Homélie du troisième dimanche de Carême

31 mars 2011

« Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie :

Voici les résultats du sondage paru dans le quotidien La Croix du 24 mars 2011

« Vous posez-vous la question du sens de sa vie ? » : Jamais pour 59 %
« Quelle utilité d’un dialogue entre ceux qui croient en Dieu et ceux qui ne croient pas ? » : Pas utile pour 49 % ….

Ce récit de la Samaritaine que nous venons d’entendre est un récit de conversion. Le Christ nous y donne une pédagogie pour nous rapprocher de tous ceux qui ne sont pas croyants.
Jésus essaye de conduire cette femme petit à petit à la connaissance de Dieu, à la connaissance de l’Alliance. Et c’est d’ailleurs la seule fois où le Christ se dit Lui-même, Il se défini comme le Messie.

Au-delà de la réalité quotidienne de puiser de l’eau, le Christ emmène cette femme plus loin : Il lui parle de l’eau vive, cette eau qui jaillit en vie éternelle, qui est là pour rassasier la soif de notre âme. Et la Samaritaine ne comprend pas bien. Elle ne parvient pas à entrer dans une autre manière de voir la vie.
Alors, Jésus touche quelque chose en elle :

« Appelle ton mari. »

Il lui parle d’elle. Ce passage marque un avant et un après dans cette rencontre. Il vient rejoindre chez cette femme le désir d’être aimé, il vient toucher son cœur.

Bien souvent, la difficulté dans le dialogue avec les croyants est qu’il reste intellectuel. On essaye, à coup d’arguments, de convaincre. On ne se comprend pas, on est dans deux discours parallèles qui ne se touchent jamais.
Alors, il nous faut arriver à ce désir d’alliance, de communion.

À eu lieu, à Paris, la manifestation "Le parvis des Gentils", une rencontre entre croyants et non-croyants, sur une suggestion du pape Benoît XVI. Et Il y a eu peu de monde…

Qu’est-ce qui se passe dans le cœur de nos contemporains, en Europe plus particulièrement, pour qu’il y ait cette indifférence devant le religieux ? Parce que cela n’est pas ce qui se vit dans le reste du monde, où la religion prend un essor de plus en plus important….

Le Pape a été touché par cette indifférence …
Aujourd’hui, c’est "chacun se respecte", il n’y a pas d’intérêt.

Quel est le chemin d’évangélisation donné par cette lecture ?
Il faut arriver à créer ce cœur à cœur avec l’autre, à éveiller en l’autre ce désir d’être aimé, à rejoindre l’autre dans sa profondeur et au fond dans sa blessure.
Petit à petit, la femme accueille la parole de Jésus. Et ensuite, cette femme part témoigner.

À travers ce passage de la Samaritaine, nous pouvons découvrir que dans le cœur de chacun - en dépit des réponses données par le matérialisme - il y a ce désir de communion.

Je peux réveiller dans le cœur de chacun une interrogation, avoir cette attitude de foi face à l’autre qui est incroyant : penser qu’il est lui aussi appelé comme moi à une communion avec Dieu.
Une société qui se construit sans Dieu introduit dans les mentalités de chacun une désespérance, alors que la religion, quelle qu’elle soit, apporte une espérance en la vie éternelle.

Il faut un sursaut spirituel à nos sociétés. Il nous faut, comme un pauvre, tel le Christ, sans souci de performance, nous approcher de l’autre en touchant sa pauvreté pour arriver à un dialogue, un contact personnel :

« Donne-moi à boire »

Demandons au Seigneur cette audace, de ne pas nous laisser décourager face à une indifférence religieuse massive.
Demandons à Dieu par notre témoignage d’être ces signes avant-coureurs du règne qui vient,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de l’Exode 17,3-7.
  • Psaume 95(94),1-2.6-7ab.7d-8a.9.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 5,1-2.5-8.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 4,5-42 :

En ce temps-là, Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi.
Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » – En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions.
La Samaritaine lui dit :
— « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains.
Jésus lui répondit :
— « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »
Elle lui dit :
— « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? »
Jésus lui répondit :
— « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »
La femme lui dit :
— « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. »
Jésus lui dit :
— « Va, appelle ton mari, et reviens. »
La femme répliqua :
— « Je n’ai pas de mari. »
Jésus reprit :
— « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris, tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. »
La femme lui dit :
— « Seigneur, je vois que tu es un prophète !… Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. »
Jésus lui dit :
— « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père.
Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. »
La femme lui dit :
— « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. »
Jésus lui dit :
— « Je le suis, moi qui te parle. »
À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »
La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? »
Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui.

Entre-temps, les disciples l’appelaient : « Rabbi, viens manger. »
Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. »
Les disciples se disaient entre eux :
— « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? »
Jésus leur dit :
— « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas : “Encore quatre mois et ce sera la moisson” ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur.
Il est bien vrai, le dicton : “L’un sème, l’autre moissonne.”
Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucun effort ; d’autres ont fait l’effort, et vous en avez bénéficié. »

Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. »
Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours.
Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui, et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »