Homélie de la solennité de la Nativité de Saint Jean-Baptiste

6 décembre 2012

On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler. Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Son nom est Jean. », et tout le monde en fut étonné.
À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu.

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Texte de l’homélie :

« C’est par la voix que la Parole est rendue présente. »

C’est par cette évidence qu’Origène résume la grâce de Jean-Baptiste. Jean-Baptiste s’est d’ailleurs défini lui-même comme la voix dans le désert. Pour bien comprendre qui peut être Jean-Baptiste et combien il peut être important dans notre vie chrétienne, il faut aller regarder l’évangile de Jean qui va nous enseigner sur qui est Jésus. En effet, Saint Jean-Baptiste est important pour notre vie chrétienne, et l’histoire des croyants, tout au long du temps de l’Église, l’a bien marqué notamment pendant le premier millénaire. L’iconographie représentait fréquemment Jésus avec Jean à ses côtés, Jean le Baptiste. Car, comme le disait la prière d’ouverture, il va nous apprendre à devenir capables d’accueillir le Christ.

La signification de la venue de Jean Baptiste dans le prologue

On rencontre Jean-Baptiste au début de l’évangile de Jean, tout au début du ministère de Jésus et même encore avant, dans le prologue. D’une manière étonnante, on y parle par deux fois. Une première fois avant le célèbre verset qui introduit le Verbe fait Chair, avant la venue de Jésus. Et l’on parle de Jean-Baptiste de cette manière :

« Il y eu un homme envoyé d’auprès de Dieu, et son nom était Jean. Il vint en témoin pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Il n’était pas la Lumière, mais il devait rendre témoignage à la Lumière. »

Puis, on en reparlera ensuite, juste après avoir dit que Le Verbe s’est fait Chair, et Il a habité parmi nous, pour reprendre le témoignage de Jean qui proclame :

« Voici Celui dont j’ai dit : "Après moi, il y a un homme qui m’a devancé, parce qu’avant moi, Il était". »

Et il est étonnant de voir que cette reprise, par deux fois ici dans ce poème qu’est le prologue, cela va être repris encore en deux étapes qui vont nous montrer les deux grâces que nous apporte Jean-Baptiste pour accueillir le Messie.

La narration de sa naissance dans l’Évangile fait référence à l’Ancien Testament

Une référence aux prophètes de l’Ancien Testament

Effectivement, après le prologue, on commence l’histoire de l’Évangile avec Jean, avec son témoignage. On y voit les Pharisiens, les autorités religieuses qui viennent faire une enquête. Cela reprend ce qui vient d’être dit dans le prologue : il n’était pas la lumière et il dit bien « Je ne suis pas le Verbe, je ne suis pas le Messie. Je ne suis pas non plus Élie, je ne suis pas la Prophète », c’est à dire les deux personnages qui doivent précéder, qui ont des accents messianiques.

Non, Jean est simplement celui qui vient apprendre, qui vient témoigner de cette présence. Et c’est étonnant, parce que, ce témoignage, nous dit Saint Jean, est fait pour que tous croient, pour que tout homme puisse recevoir cette lumière.

Et Saint Jean le Baptiste est ici la voix qui va récapituler les signes de la présence de Dieu dans le monde. Il est celui qui vient nous apprendre à discerner comment le Seigneur est présent dans la Création. Bien sur, à travers tous les personnages de l’Ancien Testament qu’il récapitule, selon les prophéties telles qu’elle sont reprises dans l’Évangile. Il n’est pas simplement un prophète parmi les autres. Il vient récapituler tous ces témoins de la présence, de la victoire de l’action de Dieu dans le monde.

Une référence aux psaumes, particulièrement à celui-ci :

L« es Cieux racontent la gloire de Dieu, le firmament raconte l’ouvrage de ses mains ; le jour au jour en livre le message, la nuit à la nuit en donne connaissance.
Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s’entende, mais sur toute la terre en paraît le message : la Bonne Nouvelle aux limites du Monde ! »

Il s’agit déjà de cette présence dans la Création, de cette présence de Dieu au delà des frontières d’Israël. Et ce message qui est donné à travers la Création, c’est, pour tout homme de bonne volonté, à apprendre à voir l’action de Dieu, à voir la bonté de Dieu, à voir Son œuvre dans le Monde.

Ce message dans le psaume est dit d’une manière très forte. C’est vraiment la structure, c’est la mesure de toute la Création. Parce qu’effectivement, c’est l’Amour de Dieu, c’est Son être intime qui est comme la mesure de toute la Création. C’est pour cela que Jean-Baptiste rend témoignage à la Lumière. Et il nous apprend, il indique à tout homme que, pour découvrir le Seigneur, il faut commencer par chérir ce qui est beau, ce qui est bon, ce qui est vrai, ce que tout homme est appelé à faire.

En réponse au livre du prophète Isaïe

Il récapitule ensuite toute la prophétie de l’Ancien Testament. Il le dit notamment à travers ce verset :

« Je suis la voix qui crie dans le désert. »

Et cette voix reprend d’une manière tout à fait étonnante le passage d’Isaïe, lorsque qu’il récapitule tout l’Ancien Testament. On y retrouve de façon impressionnante au début du livre de la Consolation tous les éléments qui seront donnés dans le ministère et l’apparition de Jean tels qu’ils sont racontés dans l’Évangile de Jean. Je reprends ces quelques versets du chapitre 40 d’Isaïe :

« Consolez, consolez mon peuple », dit le Seigneur. « Prêtres, parlez au cœur de Jérusalem, consolez-là, son abaissement est à son comble. Son péché est remis : elle a reçu de la main du Seigneur le double pour ses fautes, voix de celui qui crie dans le désert : "Préparez les chemins du Seigneur, rendez droits les sentiers de Notre Dieu."
La gloire du Seigneur sera vue, et toute chair verra le salut de Dieu. Voici que le Seigneur vient avec force, et Son bras avec puissance". »

On reconnaît dans ce texte qui va être pris cette venue du Seigneur : c’est Jésus qui vient vers Jean. Le péché qui est remis, c’est la Grâce de l’Agneau de Dieu, le Salut présenté pour toute Chair, pour le Monde, ici dans Saint Jean. C’est le terme « voir » qui revient sans cesse, et c’est cette manifestation de la Gloire, avec cette initiative souveraine qui revient à Dieu et qui domine tout ce texte, qui domine la manière d’écrire et le prologue, dans ce début de l’évangile de Jean.

Il s’agit donc d’apprendre avec Jean-Baptiste et à travers les figures de l’Ancien Testament, à travers la Création, à reconnaître cette action de Dieu qui vient nous apporter le Salut et nous rendre la victoire.

La rencontre de Jésus et de Jean au bord du Jourdain

Puis, dans l’évangile de Jean, il y a ce deuxième accent, intéressant à relever : « Le lendemain » - c’est une autre tableau qui s’ouvre. Le lendemain, il voit Jésus qui vient vers lui et il dit :

« Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du Monde. »

Jean-Baptiste va nous apprendre à discerner, dans un premier temps, celui qui n’est pas là, d’abord, celui que l’on ne rencontre pas et qui prêche dans le désert – le désert, c’est le chaos, la terre inhospitalière par excellence. Dans ces ténèbres, il annonce la Lumière.

En plus, il va nous apprendre à discerner, à voir Jésus, à voir son œuvre. C’est cette grâce que nous pouvons demander : d’apprendre à le reconnaître en lisant l’Évangile et en vivant notre vie avec Lui chaque jour. C’est cela qui est important pour être victorieux du Monde.

C’est une grande fête que celle de la Saint Jean-Baptiste. Elle est juste à l’opposé de la fête de Noël, que l’on appelle aussi « la Noël d’été », en référence au solstice d’hiver et au solstice d’été qui est donné maintenant. C’est aussi une fête de la lumière.

Demandons au Seigneur d’entrer dans cette lumière, de laisser cette lumière du Seigneur produire son fruit dans notre vie, et de reconnaître jour après jour le Seigneur présent dans nos vies.

Amen.


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 49,1-6.
  • Psaume 139(138),1-3.13-14ab.14c-15.
  • Livre des Actes des Apôtres 13,22-26.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 1,57-66.80 :

Quand arriva le moment où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils. Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait prodigué sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle.

Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant. Ils voulaient le nommer Zacharie comme son père.
Mais sa mère déclara :
— « Non, il s’appellera Jean. »
On lui répondit :
— « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! »
On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler. Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Son nom est Jean. », et tout le monde en fut étonné.
À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu.

La crainte saisit alors les gens du voisinage, et dans toute la montagne de Judée on racontait tous ces événements. Tous ceux qui les apprenaient en étaient frappés et disaient : « Que sera donc cet enfant ? »
En effet, la main du Seigneur était avec lui.

L’enfant grandit et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il devait être manifesté à Israël.