Homélie du 5e dimanche du temps ordinaire

6 février 2018

« Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies »

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie :

Tout le monde se presse à la porte de Jésus. Tous les malades, tous les souffrants, tous les tourmentés, possédés par les esprits du mal. Jésus ne se contente pas de Capharnaüm, il va dans toute la Galilée reproduire le même scénario.

Avec la première lecture, avec ce personnage de Job, personnage non pas historique mais d’un livre de sagesse, qui rassemble toute peine, tout malheur, toute catastrophe, tout bouleversement qui arrive dans une vie, jusqu’à en épuiser comme la source, le désir de vivre. c’est nos souffrances, c’est la souffrance de tout homme, ces souffrances dont beaucoup d’hommes aujourd’hui sont abreuvés, nous-mêmes nous pouvons passer par ces épreuves.

Avec jésus qui se lève, la parole du psaume nous revient :

« Un pauvre a crié, le Seigneur entend. »

On le voit, il s’approche, il saisit par la main, il fait se lever.

Il est difficile d’entendre le cri de celui qui est dans la souffrance. en général, nous avons plutôt la capacité de fuir, il est difficile de tenir avec quelqu’un qui se plaint, quelqu’un devant qui nous sommes impuissants, que nous n’arrivons pas à rejoindre. Il n’y a qu’à regarder quand nos parents vieillissent, qu’ils perdent la mémoire, qu’ils ne savent plus avoir une conversation comme ils avaient avant, parce que la mémoire n’y est plus, la reconnaissance n’y est plus. Combien nous sommes catastrophés, perdus !

« Un pauvre crie, le Seigneur entend. »

Jésus se lève, il s’approche.

Personne n’avait su entendre : les amis de Job, il faut absolument qu’ils trouvent une interprétation, une explication. « il y a quelque chose dans ta vie qui ne va pas », « c’est une occasion de te faire grandir dans la vertu »… Cela renvoie encore plus Job dans sa solitude, dans le fait d’être inatteignable, avec la vie qui lui semble inaccessible. Ce sont des amis de malheur, parce que même ces amis se tournent contre lui, alors que Job aurait eu simplement le besoin d’être écouté, le besoin d’être accompagné.

Mais job a continué, et après cette longue épreuve, cette longue traversée, tient. Il ne comprend pas, mais il a un point ferme, un point d’appui : son cri vers le Seigneur.

« Un pauvre crie, le Seigneur entend. »

Jésus commence ici son activité de prêcher. La parole de Saint Paul va nous faire rentrer dans cette propagation de l’évangile. Ce n’est pas un luxe, ni quelque chose de quelque spécialiste capable de faire de l’évangélisation, mais une nécessité poussée par l’Esprit Saint.

Jésus dit bien :

« C’est pour cela que je suis sorti. »

L’incarnation est pour cela, pour annoncer. Le message du Seigneur nous l’avons entendu au creux de l’oreille, mais c’était pour être proclamé à toute la terre. Mon bonheur ne pourrait être complet si les pauvres ne pouvaient être entendus, et que je touche, que je fasse se lever.

Pour saint Paul et pour Jésus, c’est comme le fond du cœur. C’est le fond de cette expression de Dieu. Nous avons fêté à Noël Dieu qui vient, Dieu qui descend auprès de nous, dans tout l’être entier de Dieu. Dans les premiers livres de la bible, de nombreuses fois Dieu descend. C’est celui qui vient à la rencontre. Et qui annonce ce salut.

Mais Saint Paul nous dit que ce n’est pas pour en tirer gloire, pour en tirer avantage. Il n’y a pas de mérite à cela. On voit jésus qui s’échappe, après ses journées bien pleines, mais ce n’est pas pour lui, ce n’est pas pour sa gloire. Chaque fois qu’on voudra le glorifier il s’en ira. Mais il a ce sas de la prière, de cette solitude, il s’enfuit du vacarme de la renommée - dans saint Marc c’est tellement fort qu’il impose le silence quand il y a un miracle - ce qui lui importe c’est que le pauvre sache qu’il est entendu. C’est que le pauvre sache que le Seigneur est la force de salut, qu’il délivre.

Cette prière est importante aussi et Saint Paul ne l’a pas oublié, car il est le fruit de la prière d’Étienne. Saint Paul n’avait pas compris, comme souvent nous n’avons pas encore compris que nous étions destinés à écouter le cri du pauvre et à y répondre, non pas, encore une fois, comme les amis de Job, en donnant des raisons ou des interprétations, mais en écoutant, en s’approchant, c’est à dire en se faisant proche : « tu aimeras ton prochain », en le touchant, en lui tendant la main pour qu’iil se relève et non pas pour être un piège pour mon frère.
Ce besoin de prière de Jésus, cette prière aussi expliquée de saint Étienne, premier martyre, puisque saint Paul est parmi ceux qui l’ont condamné et qu’il assiste en gardant ses vêtements, participation passive mais réelle.
Cette prière, cette offrande, puisque ce que fait saint Étienne c’est de s’offrir au Seigneur, va nourrir l’apostolat et la prière de saint Paul. Saint Paul le dit bien, ce n’est pas une histoire de professionnel, mais seulement le fruit de l’offrande que saint Étienne fait de sa vie.

Toute la prière de Jésus est offrande, eucharistie, elle est remise entre les mains du Père pour que le salut soit donné à tous les pauvres, à tous ceux qui souffrent, à tous ceux qui sont perdus dans la vie pour qu’ils puissent être réanimés en trouvant la source d’eau vive que Jésus vient désensabler dans le cœur des hommes.

Demandons au Seigneur de nous laisser entraîner à la fois dans l’offrande de nos vies, si comme saint Étienne nous sommes persécutés, incompris, ce n’est pas la peine de se scandaliser, de murmurer, mais offrons-nous au Seigneur.
En revenant dans cette prière profonde, en communion avec le Père, par le Fils, dans l’Esprit, nous pourrons même être féconds et avec ceux qui sont envoyés auprès des pauvres et chez chacun d’entre nous, en son temps, participer, vivre avec Jésus, dans cette mission que le Père a envoyé pour que nous puissions atteindre au bonheur éternel.

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de Job 7,1-4.6-7.
  • Psaume 147(146),1.3.4-5.6-7.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 9,16-19.22-23.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1,29-39 :

En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André.
Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade.
Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait.
Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons.
La ville entière se pressait à la porte.
Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était.
Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait.
Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche.
Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. »
Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »
Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.