Homélie du premier dimanche de l’Avent

1er décembre 2016

« Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »

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Texte de l’homélie :

« Venez !
Venez montons à la montagne du Seigneur. »

Nous sommes invités à nous mettre en route.
Nous sommes invités à suivre le Seigneur.
Nous sommes invités ouvrir les yeux, à nous tenir éveillés pour comprendre, pour marcher avec Jésus, pour vivre du Royaume qui vient, du Royaume que le Seigneur nous a ouvert, pour vivre avec le Seigneur qui est tout proche, qui est là.

Et pourtant nous marchons avec difficulté, nous avons du mal à comprendre le Seigneur, à parler de lui, à vivre avec lui, à prier.

Le Seigneur nous demande dans l’oraison de ce jour :

« Donne à tes fidèles d’aller avec courage sur les chemins de la justice à la rencontre du Seigneur. »

Mais nous risquons d’être découragés. Comme le dit Péguy dans la bouche de Jeanne d’Arc :

« Tant d’années de christianisme et il y a toujours des guerres ! »

Les disciples ici, dans ces discours eschatologiques dont est sorti notre passage, regardent le Temple et se demandent quand ce sera le jour, quand ce sera l’heure, ils attendent toujours un État fort, un Messie qui va mettre les Romains dehors, qui va remettre de l’ordre. Mais cela ne vient pas. Est-ce que la grâce est efficace ?

En ce début d’année le Seigneur nous appelle :

« Tiens-toi éveillé. »

La grande difficulté que nous rencontrons dans notre vie, c’est que certes, nous faisons beaucoup de choses, nous avons des projets, nous vivons comme les gens autour de Noé. Nous mangeons, nous buvons, nous travaillons, nous voyageons, nous nous marions, etc… Mais malheureusement nous vivons à la surface.
Nous enfilons les choses mais nous ne descendons pas là où le Seigneur vient nous rencontrer, où nous pouvons nous rencontrer les uns les autres avec qualité, pas seulement une qualité mondaine, mais avec cette capacité de réveiller le cœur, de réveiller la source comme Jésus l’a fait tant de fois en rencontrant les uns les autres.

Pour nous c’est intéressant de chercher, pour chacun d’entre nous aujourd’hui, ce que veut dire « être éveillé ». Ce n’est pas rajouter des choses à ce que nous faisons : rajouter de la prière, de la charité,… c’est simplement être là pleinement, éveillé, capable de recevoir, de voir, de comprendre, de discerner.

Dans le verset juste avant notre passage, Jésus dit :

« Nul ne connaît ni l’heure ni le jour. Ni les anges des cieux, ni le Fils, mais seul le Père. »

On regarde cela à la surface, en oubliant tout ce que nous avons lu dans l’Évangile avant, cette révolution que Dieu est Père, qui prend soin de nous, qui est Providence, qui est à l’opposé d’un dieu arbitraire, tyran.

Saint Paul nous invite à marcher dans la lumière, avec cohérence, dans la bonté.
Les disciples se posent la question du moment et sous l’effet de la Pentecôte ils rentrent, nous sommes invités à rentrer dans ce discernement. Nous savons dans quel temps nous sommes :

« Voici l’heure de sortir aujourd’hui. Le jour est tout proche, conduisons-nous honnêtement, en plein jour, sans ripailles, beuveries…
N’ayez de dette envers qui que ce soit, sinon celle de vous aimer les uns les autres. Car celui qui aime son prochain a pleinement accompli la loi. »

L’amour ne fait aucun tort au prochain, l’amour est donc le plein accomplissement de la loi.
Jésus nous entraîne à accomplir pleinement la loi où tout revient à vivre de cet amour, à accueillir cet amour Rédempteur.

Pendant l’année liturgique, on suit tout le cycle pour marcher à la rencontre du Seigneur, pas à pas, depuis l’attente du Seigneur, sa naissance, au ministère pendant le carême, la Pâque puis la Pentecôte, puis on reprend tout le chemin de l’Évangile pour arriver à la plénitude du corps de l’Église qui est appelé à la sainteté et à la gloire.
Nous vivons ce chemin en apprenant à chaque moment à ouvrir notre cœur.
Nous qui sommes pécheurs, si nous apprenons à déposer notre vie, elle ouvrira à la miséricorde, à recevoir cet amour, nous qui sommes faibles pécheurs, poussière, nous retournerons à la poussière, mais Jésus nous dit : « Lève-toi j’ai confiance en toi, tu peux participer à mon œuvre, tu peux devenir lumière, tu peux marcher dans la lumière et tu peux devenir source de lumière ».

L’Évangile nous appelle à être éveillés, à ne pas mettre la lumière sous le boisseau, à être du sel qui a du goût.

Demandons au Seigneur de commencer cette année par un mouvement de conversion, pour savoir quelles sont les épées qu’il faut qu’on fonde pour en faire des socs, quel faucilles pour en faire des instruments pour construire, pour donner du fruit.
Demandons de marcher avec le Seigneur, d’apprendre à faire notre joie de le rencontrer .

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 2,1-5.
  • Psaume 122(121),1-2.3-4ab.4cd-5.6-7.8-9.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 13,11-14a.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 24,37-44 :

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme.
En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme.
Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé.
Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée.
Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient.

Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.

Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »