Homélie du quatrième dimanche de Pâques

19 mai 2011

« Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra aller et venir, et il trouvera un pâturage. »

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Texte de l’homélie :

« Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé, il pourra aller et venir, et il trouvera un pâturage. »

Chers frères et sœurs, la parole du Christ dans cet évangile est sans détour.

Le Christ se présente comme le Bon Pasteur qui connaît ses brebis par leur nom, Il marche à leur tête, et elles elles le suivent.
Mais cette image toute simple ne parvient pas à éclairer les Pharisiens. Alors Jésus va utiliser l’image de la Porte.

« Moi, je suis la porte. »

C’est une évidence, une porte emplit deux fonctions : celle d’entrer, et celle de sortir.
Avoir besoin d’une porte, c’est reconnaître que nous sommes enfermés. Comme le fut Noé à l’étroit dans son embarcation, ou les Hébreux, réduits à l’esclavage, ou Jonas dans sa baleine. Ou encore Jésus, dans son tombeau, ou même les apôtres au Cénacle !
Et Jésus, Lui-même, dans son évangile, ne cessera de rencontrer des « prisonniers » tels que l’aveugle, la prostituée, le possédé, Lazare, la Samaritaine, et d’autres encore …

Et nous, finalement, ne sommes-nous pas enfermés ? dans une vie sans issue, dans un bercail étriqué, dans une vie parfois mesquine ?
Toutes ces situations dans lesquelles nous nous enfermons nous-mêmes pour trouver des semblants de solutions à nos difficultés insurmontables ; où nous nous enfermons sur nous-même dans la rumination, la vengeance, la victimisation ; quand nous nous sentons humiliés par les autres, ou subissant des situations injustes.

Alors le soir, nous pouvons nous dire : « Seigneur, je n’ai pas pu faire aujourd’hui le bien que j’aurais voulu faire, mais j’ai fait le mal que je ne voulais pas faire. J’étais comme enfermé, angoissé. Je suis pécheur, des ténèbres m’empêchent de voir la lumière, je suis comme à l’étroit dans ma vie alors que j’aspire aux grands espaces. »

C’est le moment de lever la tête vers le Ciel et de crier « J’ai besoin de sortir, j’ai besoin d’un libérateur parce que je suis esclave. Dieu, viens à mon aide ! Ouvre-moi la porte ! »

Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie. Mais Il est en premier lieu cette porte. Encore faut-il installer cette porte pour sortir de la pièce. Après, on pourra emprunter le Chemin, ou plutôt se laisser conduire sur le chemin. Pour cela, il est nécessaire d’accueillir cette porte, de laisser percer sa clôture, de laisser abattre les murs de notre orgueil. Il faut que le Christ puisse entrer en nous pour se faire porte.

« Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé… »

Alors voilà : Noé pourra sortir de son arche, Jonas de sa baleine, les Hébreux de l’Égypte, et Lazare de son tombeau… Il nous faut emprunter cette porte, il nous faut passer par le Christ, c’est l’unique porte. Il y a surement des fenêtres, mais ce n’est pas la bonne issue. Le seul moyen, c’est le Corps du Christ, mort et ressuscité pour nous.

Mais notre vie chrétienne ne consiste pas seulement à une sortie. C’est aussi une entrée.
Nous sommes faits pour la Terre Promise, pour la lumière, pour la liberté. Notre vocation, c’est d’entrer dans la vie. C’est de jouir des biens du Royaume. Nous y avons accès par le Christ. Nous avons trouvé un guide, un protecteur, un berger.

« Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer. »

Ici est l’image de l’alliance, de l’intimité de l’homme avec son Dieu et Père.
Cette porte, nous la franchissons par notre baptême, et nous l’assumons par notre confirmation. Par le baptême, nous empruntons ce chemin de mort et de résurrection du Christ : nous mourons avec Lui et nous ressuscitons avec Lui.

Moi, dit Jésus, je suis venu pour que les hommes aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance.
C’est le Christ finalement qui pénètre en nous, et qui marche en nous.
Par la baptême, nous sommes configurés au Christ, nous sommes incorporés à l’Église. Et l’image du troupeau marque l’unité du Peuple en marche derrière son berger, son Bon Pasteur.
Lui, le seul vrai Berger est le grand prêtre de la nouvelle alliance.

Par le baptême, nous sommes tous revêtus du sacerdoce du Christ : c’est le « sacerdoce commun des fidèles ». Dieu, Tout-Puissant, se veut dépendant de notre participation à sauver et rassembler son peuple dispersé.

Tous, nous sommes tenus de professer devant les hommes la foi que par l’Église nous avons reçue de Dieu. Tous nous sommes tenus de participer à l’activité missionnaire et apostolique du peuple de Dieu.
Dieu a besoin des hommes. Plus qu’une mission, c’est une joie de se mettre au service du peuple de Dieu.

Le sacerdoce n’est peut-être pas facile à vivre tous les jours. Mais le mariage ne le semble pas plus… Ces deux dons, tous deux sources de joie, ne sont pas si éloignés que cela l’un de l’autre ! La différence entre les deux, c’est l’appel. C’est la grâce accordée en fonction de l’appel. Dieu est un bon Père. Dieu accorde son aide à l’appel qu’Il lance. Répondre à l’appel profond qui retenti dans notre cœur est la source du bonheur.

Répondons librement et sincèrement à l’appel que nous entendons. Il nous restera alors à durer, dans le temps, dans la fidélité.

Que Dieu nous fasse le don de saints prêtres, de religieux et religieuses, icônes du Christ,pauvre, chaste et obéissant, et de saintes familles qui sauront susciter dans le cœur de leurs enfants la vérité, la liberté d’une vie attentive à la volonté du Bon Dieu.
Demandons à la Vierge Marie, d’accompagner ceux qui se sentent appelés à emprunter ce chemin de liberté et de joie pour qu’ils soient pour le peuple de Dieu un signe du royaume dans leur fidélité,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre des Actes des Apôtres 2,14.22b-33.
  • Psaume 16(15),1-2a.5.7-8.9-10.11.
  • Première lettre de saint Pierre Apôtre 1,17-21.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 24,13-35 :

Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé. Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.
Jésus leur dit :
— « De quoi discutez-vous en marchant ? »
Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit :
— « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »
Il leur dit :
— « Quels événements ? »
Ils lui répondirent :
— « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.
Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.
À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant.
Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Il leur dit alors :
— « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »
Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.

Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.
Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna.
Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.
Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »
À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »

À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.