Homélie du troisième dimanche de l’Avent

16 décembre 2013

« Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »

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Texte de l’homélie :

Chers frères et sœurs,

« La joie de l’évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus.
Ceux qui se laissent sauver par Lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur et de l’isolement.
Avec Jésus, la joie naît et renaît toujours. »

C’est par ces mots que le pape François commence son exhortation apostolique à la suite du synode sur l’évangélisation. Et depuis, en ces jours qui nous préparent à la Nativité, il nous invite à nous laisser réjouir par le Seigneur. Et il continue cette exhortation apostolique en nous invitant à accomplir la mission de l’Église qui est de rayonner la joie de l’Évangile, la joie de cette Bonne Nouvelle, de la rencontre avec Jésus, justement, qui vient nous libérer, qui nous réjouit pleinement, qui nous met dans notre vocation.

Ce texte passionnant est assez long, mais avec tant de souffle qu’il peut se lire facilement. Il nous permet de revisiter nos réalités de vie, à travers toutes nos institutions, pour nous revivifier et retourner à l’essentiel.

Une joie à toute épreuve !

Mais voilà. Comme Jean Baptiste dans sa prison, le doute risque de prendre de la place. Les persécutions, les mépris, les épreuves de la vie risquent de nous enlever cette joie. Et pourtant - le pape François le redit, même si la joie se module de manière différente selon les moments de la vie et suivant ce que nous traversons - Jésus invite ce même Jean Baptiste à se réjouir, et à accomplir sa mission jusqu’au bout, ce qu’il fera sans faiblir (on reconnaît bien là Jean Baptiste).

Et les lectures d’aujourd’hui insistent sur cette joie : les prières de la messe autant que les textes du jour. C’est particulièrement vrai avec l’Apôtre Jacques qui nous invite à discerner, au milieu des difficultés, des persécutions – et il s’adresse aux frères : des difficultés à l’intérieur même de la communauté - à l’intérieur même de nos familles et de nos communautés, comment vivre cette joie, car la vie n’est pas toujours si facile.

Une invitation à la vraie patience

Alors, il invite à cette patience. Non pas simplement la patience d’attendre en espérant que les choses passent vite, mais cette patience - comme le dit le terme original - d’avoir le souffle long pour prendre de la distance avec les choses, ne pas rester collé sur les difficultés, mais toujours revenir au centre : cette rencontre avec Jésus.

Jésus qui, après cette rencontre avec Lui, sait nous libérer. Pour illustrer cette patience, Il prend la comparaison du cultivateur qui sait bien qu’il faut du temps.
Et Le pape François dans son exhortation apostolique insiste aussi sur le fait que l’on sait bien que tout le monde n’est pas parfait, que l’Église n’est pas encore arrivée à une pleine gloire.
Mais, nous sommes en chemin. Le Seigneur nous accompagne, Il nous prend par la main.

Ce qui est étonnant dans la première lecture, c’est de voir que les exilés, qui étaient à Babylone depuis à peu près soixante-dix ans et qui reviennent en Israël, vont voir le désert transformé par cette espérance. Et le temps de l’Avent est bien au cœur de cette vie chrétienne : être des hommes et des femmes d’espérance qui savent voir l’action du Seigneur, qui savent l’appeler, qui savent la susciter, la distribuer : imaginez cette joie et cette espérance qui viennent de la rencontre avec le Seigneur !…

Il est intéressant de voir le désert et la terre de la soif, puis ils se réjouissent, ils exultent de le voir fleurir. Toutes les qualités des régions les plus riches de la terre d’Israël – la splendeur du Carmel, de la plaine de Charonne, la plaine côtière, la gloire du Liban – en sont transformées. Il y a bien un désert qu’ils ont traversé pour arriver à Jérusalem, avec toutes les difficultés qu’on lui connaît, mais il prend un autre goût, parce que le Seigneur les accompagne sans cesse.

C’est d’ailleurs ce que l’on entendait dans l’Évangile, encore une fois, c’est là notre espérance :

« J’envoie mon messager qui marche devant ta face, qui marche en avant de toi, qui prépare le chemin devant toi, qui ouvre le chemin. »

Voici une petite anecdote sous forme de devinette : Pourquoi les icônes anciennes représentent-elles Saint Jean Baptiste avec des ailes fournies de très belles plumes ?
C’est justement à cause du texte que nous lisons aujourd’hui : il est comparé à cet ange que le Seigneur envoie devant Son peuple pour lui faire passer la Mer Rouge.

C’est le Seigneur qui marche devant nous

Voici cette espérance : Le Seigneur marche devant nous. Il marche avec nous. Il nous rencontre, Il nous prend par la main. Et dans la première lecture, c’est la même chose : au milieu de ce texte, avec cette expression d’espérance qui pourrait surprendre notre sensibilité d’aujourd’hui d’entendre :

« Voici notre Dieu, c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu.
Il vient Lui-même et Il va nous sauver ! »

De quoi s’agit-il ? Qu’est-ce que c’est que cette vengeance, cette vengeance, ou plus exactement, cette rétribution ? C’est parce que cela nous donne la qualité de la relation qui vient du Seigneur que nous allons accueillir, que nous accueillons chaque jour. Nous allons l’accueillir de manière festive en la fête de Noël.

Le terme est repris d’une pratique de l’ancien temps : si j’avais perdu mes économies, ma maison, le parent le plus proche peut - a le droit, et se doit même de - racheter mon bien. Même si j’avais perdu la liberté en étant esclave, de la même façon, Il vient racheter. Et c’est le Seigneur qui vient s’offrir à nous.
C’est bien le Seigneur Jésus qui vient S’offrir, Se donner à nous, qui vient prendre cette place, qui prend jusque nos péchés sur nous pour les offrir au Père et pour nous restaurer.

C’est vraiment cette rencontre de miséricorde. Voilà notre espérance. Effectivement, il nous faut renforcer cette rencontre avec le Seigneur, en vivre, et la laisser s’épanouir. Bien entendu, nous sommes en marche : nous désirons cette rencontre, elle ne vient pas forcément tout de suite, il nous faut cheminer. Mais, toujours, le Seigneur renouvelle Son alliance, Il vient à notre rencontre.

Encore dans le deuxième lecture, Saint Jacques insiste et nous donne des conseils pour être dans la joie :

« Ne vous plaignez pas, en récriminez pas les uns contre les autres.
Ne récriminez pas contre le Seigneur.
Apprenez à avoir cette patience, ce regard, cette espérance que le Seigneur a mis dans notre cœur. »

Parce que l’autre ne se réduit pas à ce que j’en vois, il ne se réduit pas seulement à l’état où il est actuellement, mais il est toujours vu par Jésus comme un don du Père, dans l’amour du Père, comme quelqu’un qui peut grandir.

Saint Jacques nous dit encore :

« Le Seigneur est à la porte, Il est aux portes. »

Il est tout prêt ! Il va rentrer. Dans la culture de Jacques et de l’époque, cela veut dire qu’Il est le juge, parce qu’à la porte de la ville se tiennent les juges qui rendent justice. Et voilà cette justice que vient nous rendre le Seigneur, qui ouvre cette miséricorde, qui nous ouvre à ce rétablissement plénier.

Le Seigneur nous encourage. Que nous puissions nous encourager les uns les autres sur ce chemin et nous aider à ouvrir les portes à tous ceux que nous rencontrons : les portes de la joie du Seigneur,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 35,1-6a.10.
  • Psaume 146(145),7.8.9ab.10a.
  • Lettre de saint Jacques 5,7-10.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 11,2-11 :

En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux, lui demanda :
— « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jésus leur répondit :
— « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : "Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle."
Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »

Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean :
« Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ?
Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois.
Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète.
C’est de lui qu’il est écrit : ‘Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi.’
Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »