— « C’est le Seigneur ! »
Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau.
Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.

Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain.
Jésus leur dit :
— « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. »
Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.
Jésus leur dit alors :
— « Venez manger. »
Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? ». Ils savaient que c’était le Seigneur.
Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson.
C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.
Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre :
— « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? »
Il lui répond :
— « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. »
Jésus lui dit :
— « Sois le berger de mes agneaux. »
Il lui dit une deuxième fois :
— « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? »
Il lui répond :
— « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. »
Jésus lui dit :
— « Sois le pasteur de mes brebis. »
Il lui dit, pour la troisième fois :
— « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? »
Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond :
— « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. »
Jésus lui dit :
— « Sois le berger de mes brebis. Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »
Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi. »