La fuite en Egypte

Par le Père Jean Courtial

Toute cette vie de la grâce qui est en Elle, Marie la vit dans une existence tout ordinaire, pas une vie différente de la nôtre, pas une vie facile, commode !
Oh, non !
Elle connaît la souffrance, les difficultés quotidiennes, les épreuves : « Prends l’enfant et sa mère et fuis en Egypte. Restes-y jusqu’à ce que je te le dise. »
Telle est la parole de l’ange à Joseph, presqu’aussitôt la naissance de Jésus


Ainsi, Marie doit partir à l’improviste, la nuit même, pour un voyage long et fatigant, avec le moins de bagages possibles, et puis seuls, sans caravane, et pas de guide car on part en cachette : personne ne doit le savoir. Et en route pour une nation idolâtre (on y adore Iris et Osiris), vers un pays où Elle n’a ni parents ni amis, dont Elle ne parle pas la langue : c’est l’étranger ! C’est tout dire. Marie ignore comment Elle pourra y vivre, ou combien de temps Elle devra y séjourner : « Restes-y jusqu’à ce que je te le dise ». C’est l’inconnu.

Eh bien, Marie n’hésite pas. Elle ne se trouble pas. Elle ne s’agite pas. Elle ne pose pas des pourquoi et des comment. Elle se confie à Dieu. Elle prend l’enfant dans ses bras et, accompagnée de Joseph, Elle part.

Et puis, il y a les conséquences : Marie ne les méconnaît pas. Nous, nous serions si vite dans la révolte parce que décontenancés, et nous demanderions des comptes à Dieu : « Pourquoi permet-il cette haine d’Hérode ? Pourquoi laisse-t-il se perpétrer l’horrible massacre des enfants de Bethléem ? »

Oh ! Ce n’est pas que Marie comprend tout ou ne souffre pas. Au contraire, quelle douleur pour Elle de pressentir, en fuyant, la mort des tout petits et la souffrance des mères ! Quelle prière monte de son coeur pour eux et pour ces mamans. Mais Elle ne prend pas occasion de cela pour faire de procès à Dieu. Elle Lui soumet son jugement en cet évènement qui dépasse ce qu’Elle peut en saisir !

Quel exemple pour nous ! Avons-nous le même esprit de foi face aux évènements qui nous dépouillent, aux personnes qui nous rejettent, aux circonstances qui nous enlèvent nos sécurités humaines ? Est-ce que nous savons croire même alors ? Nous en remettre à Dieu ? Penser, comme Marie, que Dieu sait ce qu’Il fait, qu’Il est plein d’amour et ne veut que le bien de son enfant ?
Je pense à certaines circonstances de nos vies : quand il faut, par nécessité, changer de domicile ou de profession, à la maison qu’on laisse, à l’emploi qu’on quitte, au salaire qu’on perd, aux personnes dont on s’éloigne. Bien des dommages ! Oh, est-ce que nous réagissons toujours dans la foi ? N’est-ce pas souvent le murmure plutôt que l’abandon ? Comme nous avons besoin alors de lever les yeux vers notre Mère Immaculée et de prendre appui sur Elle.

Prions-la pour nos frères incroyants afin qu’ils accèdent à la foi, prions-la pour nos frères chrétiens et pour nous-même, pour que notre foi soit vivante, anime tout notre quotidien et nous fasse nous conduire toujours plus et toujours mieux selon le coeur de Dieu.