Une société fondée sur l’amour

Enseignement de la rencontre de secteur des END de l’Aisne (Janvier 2023 - Belleu)

Renouveler la société implique de redécouvrir la capacité de vivre ensemble et en communion. Jésus nous rappelle que Dieu est notre Père commun et que pour cela nous devenons frères et sœurs. Or, « quand le cœur est authentiquement ouvert à une communion universelle, rien ni personne n’est exclu de cette fraternité. » [LS, 92]

Il faut ressentir que nous avons tous besoin les uns des autres et que nous avons tous une responsabilité envers les autres et envers le monde. Rien ni personne ne peut nous être indifférent.

Père Pierre-Marie

« L’amour, fait de petits gestes d’attention mutuelle, est aussi civil et politique, et il se manifeste dans toutes les actions qui essaient de construire un monde meilleur (…) Dans ce cadre, joint à l’importance des petits gestes quotidiens, l’amour social nous pousse à penser aux grandes stratégies à même d’arrêter efficacement la dégradation de l’environnement et d’encourager une culture de protection qui imprègne toute la société. Celui qui reconnaît l’appel de Dieu à agir de concert avec les autres dans ces dynamiques sociales doit se rappeler que cela fait partie de sa spiritualité, que c’est un exercice de la charité, et que, de cette façon, il mûrit et il se sanctifie. » [LS, 231]

Une société fondée sur l’amour implique d’aller au plus profond de notre propre personne et de notre propre existence. Elle nous rappelle que nous avons été créés dans le cœur de Dieu et, donc, « chacun de nous est le fruit d’une pensée de Dieu. Chacun de nous est aimé, chacun est nécessaire. » Trois idées fondamentales découlent de cette réflexion. La première c’est que nous avons tous notre origine dans l’Amour de Dieu et, pour cette raison-là, la dignité de chaque personne est infinie. La deuxième idée c’est que chacun de nous est le fruit d’un acte créateur unique de Dieu, ce qui nous rend unique dans l’univers, chacun avec ses talents différents, mais tous nécessaires. La troisième idée c’est que, ayant été créés par Amour, notre vocation fondamentale c’est de refléter l’Amour de Dieu dans nos relations comme dans notre vie.

Cette origine commune enracinée dans l’amour demande une attitude d’ouverture attentive aux autres, au monde et à Dieu. EIIe est contraire à tout idéal égoïste centré et fermé sur soi-même excluant tous les autres. Globalement, nous trouvons dans la société actuelle beaucoup de styles de vie individualiste caractérisés par une globalisation de l’indifférence par rapport au monde et aux autres.

« Presque sans nous en apercevoir, nous devenons incapables d’éprouver de la compassion devant le cri de douleur des autres, nous ne pleurons plus devant le drame des autres, leur prêter attention ne nous intéresse pas, comme si tout nous était une responsabilité étrangère qui n’est pas de notre ressort. La culture du bien-être nous anesthésie. » [EG, 54]

Une société renouvelée qui ait comme base l’amour implique une conversion personnelle qui puisse vaincre l’indifférence, la négligence, et si souvent, l’incohérence entre ce que l’on affirme et ce que l’on vit. Une conversion intérieure intégrale faite d’une conversion écologique, qui nous mène à vivre notre vocation de gardiens de l’œuvre de Dieu, et d’une conversion sociale, conduisant au développement d’une sensibilité et d’une solidarité vraiment humaines par rapport aux autres qui sont notre prochain.

« II implique aussi une conversion communautaire, dans le sens du développement d’une véritable culture du prendre soin. Cette conversion implique aussi la conscience amoureuse de ne pas être déconnecté des autres créatures, de former avec les autres êtres de l’univers une belle communion universelle. Pour le croyant, le monde ne se contemple pas de l’extérieur mais de l’intérieur, en reconnaissant les liens par lesquels le Père nous a unis à tous les êtres. » [LS, 220]

A cet égard, il est bon de rappeler que, parce que nous sommes des personnes uniques, la société est elle-même plurielle et cette diversité doit être comprise comme une énorme richesse. Qu’il s’agisse d’une question de race, d’âge, de sexe, de religion, d’éducation, d’origine culturelle, d’aptitudes ou de toute autre circonstance qui reflète la diversité, celle-ci apporte à la société des points de vue, des compétences, des structures de priorités, des croyances et même des façons de communiquer très variées. Une nouvelle société est une société plus préparée à faire face aux nouveaux contextes et défis qui nécessitent des solutions innovatrices, différentes des solutions habituelles. L’enjeu ici c’est l’inclusion sociale, c’est-à-dire, l’expérience concrète d’une unité qui respecte et sauvegarde les différences. C’est pourquoi il faut œuvrer pour que les gens et les communautés en général, puissent avoir accès à un ensemble de conditions indispensables, comme l’éducation, un travail digne, une assistance médicale, etc., et ainsi atteindre le niveau minimal de stabilité qui rend possible un développement humain intégral.

Les couples des équipes Notre-Dame sont également appelés à s’engager, avec créativité, dans le renouveau de la société, ayant spécialement la vocation d’accueillir, de former et d’accompagner les couples et les familles, notamment aux moments d’une plus grande fragilité : le début des relations amoureuses jusqu’à l’engagement final ; les premières années de vie en couple ; les étapes de crise et de difficultés ; les moments de douleur et de souffrance ; les situations complexes causées par des ruptures, des abandons, des mariages échoués, des familles divisées.

En 2015 le pape François disait aux Équipes Notre-Dame :

« Une famille heureuse, équilibrée, habitée de la présence de Dieu parle d’elle-même de l’amour de Dieu pour tous les hommes. Mais je vous invite aussi à vous engager, si cela est possible, de manière toujours plus concrète et avec créativité sans cesse renouvelée, osant vous faire proches des familles blessées, qui sont si nombreuses aujourd’hui, que ce soit en raison de l’absence de travail, de la pauvreté, d’un problème de santé, d’un deuil, du souci causé par un enfant, du déséquilibre provoqué par un éloignement ou une absence, d’un climat de violence. Il faut oser aller au-devant de ces familles, avec discrétion mais générosité, que ce soit matériellement, humainement ou spirituellement, en ces circonstances où elles se trouvent fragilisées. » [Discours du pape aux Équipes Notre- Dame, 2015]

Le père Caffarel incitait, lui aussi, les couples à l’audace de la disponibilité pour servir. Il disait :

« Évitez les ruses de l’esprit et du cœur. Soyez de vrais fils de Dieu, Lui faisant l’honneur de croire qu’ll ne vous demande pas de choses insensées. Soyez toujours prêts à vous laisser interpeler et à partir sans faire valoir des droits, sans demander des ajournements, sans vous délayer. Heureux ceux que les appels divins, tout au long de leur cheminement temporel, trouveront prêts pour la réponse. » (Père Henri Caffarel in Aux carrefours de l’Amour)
Échange sur le thème
  1. Que faisons-nous concrètement pour que I amour gratuit soit présent dans notre famille et dans le milieu où nous vivons ?
  2. Comment prenons-nous soin des enfants, des jeunes et des personnes âgées de nos familles ? Des jeunes foyers ? D’autres membres de la famille en situation de fragilité ?
  3. Un chrétien ne peut pas se contenter de paroles quand il s’agit d’aimer le prochain. Comment se rendre attentif aux appels de l’Esprit pour construire un monde plus lumineux ?