Vacances et prière, un mariage pas si facile…

Un repos de Dieu ou un repos en Dieu ?

Alors que les vacances commencent, il est bon de réfléchir sur la manière spirituelle de vivre ce temps de repos. Il n’est pas si facile d’allier prière et détente, voyage et spiritualité…
Laissons-nous guider par la Bible qui nous invite au repos en Dieu et non au repos de Dieu.


Première constatation, l’existence de l’homme est faite d’alternance de travail et de repos. Le vrai repos n’est pas cessation d’activité mais accomplissement de l’activité. Il devient ici bas un avant-goût du ciel. Se reposer au ciel ce n’est pas ne rien faire mais parfaire son activité dans la charité

Le repos donne son sens au travail

Dès ses origines, Israël dut sanctifier le sabbat et consacrer au Seigneur un jour de repos, fût-ce au temps des labours et de la moisson (Ex 34,21). Cela pour trois motifs :

Repos, signe de libération

La Thora précise qu’il faut laisser les animaux et les travailleurs se reposer. A cela s’ajoute un travail de mémoire. Israël se souvient par le repos qu’il a été libéré de la maison d’esclavage. Se reposer est le signe de la liberté. L’esclave lui n‘a pas de vacances.

Repos, participation au repos du créateur

L’homme, par le repos, imite Dieu qui, après avoir créé le ciel et la terre, chôma et reprit son haleine. Ce repos du sabbat unit Dieu et l’homme. C’est le signe de l’alliance. Se reposer c’est se montrer image de Dieu, fils de Dieu. Le repos est l’affirmation que nous sommes créatures et que Dieu seul est créateur. Ne pas prendre le repos nécessaire pour une vie équilibrée c’est une forme de toute puissance et une manière de rejeter Dieu. C’est une forme d’athéisme pratique. On agit comme si Dieu n’existait pas.

Repos et fête

Le sabbat ne consiste pas seulement à se reposer mais à prendre un temps pour célébrer dans la joie le créateur et le rédempteur. C’est un lieu de sanctification. Pour l’homme de la Bible se reposer implique une attitude spirituelle marquée par des rites, une liturgie. Ce n’est en aucun cas un repos sans Dieu.

Ce qui est difficile en vacances c’est de perdre les repères qui rythment la vie spirituelle. Sans repère nous voyons que la prière passe vite au deuxième plan.

Penser ses vacances, c’est non seulement choisir une destination, faire les réservations ou prévoir les activités et le budget, mais c’est aussi les penser en fonction de la vie de prière. Pourrons-nous aller à la messe le dimanche si nous choisissons telle activité ? Pourquoi ne pas faire l’expérience d’une retraite en famille ou d’une visite d’un lieu spirituel ?
Plusieurs aspects peuvent nous aider à avoir une relation différente avec le Seigneur.

Les vacances sont un lieu où nous sommes plus en contact avec la création (balades, mer, montagne…). Profitons-en pour nous émerveiller devant l’œuvre de Dieu !
Les vacances sont parfois l’occasion d’aller à l’étranger. C’est l’émerveillement (et non la comparaison) devant une autre culture, peut-être une autre religion ou une manière bien différente de pratiquer notre foi.
Les vacances donnent aussi l’opportunité de visiter sa famille ou ses amis et de se poser pour se rencontrer en profondeur loin du tumulte quotidien. Mettre ses vacances sous le signe de la communion change la manière de les envisager.
Bref, quelle que soit la circonstance, ce temps de vacances nous invite à devenir plus contemplatif et à changer de regard.

Se reposer : le fruit d’une recherche

Israël sera amené peu à peu à travers l’errance, l’exode, la guerre à découvrir que Dieu est le seul repos. Ce repos espéré est le fruit d’une longue conquête. C’est un repos terrestre mais garanti par Dieu qui a décidé de prendre son repos dans le temple. La fidélité à l’alliance conditionne la nature et la durée du repos dans la Terre.

Concrètement se reposer est aussi le fruit d’une recherche. Savoir ce qui refait nos forces, nous détend, nous apaise prend parfois des années. Les vacances sont comme cette terre promise attendue toute l’année mais de laquelle on ressort parfois épuisé.

Là aussi la rentabilité est au rendez-vous quand ce ne sont pas les coups de fil professionnels qui viennent polluer ce temps en famille ou entre amis.
Pour l’homme de la Bible, la Loi présente le repos comme le chemin du bien. Trouver le repos, devient une attitude spirituelle et morale. Les vacances ne sont pas le lieu pour se lâcher et faire tout ce qui est interdit pendant l’année. La Sagesse promet le repos à qui la cherche.

Jésus-Christ, repos des âmes

Révélation du repos de Dieu, Jésus valorise aussi l’activité :

« Mon Père travaille et moi aussi je travaille. (Jean 5, 17) »

En Dieu travail et repos ne s’excluent pas mais s’appellent. Ils expriment le côté transcendant de la vie divine. Le travail du Christ et des ouvriers de la moisson est de secourir les brebis.
Conduire à Jésus offre aux âmes le vrai repos.

« Venez à moi et je vous donnerai le repos. » (Matthieu 11, 29)

Alors que le monde procède par distraction, le Christ lui procède par attraction. Alors que pour beaucoup les vacances c’est « s’éclater », Jésus nous attire à lui et en nous attirant il nous unifie.
Saint Augustin a bien expérimenté les distractions mondaines qui l’ont laissé vide.
Il fait alors cette prière :

« Seigneur, notre cœur n’a de repos tant qu’il ne demeure en Toi. »


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