Homélie du 1er dimanche de Carême

19 février 2018

« Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche.
Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

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Texte de l’homélie

Mes biens chers frères,

Le temps du Carême nous est donné pour découvrir et pour vivre la réalité centrale de notre vie chrétienne, à savoir le mystère d’alliance que Dieu a scellé avec chacun d’entre nous au jour de notre baptême.

Qu’est-ce qu’une alliance ?

Spontanément nous pensons à l’alliance matrimoniale, l’engagement réciproque d’un homme et d’un homme comportant un engagement réciproque, une protection mutuelle, en vue de constituer une communauté de vie et d’amour offrant ainsi aux enfants un cadre protecteur pour grandir et s’affermir, afin qu’à leur tour, ils puissent eux aussi vivre ce mystère d’alliance.
Nous pouvons aussi penser à l’alliance entre deux peuples, deux nations, en vue de la réalisation d’une œuvre commune, la préservation de la paix ou la lutte contre un tiers.

La Révélation biblique reprend cette nouvelle acception de l’alliance. Ainsi Dieu fait alliance d’abord avec toute l’humanité, au lendemain du Déluge. Dieu est créateur du monde visible et invisible, Il a établi des règles de fonctionnement de ce monde, de l’ensemble du cosmos.
L’harmonie générale qui existe dans l’univers, malgré quelques ratés, manifeste la sagesse, voire l’existence d’un Créateur.

Voilà pourquoi l’homme, s’il veut rester fidèle à cette alliance, ne doit jamais oublier qu’il n’est pas le maître du monde, mais le gérant des biens qui lui sont confiés, le gardien du jardin de la création.
Lorsque l’homme se comporte en propriétaire, il fait peser sur l’ensemble de la création la loi du profit, de l’égoïsme et de la violence. Il oublie qu’il aura des comptes à rendre sur la manière dont il a géré et administré les biens que Dieu lui a confié.

C’est là pour nous un premier enseignement pour vivre un bon Carême : nous voulons apprendre ou réapprendre la maîtrise des biens matériels en nous rappelant qu’ils sont à notre disposition pour que nous en tirions le meilleur profit, c’est-à-dire que nous les utilisions pour le service de nos frères et l’accomplissement de notre vocation de fils de Dieu.
C’est ainsi que nous serons fidèles à l’alliance que Dieu a passé avec tous les peuples de la terre.

Mais cette première alliance confirmée par un signe visible, l’arc en ciel, annonce une autre alliance : celle que Dieu va passer avec un peuple particulier, avec Israël. Ce peuple, Dieu l’a créé à partir d’une origine unique, Abraham, et Il l’établira par un autre signe physique, la circoncision.

Qui dit alliance, dit engagement réciproque

Cette fois Dieu demande à son peuple d’être fidèle à la loi qu’Il lui prescrit, essentiellement les dix commandements. En échange Dieu promet sa bénédiction et sa protection.
Non seulement le Seigneur intervient pour sauver Son peuple de l’esclavage et d’une extermination programmée, non seulement Il fait passer la mer rouge à pieds secs aux fils d’Israël, non seulement Il les nourrit et les abreuve au Désert, mais en plus Il leur donne une terre riche et plantureuse où « coulent le lait et le miel », pour reprendre une expression biblique.
En échange, le peuple doit être fidèle à la Révélation, proclamer sa foi dans le Dieu unique et trois fois saints, refuser absolument l’idolâtrie et respecter en toute chose la loi du Seigneur, qui est une loi de vie et qui fait de tout Israël un peuple sage et généreux à la face du monde et au milieu des autres nations païennes, encore plongés dans les ténèbres de l’idolâtrie et de la superstition.

Cette alliance passée avec Israël doit encore nous inspirer puisque l’Eglise constitue le nouvel Israël, le nouveau peuple de Dieu. En ce début de Carême, nous pouvons nous interroger sur notre propre fidélité à la Loi du Seigneur telle qu’elle nous est enseignée par l’Evangile et communiquée par l’Eglise.

Comment nous engager plus envers le Seigneur ?

Si l’Eglise nous propose un effort renouvelé de prière et de méditation de la Parole de Dieu, c’est justement pour que nous puissions accueillir la lumière de l’Evangile, la vérité sur notre vie, nos intentions, nos comportements. Le silence et le détachement des biens matériels doivent nous aider à purifier nos cœurs, à raffermir nos volontés, à consacrer un peu de temps à l’essentiel, c’est-à-dire à notre salut éternel et aux moyens à prendre et à choisir pour utiliser au mieux le temps que la sagesse divine nous impartit sur cette terre.

L’alliance conclue avec Noé, l’alliance communiquée à Israël par l’entremise de Moïse, préparent en fait la grande et définitive alliance que Dieu veut passer avec toute l’humanité.
L’alliance nouvelle et éternelle, que nous célébrons chaque fois que nous participons à la sainte messe, a été établie par le grand mystère de l’incarnation, l’alliance de l’homme et de Dieu se réalise d’abord par l’union de la nature humaine et de la nature divine dans l’unité de la personne de Jésus-Christ, le Verbe incarné, vrai Dieu et vrai homme.

C’est donc toute l’humanité, tous les hommes qui sont appelés à devenir par grâce ce que Jésus est par nature le Fils bien-aimé du Père.
Et c’est le Saint-Esprit, l’amour mutuel du Père et du Fils, qui est communiqué à la créature humaine pour qu’elle se montre au quotidien fidèle à cette alliance qui a commencé, pour chacun d’entre nous, au jour de notre baptême.

C’est par sa passion et sa mort sur la croix, c’est par l’effusion de son sang et le don de sa vie que le Christ a conclu et scellé cette alliance. C’est que saint Pierre nous enseigne dans notre première lecture. Etre baptisé, c’est être sauvé d’une mort certaine et d’une perte assurée.
Mais ce mystère d’alliance suppose de notre part un engagement, une purification, une conversion que saint Pierre résume ainsi : « engagement envers Dieu d’une conscience droite ». Le Carême est le moment de nous interroger sur notre propre fidélité aux promesses de notre baptême.

Certes cette fidélité, ce renouveau exigent de nous un combat spirituel, mais dans ce combat nous ne sommes pas seuls puisque le Christ lui-même, après Son baptême par Jean le Baptiste, a consenti à Se soumettre aux tentations du Démon. Il donne Sa grâce, Il nous donne Sa force pour que nous combattions à notre tour.
Nous serons victorieux, ou plutôt Il sera victorieux en nous si nous ne fuyons pas, si nous ne désertons pas. Alors courage et confiance pour tout ce Carême.

Amen.


Références des lectures du jour :

  • Livre de la Genèse 9,8-15.
  • Psaume 25(24),4bc-5ab.6-7bc.8-9.
  • Première lettre de saint Pierre Apôtre 3,18-22.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1,12-15 :

« Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit pousse Jésus au désert et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait :
" Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile." »