Homélie de la Solennité du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ

12 juin 2012

Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit, et le leur donna, en disant : « Prenez, ceci est mon corps. »

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Texte de l’homélie :

Frères et sœurs bien-aimés,

C’est une grande bénédiction que de pouvoir fêter ensemble cette Fête Dieu, cette Fête du Corps et du Sang du Seigneur, et de rappeler l’importance centrale de l’Eucharistie dans notre vie.
Que serions-nous sans l’Eucharistie, que serions-nous sans la présence réelle de Jésus au tabernacle ? Parce que, comme sacrement – signe visible de quelque chose qui est invisible – l’Eucharistie est un signe qui nous donne l’Espérance.
Combien de fois, dans des moments d’épreuve, de désolation, nous nous sommes mis au pied du tabernacle pour demander des grâces : de réconciliation, d’ouverture de cœur, de prière, pour un malade, pour des défunts et leurs familles…

Oui, l’Eucharistie, cette présence réelle de Jésus accomplit la promesse du Christ quand Il dit :

« Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde »

Sa présence humble au tabernacle

Nous avons cette grande grâce de pouvoir avoir la présence de Jésus. Il faut le reconnaître, bien souvent, nos églises sont vides entre chaque célébration, alors que c’est le lieu où nous devrions prier et demander des grâces au Seigneur.
Aujourd’hui, avec Foi, demandons ces grâces avec la certitude, comme le dit le Seigneur lui-même, que nous obtiendrons ce que nous demandons. Aujourd’hui, nous refaisons mémoire de cet amour du Seigneur qui va jusqu’au bout, jusqu’à prendre notre nature humaine, jusqu’à être cloué sur une croix, jusqu’à un amour parfait, par sa présence humble au tabernacle.
Qui d’entre-nous irait aussi loin dans l’amour ? qui aurait cette humilité dans sa manière d’aimer ? quand nous demandons du respect, nous sentons tout de suite une violence monter en nous, alors que le Seigneur se livre entre nos mains, il se met comme non seulement comme un petit enfant mais plutôt comme une « chose » - ce pain consacré – pour pouvoir nous rejoindre dans ses blessures, pour pouvoir guérir ce qui est souffrant en nous.

Aujourd’hui, frère et sœurs, nous sommes invités à puiser à l’amour qui vient de la Résurrection, puisque cette fête Dieu est fixée en fonction de Pâques. Ce n’est pas seulement une question de calendrier, mais plus profondément une question spirituelle. A chaque fois que je suis au pied de l’autel, participant à l’Eucharistie, je suis au pied de la Croix du Seigneur tout autant qu’au moment de Sa Résurrection.
Que cette Résurrection nous donne cette force intérieure pour aimer bien au delà de nos limites.

Sa présence active dans notre vie

C’est cela que nous venons puiser. Car, c’est parce que nous ne savons pas aimer que nous participons à la messe. Souvent, les gens se trompent en disant des chrétiens : « Regardez ! il vont à la messe, et qu’en font-il ensuite ? ».
Mais, que ferait-on si l’on n’y participait pas ? certainement des choses bien pires ! N’oublions pas que cette présence de Jésus est active dans notre vie, et que plus on s’éloigne de la pratique dominicale, plus nos comportements changent.
Le Christ, avec son pouvoir de résurrection, n’a plus la possibilité d’agir dans notre vie. C’est pour cela que l’Église le demande comme un commandement, comme un impératif :

« Prenez… Mangez… Buvez… »…

Jésus nous invite à l’Eucharistie à l’impératif ! Recevoir l’hostie consacrée est vital pour notre être spirituel, et particulièrement lors de la messe dominicale. C’est à ce moment où nous formons un corps, c’est là que le Seigneur donne des grâces à son peuple.
C’est pour cela, frères et sœurs, qu’il faut tellement prier pour les prêtres, et en particulier pour les vocations sacerdotales, car, sans nos prêtres, il n’y a plus d’Eucharistie.
Nous sommes comme orphelins, comme livrés à nous même, comme des brebis qui n’ont plus de berger.

Sa présence à travers les prêtres

Frères et sœurs, demandons particulièrement dans le temps d’adoration qui va suivre la messe, demandons avec insistance pour l’Église, pour le diocèse, des vocations de prêtres, pour qu’ils puissent nous donner cette Espérance, qu’ils puissent nous donner le pain d’effort, le Pain de Vie, l’accès à la Résurrection grâce à la Communion au Corps et au Sang du Seigneur.

Frères et sœurs, il y a urgence pour notre vie, il y a urgence pour l’Église, l’Église de France, du diocèse de Belfort-Monbéliard. Il y a urgence de pouvoir appeler des hommes à devenir comme d’autres Christ, à la manière de Celui qui s’est fait Pain pour nous, corps et sang dans l’humilité et la force.

Sa présence dans notre vie de tous les jours

Demandons aussi, frères et sœurs, de façon instante pour notre vie spirituelle, que nous sachions découvrir dans l’Eucharistie la source de tout bien. Ce n’est pas pour rien que le Concile Vatican II, dont nous fêtons le cinquantième anniversaire d’ouverture, parle de l’Eucharistie comme étant « la source et le sommet ».
Il n’y a pas plus grand ! C’est pour cela que l’on fait une fête pour ce sacrement. Notez bien que les autres sacrements n’ont pas leur fête… Mis à part le Jeudi Saint, jour où l’on fête le Sacerdoce, les autres sacrement sont célébrés en tant que tels, et sont ordonnés à celui de l’Eucharistie. Autrement dit, tout va vers l’Eucharistie, vers cette Présence Réelle du Seigneur auprès de Son peuple.
C’est pour cela que le Concile Vatican II affirme qu’elle est la Source et le Sommet.

Bien souvent, nous abandonnons le Seigneur. Parfois à cause de nos doutes : ce n’est pas si facile de croire que ce morceau de pain, qui reste pain après la Consécration, c’est vraiment le Christ ressuscité qui est au milieu de nous. En plus de l’Espérance et de la Charité, chaque fois que nous participons à l’Eucharistie, notre Foi s’exerce comme celle de Thomas – qui a voulu voir pour croire :

« Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Aller au delà du visible pour toucher l’Invisible…

Une lumière au cœur de notre monde d’aujourd’hui

C’est la Foi qui nous fait toucher l’Invisible. Aujourd’hui, le Saint-Père insiste beaucoup sur la Foi dans les pays d’antique tradition chrétienne, l’Europe, pour ne pas la nommer… Nous sommes dans une période tout à fait particulière de l’histoire de l’Église, où ceux qui ont porté dès le début cette Foi chrétienne s’en éloignent aujourd’hui, prennent leur distances vis à vis du Seigneur. C’est pour cela que le Saint-Père va inaugurer une année de la Foi. C’est pour cela aussi que nous participons à la messe dominicale, parce que nous sentons aussi parfois notre Foi défaillir.

« Seigneur, je te prie pour avoir plus de Foi ! »

.

C’est ce que nous pouvons aussi demander dans cette Eucharistie. Demandons à Jésus de pouvoir être remis dans une force intérieure, avec cette Espérance, cette Charité, cet Amour qui va plus loin que la mort, qui va plus loin que l’offense, qui va plus loin que le péché, cet Amour qui vient de la Résurrection du Seigneur et auquel nous communions.

Puissions-nous aussi être comme encouragés dans notre vie de Foi, en communiant au Corps et au Sang du Seigneur, en participant à cette messe dominicale. Demandons aussi pour toutes celles et ceux qui n’ont pas la Foi, car, ils n’ont pas accès à cette Espérance et à cette Charité qui viennent de la Résurrection, à la présence de Dieu qui nous attend dans l’Éternité.
Demandons au Seigneur que nous puissions découvrir dans notre vie cet appel à approfondir notre intimité avec Jésus Eucharistie. Il nous attend pour transformer notre vie, Lui qui nous appelle des ténèbres à Son admirable Lumière,

Amen.


Références des lectures du jour :

  • Livre de l’Exode 24,3-8.
  • Psaume 116(115),12-13.15-16ac.17-18.
  • Lettre aux Hébreux 9,11-15.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 14,12-16.22-26 :

Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent :
— « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour ton repas pascal ? »
Il envoie deux disciples :
— « Allez à la ville ; vous y rencontrerez un homme portant une cruche d’eau. Suivez-le. Et là où il entrera, dites au propriétaire : ’Le maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? ’
Il vous montrera, à l’étage, une grande pièce toute prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. »

Les disciples partirent, allèrent en ville ; tout se passa comme Jésus le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque.

Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit, et le leur donna, en disant : « Prenez, ceci est mon corps. »
Puis, prenant une coupe et rendant grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, répandu pour la multitude.
Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je boirai un vin nouveau dans le royaume de Dieu. »

Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.